Le Couleur au Studio TD | Entrez dans la demeure de Le Couleur

Le Couleur présentait officiellement et pour la première fois devant un public son quatrième et plus récent opus long, Comme dans un penthouse. Un peu plus d’un an après le lancement de Concorde Deluxe, au même endroit, les musiciens parviennent encore et toujours à produire sur les planches cette musique aboutie, inspirée et puissante.

Il y a cette magie particulière entourant les lancements d’albums. D’un côté, la fierté des artistes, celle de pouvoir enfin révéler ce nouveau matériel sur lequel ils travaillent depuis des mois durant. De l’autre, le public, heureux et brûlant d’envie de découvrir ces morceaux tout frais, tout chauds en direct. Le tout pour quelques dizaines de dollars. Un échange plutôt équitable, non?

Se glisser dans la créativité de son prochain

Suivant la première partie assurée par Virginie B, produisant en duo avec un bassiste une électro-pop déconcertante et inhabituelle (elle re-rejoindra plus tard la scène en tant que choriste de la formation principale), Le Couleur vient s’installer sur les planches, dans l’ombre, sans que personne n’y prête réellement d’attention dans la salle. Distraction qui va rapidement se retourner dès les premières notes de Sentiments nouveaux.

« Salut Montréal, bienvenue dans le penthouse de Le Couleur », lâche Laurence Giroux-Do, chanteuse de la formation, dès la fin du morceau d’ouverture.

Rapidement, le constat sur le talent des musiciens s’impose. En notant une réelle concentration de la part des acteurs, causée par certains passages techniquement difficiles, les artistes prennent du plaisir en jouant, bougent au gré des mélodies en restant toutefois sur place, un élément qui n’est jamais de refus malgré une prestation déjà riche musicalement.

Le Couleur existe depuis l’aube de la décennie précédente, Le Couleur se connaît alors sur le bout des doigts. Peut-être un peu trop? La formation compte au total sept musiciens sur scène, tandis que le groupe ne tient officiellement que trois membres à son actif. Sans connaître Le Couleur et ses visages principaux, compliqué de savoir que Steeven Chouinard et Patrick Gosselin font partie intégrante du trio et que le reste de l’orchestre, pas réellement. Retrouvez la raison derrière en consultant l’entrevue du groupe tenue par Sors-tu? le mois dernier.

En oubliant la configuration du groupe et en se concentrant seulement et uniquement sur la musique, quelle soirée Le Couleur fait vivre à son auditoire.

La palette de Le Couleur

Excusez le mauvais jeu de mots, utilisé seulement pour expliquer que la musique de Le Couleur semble appartenir à toutes les époques, excepté l’époque actuelle. Autant l’influence disco qu’électro se ressent dans les créations du groupe que le ressenti psychédélique sur Moderne, transgressive et excessive, sans oublier un univers new wave particulièrement assumé, notamment sur le titre Autovariation 64, et également une petite touche de progressif qui saupoudre le cocktail déjà riche.

Et puis, il y a la talentueuse Laurence Giroux-Do, charismatique à souhait, teintée d’un petit accent dans sa voix rappelant la musique française qui faisait danser les garçons et les filles de Françoise Hardy. Accent un tantinet moins prononcé que sur les versions studio des titres, mais assez pour ranger Le Couleur dans une catégorie occupée presque seulement par le trio.

Le côté rétro est d’autant plus assumé dans les accoutrements des musiciens présents sur la scène. De longs imperméables dans le style de l’Inspecteur Gadget, des cravates, lunettes aux branches rappelant les années 70 : une magnifique manière de plonger pleinement l’auditoire du Studio TD dans l’univers particulier de l’album, une enquête, un polar mystérieux tournant autour du personnage de Barbara.

Le penchant DJ set régulièrement confirmé dans divers médias est bel et bien respecté durant la performance : au total, non moins de 17 morceaux seront interprétés en l’espace de 80 minutes, sans réel long discours de la part de quiconque. Même lorsque Giroux-Do tente de remercier son équipe, coupée après quelques secondes par le reste des musiciens débutant le prochain morceau, jugeant visiblement son intervention trop longue.

Si Le Couleur ne surprend pas dans cet aspect sur les planches, la formation compense grandement par sa musique. Une reprise inattendue de Breathe de Pink Floyd durant la composition originale Penthouse, une version effrénée de La fuite de Barbara obligeant tous et toutes à danser, l’utilisation d’une boule à facettes vers la fin du concert, probablement d’abord jugée comme un accessoire par le public.

Le Couleur ne compte pas des orateurs dans ses rangs, il compte des musiciens de talent.

Le Couleur rayonne avant tout par l’artistique.

Voyageurs

À la manière d’un autre trio québécois du nom de Men I Trust, Le Couleur mise sur une exposition internationale, sur une appréciation hors de la province (la preuve? Le groupe compte des admirateurs à travers le globe, et une seule ville québécoise compose le top cinq des plus grands bassins d’auditeurs mensuels sur Spotify). La direction artistique plutôt distincte de Le Couleur ne permet pourtant de placer le trio au rang de superstar nulle part, mais le talent indéniable, lui, aide à le rendre un peu connu, un peu partout.

« On va l’avoir notre pays », lance comiquement Steeven Chouinard lorsque le groupe quitte la scène après un salut collectif.

On espère les revoir dans une salle comme le Club Soda pour la prochaine, tant le public devrait s’avérer plus dense, plus de chanceux pouvant profiter de cette fête collective instaurée par Le Couleur.

Le penthouse était spacieux, allons retrouver nos logements un brin moins luxueux.