crédit photo: Andres Amaya
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Les adieux de NOFX au Parc olympique – Jour 1 | Franco Un-Americanadian

Devant 20 000 personnes et la tour iconique du Stade olympique de Montréal, les légendes du punk rock ont tiré leur (ir)révérence, fidèles à eux-mêmes, authentiques et sans filtre, généreux, hilarants et talentueux, dans l’alcool et la bonne humeur. Un joyeux bordel, au son de leurs hymnes électriques innombrables, classiques et Faces B comprises. Retour sur la première soirée de cette immense célébration, du monument qu’est NOFX au punk rock.

« On n’a jamais joué devant autant de monde, c’est notre plus gros show à vie! », lance Fat Mike à l’impressionnante foule. Outre leurs apparitions dans les gros festivals rock de ce monde, cela semble effectivement être un énorme concert de NOFX ce samedi 24 août.

Il faut dire que pour leur tournée d’adieu, les Californiens ont vu grand en organisant un véritable festival sur deux jours qui commence en début d’après-midi. Ce premier jour auquel nous assistons voit les locaux de Speed Massacre ouvrir, suivis du phénomène oi! montréalais Béton Armé, du groupe de hardcore américain Scream, des Codefendants, qui ne font pas forcément l’unanimité, et des vétérans canadiens du punk celtique The Real McKenzies. Le soleil baisse alors que l’alcoolémie monte lorsque les légendaires Circle Jerks nous ramènent au punk rock à l’ancienne, menés par le chanteur de Black Flag et le guitariste de Bad Religion. The Interrupters et leur ska punk propre et efficace suivent, menés par la charmante Aimee. Le guitariste ne manquera de faire un petit hommage au regretté Tony Sly de No Use For A Name, un groupe qui aurait certainement fait partie de l’affiche s’il était encore de ce monde.

The Interrupters.

La nuit est enfin là, la tour olympique est illuminée, 20 000 personnes sont gonflées à bloc et une énorme ovation accueille le quatuor qui monte sur une scène remplie de monde. « La longue va être nuit! », déclare en rigolant un Fat Mike qui assume déjà son niveau d’ébriété. Pour les fans de l’album jaune, Wolves in Wolves’ Clothing, c’était la soirée à voir puisqu’il sera largement représenté. Le groupe attaque avec 60% et Seeing Double at The Triple Rock, mais jouera aussi des morceaux plus rares en direct comme The Man I Killed, l’excellent The Marxist Brothers ou l’anecdotique Instant Crassic, un morceau de 30 secondes sur album qui finit en fade out, mais plus long en concert! Le genre d’album et de chansons qui rappelle le talent musical de NOFX, souvent critiqué par certains pour leurs performances scéniques approximatives, une réputation qui aura même donné le nom de l’album I Heard They Suck Live!!. Ce soir, au contraire, les Californiens auront peut-être même déçu ceux qui apprécient leurs dérapages musicaux, tant leur performance est remarquable.

Comme le dit Fat Mike lui-même, c’est presque dommage d’arrêter, parce qu’ils sont encore pas pire. « On n’est pas aussi bons que les Interrupters, on peut juste jouer une chanson d’affilée, pas trois. » Affirmation qu’ils démentent en faisant un enchaînement de neuf chansons sans pause, incluant des minis-classiques comme Monosyllabic Girl, Fuck the Kids ou Franco Un-American que le chanteur termine en changeant pour « Franco Un-Americanadian »! Les gars sont encore bien en forme, et El Hefe propose même de renommer Fat Mike en « Fit Mike », puisqu’il est venu de l’hôtel au Parc olympique en vélo!

Dans la foule, c’est la folie : des circles-pits, des crowd-surfeurs, des trucs gonflables, des bouteilles d’eau qui explosent (généreusement distribuées par la sécurité), des canettes de bière qui volent et autres objets non identifiés, notamment pendant les grands classiques comme Leave It Alone, la reprise de Rancid Radio, Kill All The White Man, leur version punk des Champs Élysées de Joe Dassin, ou encore Linoleum et son intro de guitare iconique de NOFX. On peut sentir une énergie assez unique dans la foule, un certain « c’est la dernière fois », une joie de voir ces légendes en concert dans une célébration si grande, avec une petite amertume noyée dans des nuages de pot et des litres d’alcool. Une foule qui montre aussi une grande diversité : des gens venus de partout au Québec et au Canada, des Américains, des vieux, des jeunes, quelques enfants, des rockeurs, des métalleux, des punks de tous styles et formes, prouvant l’ampleur fédératrice de NOFX.

Sur scène, c’est aussi un sacré bazar. Alors que le groupe s’apprête à jouer Six Pack Girls, le micro du batteur Smelly ne semble pas fonctionner alors qu’il essaye de dire quelque chose. En un clin d’œil, il se fait remplacer à la batterie, et saute sur le devant de la scène pour arracher un micro et chanter lui-même la chanson, à la grande surprise de Fat Mike!

NOFX, c’est également un groupe unique en concert par leurs interactions, leurs blagues osées, leur politiquement non-correct et leurs personnalités uniques. Fat Mike ne manquera pas d’exprimer son amour pour Montréal. « Les Québécois sont fous mais ils sont gentils! Vous êtes bien plus cool que Winnipeg ou Guelph! ». Il se rappelle alors leur premier concert aux Foufounes électriques où les organisateurs avaient écrit « No Effects » sur l’affiche.

Il faut rappeler une carrière exceptionnelle de chansons aux paroles engagées, dont plusieurs hymnes joués ce soir pour critiquer et questionner la société occidentale moderne, les Américains puritains, les bourgeois catholiques, les dérives du capitalisme ou encore les extrémistes religieux, tout en prônant la tolérance et la diversité, depuis toujours. « Voici une chanson presque aussi bonne que Bad Religion », annonce le chanteur avant de jouer Leaving JesusLand, classique de l’album jaune.

Généreux jusqu’au bout, NOFX nous rappellent aussi qu’ils font un deuxième concert le dimanche. « En fait, demain, on va jouer les mêmes chansons. C’est bien notre genre! », ironise Fat Mike. « Nan je rigole, ce soir on fait les chansons en français (rires). Demain on va jouer The Decline. » Huée générale d’un public frustré et teasé. Pour rappel, The Decline est un des morceaux les plus impressionnants de NOFX, une pièce de plus de 18 minutes, du punk progressif si on veut, un monument musical, très rarement joué en direct, et chanceux sont ceux qui peuvent se targuer de l’avoir vu en concert. Eh bien, si comme moi vous étiez seulement le samedi au Parc Olympique, vous pouvez vous en mordre les doigts, puisque le chanteur ne blaguait pas cette fois, et qu’ils ont réellement joué The Decline à Montréal le dimanche…

Terminant par leur valse à l’accordéon jouée par Melvin, Theme From a NOFX Album, le quatuor conclue cette première soirée montréalaise de leur tournée d’adieu sur une note festive, saluant encore et encore le public, le batteur descendant même au premier rang pour saluer les fans, pendant que tout le monde se prend dans les bras sur scène, non sans une certaine émotion.

Franchement, on ne peut que saluer ce que représente ce groupe. Que ce soit leur générosité dans ce format festival de leur tournée d’adieu, auquel des milliers de personnes auront répondu présent, ou leur attitude punk et leur authenticité jamais perdue. Leur humour cinglant et provocateur, leur qualité musicale mais aussi celle de leurs textes, doublée d’un engagement tout au long de leur carrière pour de multiples causes, et leur singularité qui fait d’eux un groupe unique qu’on aime ou non : NOFX est prêt à trôner au panthéon du punk rock.

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