Les Francouvertes – Ronde 1 – Soir 5 | Coroner Paradis, Jacques Bertrand junior et Bobby One
En ce cinquième soir des préliminaires de la 18e édition des Francouvertes, les trois formations qui se sont échangé la scène ont aussi partagé authenticité, aisance incontestable sur les planches et un amour certain des mots et de la langue française, se taillant tous une place au sein du Palmarès. Compte-rendu d’une solide soirée avec Coroner Paradis, Jacques Bertrand junior et Bobby One.
CORONER PARADIS
Les musiciens de Coroner Paradis se sont installés tranquillement, Michaël Lapointe entonnant quelques notes à l’harmonica, puis à la guitare, puis sa voix a suivi, éraillée, grave, juste ce qu’il faut, enfin, le drum est embarqué, en même temps que la contrebasse, puis le clavier et l’égoïne. Leur univers a pris les planches tranquillement, doucement, sobrement. La poésie a pris toute la place, mais en simplicité, et on se laissait bercer par les très beaux arrangements, qu’on peut entendre sur un premier EP, L’amour au goulag. On a d’ailleurs beaucoup aimé entendre distinctement le violoncelle, magnifique sur L’anarchiste amoureux, et l’ensemble de ce qu’on a découvert hier est très abouti.
Dans toute la tendresse des chansons, officialisées dans ce premier vrai show, il y a une révolte sentie, un emportement et un plaisir à laisser couler les mots. C’est du romantique transfiguré ; dans la douceur, il y a aussi la douleur, d’un amour déçu, qu’il soit pour une jolie ou pour la patrie et, alors que Lapointe nous introduit la dernière pièce, Le temps des crises, en nous contant une séance masturbatoire en pleine nature, juste avant de crier, au refrain, « La Victoire, la Victoire », on se dit : bonyenne qu’on s’imagine ça scandé par des milliers de voix à la Fête nationale…
Liste des pièces :
Le trou perché
L’anarchiste amoureux
Merci pour la tendresse (je ne reviendrai plus)
Un ghetto dans la peau
Le temps des crises
JACQUES BERTRAND JUNIOR
Après avoir connu les frasques de Jérémi Mourand au début du millénaire, Jacques Bertrand junior remet ça à la tête d’un nouveau projet nommé Cou Coupé, auquel s’est adjoint le prolifique Navet Confit. Ça donne un pot-pourri musical qui arrache, qui n’aime aucune étiquette et qui prend forme sous Chansons d’ascenseur, d’escalier et de chute libre, premier effort de la formation.
Lundi soir, la salle contenait pas mal de fans du personnage : grand enthousiasme tout au long de la prestation de ce doyen de la 18e mouture des Francouvertes. Au fil des sept tounes relativement courtes qu’il nous a servies, il entremêlait les morceaux très rock, explosifs (Trophée de gymnastique), et les balades plus soft accompagnées parfois d’harmonica (Inutile, Des savons sales). Le tout est porté par une voix rêche, abrasive et quelquefois nasillarde, façon Keith Kouna, des textes percutants, une certaine irrévérence et des musiciens qui sonnent en ta’. Ça a du métier ce monde-là, c’est mordant. Ça fait chanter la foule, qui l’adore, c’est absolument superbe. Pas de doute qu’on entendra leurs solides guitares en courant une couple de festivals cet été !
Liste des pièces :
56
Inutile
Trophée de gymnastique
Des savons sales
Désert et océan
Écrivain musclé
La musique est plate
BOBBY ONE
Si la foule a été bien chauffée par Jacques Bertrand junior et ses acolytes, elle scandait fort le nom de Bobby One avant son entrée en scène ! Tant pis pour le clash musical entre les deux formations : La différence, ici, aux Francouvertes, c’est loin d’être ce qui dérange ! Greyé d’un full band — 2e MC, DJ, drummer, guitariste, bassiste estropié —, Bobby One, autrefois dans le sillage de Koriass, venait nous présenter Mon voilier, son premier album solo.
Et c’était beau à voir, toute cette énergie sur scène, et cette façon toute naturelle de mettre le public dans sa poche, le sien comme celui de ses deux prédécesseurs. Son hip-hop musical full instruments était su’a coche, ses textes tout sauf avares de mots et de sens, son voilier nous faisant naviguer dans une mer d’émotions, jusqu’aux quelques lampions brandis pour l’émouvante Je me rappelle, à propos de l’Alzheimer de son grand-père. Il a la langue belle pour illustrer que notre vie pourtant ne l’est pas tant (Le masque)… La soirée, elle, l’était : « Au nom des trois bands ce soir, on fout le bordel : tout le monde debout ! » On ne s’est pas fait prier.
Liste des pièces :
La différence
Les grands hommes
Mon voilier
Si le bonheur est à bord
Je me rappelle
Le masque
Palmarès
1) Joëlle Saint-Pierre
2) Philippe Brach
3) Jacques Bertrand junior
4) Bobby One
5) P.A.P.A (Pas d’Argent Pas d’Agent)
6) Gab Paquet
7) Maison Brume
8) Michel Robichaud
9) Coroner Paradis
Photos en vrac (par Pierre Bourgault)
Coroner Paradis
Photo par Pierre Bourgault
Plus de photos :
- Artiste(s)
- Bobby One, Coroner Paradis, Jacques Bertrand Junior
- Ville(s)
- Montréal
- Salle(s)
- Cabaret Lion d'Or
- Catégorie(s)
- Chanson, Festival, Folk, Punk, Rap/Hip-hop, Rock,
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