Les Soeurs Boulay – 4488 de l’amour (****)
Lorsque les Sœurs Boulay sont débarquées dans le paysage musical québécois en 2013 telle une bourrasque d’air frais, certaines critiques ont affirmé que Le poids des confettis n’était pas assez commercial pour que ses chansons puissent être jouées à la radio. Il aurait donc été aisé pour Mélanie et Stéphanie de tenter une approche plus « vendeuse » avec leur deuxième disque, 4488 de l’amour, lancé cette semaine.
Eh bien non : même réalisateur, mêmes collaborateurs, même son délicieux qui nous a fait craquer il y a deux ans. Pourquoi réparer ce qui n’est pas brisé?
Si l’effet de surprise n’y est plus, de toute évidence, on se surprend toutefois à tomber de nouveau en amour avec ces voix harmonieuses et le style unique des deux sœurs, comme si c’était la première fois. On continue d’être émerveillés par leurs tournures de phrases colorées, desquelles surgissent une tonne d’images plus intéressantes les unes que les autres.
Si à première vue elle peut sembler « bon enfant », l’écriture des deux sœurs a plutôt quelque chose de sauvage, de cru, voire d’indompté. Et c’est cette candeur que l’on aime tant chez les deux jeunes femmes, cette ouverture qui nous fait entrevoir ce qui est beau et parfois un peu moins beau au fond d’elles.
Stéphane Lafleur, collaborateur du premier album, signe à nouveau un texte très intéressant ici, Jus de Boussole, posé sur une mélodie exotique marquée par la présence du güiro et de la trompette.
L’envoûtante ballade Prière voit Stéphanie Boulay signer un texte très intimiste qui repose sur une simple mélodie jouée au piano. Et les deux auteures-compositrices n’ont rien perdu de leurs dons de conteuses d’histoires du quotidien, comme le démontre la sexy Fais-moi un show d’boucane, la pièce la plus « commerciale » de l’album.
Andaman Islands, de Mélanie Boulay, est une pièce qui, malgré son langage un peu naïf (« J’vais fabriquer des coins-coins en origami »), révèle quelque chose de beaucoup plus sage et mature qu’il ne le semble à première vue. Et sa chute, aussi abrupte qu’étonnante, renforce l’aspect sérieux des paroles de la chanson.
Arrangements raffinés
Philippe B, toujours à la réalisation, parsème l’album d’instruments divers qui élargissent la palette sonore des Sœurs Boulay. On retrouve notamment de la flûte à bec sur la chanson titre, 4488 de l’amour, jouée par Guido Del Fabro (un autre collaborateur de la première heure). L’instrument se marie parfaitement à l’esprit doux de cette jolie valse.
Ce deuxième album des Sœurs Boulay nous fait entrer à nouveau dans l’univers coloré et mélodieux de ces deux artistes, où le langage du quotidien se mélange à une poésie moins fleur bleue qu’elle n’en donne l’impression.
C’est un album qu’on prend plaisir à faire jouer encore et encore, et dont les diverses couches se dévoilent peu à peu à chaque nouvelle écoute. Le charme opère toujours comme au tout début et, peu importe que leurs chansons tournent ou non sur les ondes des radios commerciales, les Sœurs Boulay sont bel et bien là pour rester.
- Artiste(s)
- Les Soeurs Boulay
- Catégorie(s)
- Folk, Francophone,
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