crédit photo: Pierre Langlois
Les Violons du Roy

Les Violons du Roy et Bernard Labadie | Brillantes danses baroques

La salle Bourgie du Musée des Beaux-Arts de Montréal accueillait hier soir, le 16 mai 2025, comme à la maison, l’ensemble de chambre Les Violons du Roy et le chef émérite Bernard Labadie pour la présentation d’un programme intitulé Chaconnes et passacailles, deux types de danses baroques.

Le suspense est brisé dès les premières secondes : « Il n’y a pratiquement pas de différences entre les deux, c’est la même chose », nous lance Labadie dans ce qui deviendra une habitude. Le chef, pédagogue et affable, nous traînera par la main tout au long de ce beau concert orienté autour d’une trame-narrative qu’il a lui-même mis au propre, autant en termes de programmation que de réarrangements par moments. La chaconne, donc, est une musique orchestrée autour d’une basse répétée et répétitive. Pas besoin de se questionner plus que cela, le chef montre par l’exemple : la première pièce de la soirée, la Chaconne pour luth seul en fa majeur d’Alessandra Piccinini, sert d’exemple.

Un très bon exemple cela étant dit : Sylvain Bergeron, luthiste et guitariste de l’ensemble sera véritablement l’une des stars de la soirée. Avec deux pièces qu’il interprètera seul, le musicien se verra aussi offrir quelques soli et brillera dans ses coloratures tout au long du spectacle. Les basses continues de plusieurs pièces sélectionnées par le chef encouragent en effet aux ornementations et Bergeron, tout comme le claveciniste Thomas Annand, en profitera amplement.

L’ensemble enchaîne des compositions de certains des plus grands noms du baroque : Lully, qui a popularisé la chaconne, Purcell, dont la ligne de basse de sa sublime Dido’s Lament reviendra à quelques reprises, Vivaldi, Pachelbel et Bach, les deux derniers dans des réorchestrations faites maison. Chef autant en forme qu’en esprit de l’ensemble, Bernard Labadie cherche constamment de nouvelles façons de mettre de l’avant cet ensemble qu’il aime tant. Son arrangement à la manière d’un contemporain de la Chaconne en fa mineur de Pachebel sera la plus belle pièce de la soirée, douce et dramatique, avec des magnifiques moments de flottements suspendus qui mettront de l’avant l’écoute et la sensibilité des interprètes.

J’ai mentionné Sylvain Bergeron plus tôt. L’autre star, outre Labadie lui-même, sera sans nul doute le violoncelliste Keiran Campbell, dont les soli virtuoses implacables donnent le ton. Sur la Folia de Geminiani, meilleur segment du programme à mon avis, il témoigne d’une fougue cavalière, alors qu’il se fait plus nuancé sur l’autre réarrangement du chef, la Passacaille et fugue en do mineur de Bach. Le compositeur avoue d’emblée qu’il s’agit de sa favorite de l’ensemble du répertoire baroque et qu’il avait le goût de faire plaisir à ses musiciens et lui-même en étirant la pièce et en lui ajoutant un nombre assez impressionnant de moments où chacun peut montrer sa maîtrise de son instrument, notamment l’excellente violoniste Katya Poplyansky qui en tirera très bien son épingle du jeu.

C’est un excellent concert que l’ensemble nous aura présenté à Montréal, et à Québec la veille. Les Violons du Roy seront également de retour le 6 juin, sous la gouverne de Nicolas Ellis cette fois-ci, pour la soirée de clôture de la saison 2024-2025 de la salle Bourgie autour d’un programme consacré à la symphonie française. Un spectacle qui promet, surtout s’il est pour être aussi solide que celui d’hier soir.

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