Le Ballet national du Canada à la Place des Arts | 3 chorégraphies portées par des danseurs extraordinaires
Du 1er au 3 octobre dernier, Danse Danse a accueilli pour la seconde fois le Ballet national du Canada à la Place des Arts de Montréal. Furent présentées trois chorégraphies contemporaines exécutées par 14 excellents danseurs de la compagnie nationale de danse.
The Second Detail
The Second Detail, de William Forsythe, ouvre la soirée en force. Les corps sur-articulés à l’élégance particulière des danseurs, alliés au chaos impeccablement orchestré de Forsythe, présentent un ensemble saisissant. La pièce dansée est un peu étourdissante, mais déjantée et fascinante. Elle fait sourire, tout en attirant le spectateur vers une vague inquiétude, par le biais de la bande sonore postmoderne de Thom Willems.
Le décor autant que les costumes sont sobres, et dégagent un sentiment utopique, un léger gout futuriste.
Les mouvements graciles et insolents des danseurs éblouissent du début à la fin. Sans effort apparent, ces danseurs uniques se meuvent de part et autre, s’assemblent et se séparent, dans un jeu complexe exploitant l’ensemble de la scène.
Si l’absence apparente de trame narrative de The Second Detail n’est pas un obstacle à la compréhension de la chorégraphie et à l’émerveillement du public, c’est du moins jusqu’à l’apparition de la danseuse en tunique blanche. Malgré sa performance majestueuse, elle ne semble pas avoir de lien avec le chœur des danseurs, et sa danse tribale vient détruire leur harmonie sans raison manifeste. Ainsi, il est décevant que l’unique apparition de la seule danseuse noire du spectacle soit un trope de la tribalité.
Le Spectre de la rose
C’est Le spectre de la rose, œuvre de Michel Fokine reprise par Marco Goecke, qui suit en deuxième partie. Cette version de la mémorable chorégraphie de Fokine se distingue par ses mouvements dansés à la fois spasmodiques et fluides.
Des danseurs masculins vêtus de rouge, représentant le spectre de la rose, forment un chœur entourant et hantant une jeune dormeuse lors de son rêve empreint de passion.
L’alternance entre des silences étoffés et des pièces de musique classique épouse la sensualité parfois saugrenue de la rêveuse et de son amant, homme-oiseau torturé par son angoisse amoureuse.
Le spectre de la rose explore avec justesse les hésitations, les craintes et les bizarretés de l’amour aux balbutiements d’une relation.
Chroma
Chroma, de Wayne McGregor, clôt en sévérité la triade du Ballet national.
Sur les rythmes de versions orchestrales de chansons des White Stripes, 10 danseurs se relaient en solos, en duos, en trios et en chœurs, pour faire montre de leur agilité. Certains solos étaient vraiment porteurs d’émotion, mais ils étaient inégaux en puissance, et si le trio masculin et quelques duos sont assez spectaculaires, ce sont certainement les segments en groupe qui sont les plus intéressants.
Les costumes en tons de beige et l’opposition de la pénombre et de la blancheur éclatante de l’éclairage donnent un air cru à la composition, accentuant l’aspect très technique et contemporain de cette partie du spectacle.
Les performances sont en général très solides, tant par la maitrise technique des danseurs que par leur interprétation dramatique, mais il semble que la chorégraphie ait misé plus sur l’intensité apparente que sur la transmission de sentiments véritables. Aussi, la progression de la chorégraphie et de la bande sonore n’est pas très définie, mais la performance maitrisée des interprètes sait tenir en haleine le public jusqu’à la dernière seconde.
Ces trois chorégraphies contemporaines, variées et acclamées, portées par des danseurs extraordinaires, donnent hâte d’assister de nouveau à l’éclat et à l’innovation du Ballet national du Canada sur des scènes montréalaises.
- Artiste(s)
- Ballet national du Canada
- Ville(s)
- Montréal
- Salle(s)
- PdA (ne pas utiliser), Théâtre Maisonneuve
- Catégorie(s)
- Danse,
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