Le souffle du chœur de l’OSM triomphant la neuvième symphonie de Beethoven sous la baguette exaltée de Raphael Payare
Après cette année difficile où rejoindre un public fut tout un défi, il y avait de quoi clore la saison par cette fameuse symphonie triomphale, histoire de nous étamper le sourire pour les beaux mois à venir. L’OSM vient d’ailleurs de sortir sa programmation de l’année prochaine de type « all you can eat » (ou « hear ») Mahler. Ça promet avec le nouveau Maestro !
Parlons-en de ce nouveau chef d’orchestre! D’origine vénézuélienne, Maestro Payare ne fait pas dans le minimalisme côté gestuelle.
C’est avec un enthousiasme bien senti qu’il nous a guidé à travers la soirée, sur le bout de nos sièges. J’ai eu l’impression qu’après, on avait tous soupiré d’avoir survécu à ce programme tumultueux. Il a pris notre main au tout début, comme une caresse; puis de façon plus méthodique et rigoureuse, nous a envoûtés dans son parcours musical riche en émotions. Une direction que je qualifierais d’agile et précise, tout en étant empreint d’une douceur et d’un enthousiasme désarmant.
Il nous présente ici une vision de ces œuvres très personnelle, je crois. Il laissera bien sa marque ici. Minutieux, intimiste, précis, il sent bien le public et nous emporte avec lui. Il y a définitivement de quoi nous faire virevolter le cœur et les oreilles au plus grand plaisir des spectateurs bien sûr, et des musiciens et musiciennes de qui se dégagent un réel plaisir à le suivre dans cette épopée musicale.
Gros programme
C’est donc dans une maison symphonique pleine à craquée dans laquelle on pouvait sentir l’enthousiasme de tous à venir à la rencontre du fameux Raphael Payare qu’on présentait le spectacle clôturant la programmation régulière 2021-2022 de l’OSM . Il reste d’ailleurs des billets les 2 et 3 juin pour ce fabuleux spectacle. Si vous lisez ceci dans les prochaines heures et vous vous en procurez, voici à quoi vous aurez droit:
De prime abord, le poème Nänie, op. 82 mis en musique par Brahms nous a insufflé le ton de la soirée. Cette oeuvre prodigieusement touchante de Brahms nous a bercé pendant les 12 premières minutes. Le chœur de l’OSM a su émouvoir dès les premières mesures une large majorité d’entre nous. Il faut dire, ce chœur dans cette salle, aspire l’auditoire.
Cette pièce fut suivie par Schicksalslied, op.54 ou si votre allemand est un peu rouillé « le Chant du destin », toujours du même compositeur. Un peu plus sobre, j’oserais dire, ce choix de morceaux équilibrait bien la soirée tout en n’étant pas dans mes highlight, disons.
Le plat de résistance s’en venait après l’entre-acte: La Symphonie en Ré mineur op. 125 de Beethoven avec choral. Il a débuté l’Allegro initial, le gaz au fond comme qui dirait. Clairement, il n’y aurait pas de petits roupillons dans cette salle pendant cette deuxième partie. Je me demandais comment il allait tenir comme ça jusqu’à la fin. Bon heureusement, plusieurs nuances s’en sont suivis. Le deuxième mouvement « Molto Vivace » nous a fait voir un côté plus méthodique, plus linéaire, serré j’oserais dire, de sa conduite musicale.
L’Adagio molto a cantabile qui a suivi, des plus émouvants nous a fait entendre d’autres couleurs, plus douces et chaudes de l’oeuvre. Défi relevé pour les cordes livrant cette mélodie harmonieusement avec une belle retenue, assis sur le bout de notre chaise qu’on était.
C’était quoi le suspense me direz-vous?
Ben la FINALE!
La fameuse finale.
Avec l’aperçu qu’on avait eu en première partie sur l’intensité des voix du choeur de l’OSM, disons qu’on avait des attentes.
Puis bon, elle débuta, la Finale, fameuse Ode à la Joie.
Après un doux moment où les contrebasses donnent la réplique mélodique aux instruments à vent on a accueilli la voix sublime d’un des solistes Baryton-basse, Monsieur Ryan Speedo Green. Celui qui entonne « Ô, mais pas ces sons-là, entonnons-en d’autres agréables et plus joyeux » part joyeusement le bal. Quatre solistes s’échangent relativement la balle avec le fameux choeur de l’OSM qui on le saura, vole complètement la vedette pour cette pièce. Quand ça part, vous savez l’air que tout l’monde connait mais version, « ils sont 150 à l’entonner à l’unisson », c’est comme un avion qui décolle. Il n’y a pas grand-chose de plus formidable que cette intensité dans les voix qui réclame nulle autre chose que de la joie.
Cette finale, de ladite Symphonie triomphale, que je renommerais « thérapeutique », devrait être prescrite pour étamper un sourire dans le visage de quiconque ne l’a pas.
Honnêtement, impossible de sortir de cette expérience féérique déprimé. Je vous encourage à aller goûter à la magie de Payare. Nous, Montréalais, adopterons ce chef indubitablement. C’est un bon match pour notre ville, allez goûter sa musique; vous ne serez pas déçus.
Même notre Mairesse, présente hier soir et bien identifiée par l’organisatrice du concert, en est ressortie tout sourire ! Bon, vous me direz que c’est un argument faible mais je vous assure que tout l’monde avait sa vibe en sortant de là. C’est peu dire.
Autrement, il faut noter que ces œuvres sont très accessibles pour quiconque ne voit pas beaucoup de ce type de concert. Je recommande donc aux néophytes. Les chœurs sont en allemand mais il y a traduction anglais et français sur écran, admettons que les paroles vous préoccupent vraiment.
Ceci dit, la musique ici enchante. On sort de ce concert en mode féérique grâce au chœurs et au chef, je le pense bien. Chapeau à tous ces chanteurs et bien sûr grands applaudissements aux musiciens tous sourires visiblement heureux de jouer avec pas de masque cette Ode joyeuse, dont on aurait tellement eu besoin ces deux dernières années de pandémie.
- Artiste(s)
- Orchestre Symphonique de Montréal
- Ville(s)
- Montréal
- Salle(s)
- Maison Symphonique de Montréal
- Catégorie(s)
- Classique,
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