PONTEIX

Lancement d’album de Ponteix au Ministère | Un style familier mais efficace

Pour les plus courageux ayant eu l’audace de braver la tempête le soir du 13 février, le Ministère, en guise d’oasis de chaleur, les accueillait à bras ouverts pour le lancement de Ponteix, artiste originaire du cœur des prairies canadiennes, maintenant installé à Montréal. Reçu comme un groupe d’amis, le public scandait « Mario » (le nom du chanteur) toute la soirée, comme s’il le connaissait personnellement. C’est l’aura qui se dégage du grand bonhomme : chaleureux, rieur et généreux, autant vocalement qu’en partageant la scène avec plusieurs collaborateurs ayant travaillé avec lui sur son nouvel album Le Canadien Errant.

Ponteix, alias Mario Lepage, entame la soirée avec la chanson éponyme de l’album, Le Canadien Errant, remerciant le public de s’être déplacé malgré les conditions. Le jeune artiste ne perd pas de temps et offre immédiatement comme deuxième chanson l’une des pièces phares de l’album, Saint-Denis, en invitant sur scène son mentor Louis-Jean Cormier. « C’est le nom de la ville où j’ai grandi, et pour mon deuxième album, j’ai décidé de migrer vers la jungle urbaine de Montréal. C’est maintenant sur la rue Saint-Denis que je me retrouve. »  Il y a quelque chose de poétique dans tout cela.

Il rend d’ailleurs hommage à son exode rural dans sa chanson La ville. Il en profite pour souligner l’apport essentiel du chanteur de Karkwa lors de la création de son deuxième album, et du lien fort qui s’est créé entre les deux hommes. Malheureusement, quelques petits problèmes techniques ont fait en sorte que le micro de Louis-Jean Cormier ne projetait pas assez le son, sa voix étant donc quelque peu éclipsée.

Il parle de sa ville natale, Saint-Denis en Saskatchewan, comme du seul lopin de terre encore francophone, et on peut certes déceler un léger accent anglais qui trahit ses racines de l’Ouest. Le Canadien Errant, bien que majoritairement francophone, laisse parfois place à des paroles anglophones, rappelant ainsi les racines du chanteur.

Un autre invité se joint au spectacle lors de la chanson Le feeling, marquant la moitié du concert : Marco Ema monte sur scène pour prêter son style indie rock à l’œuvre de son ami.

« On dirait du Radiohead », chuchote une fille derrière moi à son amie. En effet, les notes psyché-pop-électroniques des chansons de Ponteix rappellent parfois des œuvres de la discographie de Radiohead, comme Exit Music (For A Film) par exemple.

Il ne s’agit là que d’une des influences de la musique de Ponteix. Évidemment, ayant travaillé en studio avec Louis-Jean Cormier durant près de trois ans pour faire naître Le Canadien Errant, ses morceaux s’inscrivent dans le genre de musique que pourrait créer Karkwa.

Les chansons sont bonnes, notamment Amélia, pour laquelle j’ai eu un coup de cœur, et elles fonctionnent sur le plan de la musicalité, des paroles et du rythme. Cependant, on pourrait se demander si Mario Lepage ne s’est pas trop laissé inspirer par Cormier. Bien que rien ne cloche dans sa discographie, il s’agit tout de même d’un son qui semble déjà présent dans le domaine musical.

Bien que ce soit un genre que le public semble apprécier, on pourrait souhaiter à Ponteix de trouver une manière de sortir de ce qu’on pourrait appeler le « carcan Karkwa ».

La musique a tout pour plaire et saura assurément se retrouver dans les playlists des cafés montréalais.

L’une des façons dont Ponteix pourra se démarquer sera davantage en concert. Ses histoires mythiques de la haute Saskatchewan, son hommage sensible à sa grand-mère dans la chanson Ici Bas, et le clin d’œil au groupe de bingo de sa tante Germaine rendent le personnage authentique et donnent envie d’en savoir plus sur son petit coin de pays.

L’un des moments forts de la soirée sera d’ailleurs lorsqu’il aborde sa relation avec la religion catholique, qu’il décrit comme « culpabilisante ». S’étant distancé du catholicisme, encore bien présent dans les prairies canadiennes, il sentait le besoin de se justifier auprès de ses aînés, et en a écrit une chanson. C’est alors qu’il interprète The Way It Is, abordant des thèmes rarement explorés, ce qui rend l’ensemble très intéressant.

Il prend également davantage ses aises lorsqu’il s’approprie la chanson La Bohème de Charles Aznavour. Comme il est possible de comparer la reprise de Ponteix et la chanson originale, il est alors évident que les gars du trio sont capables d’ajouter leur touche personnelle unique. Le classique revisité qui se métamorphose en œuvre psycho-éléctro grâce au clavier habile de Mario Lepage est un coup de cœur immédiat pour le public. Difficile de rendre cette chanson originale, déjà reprise mille et une fois depuis le décès du chanteur, mais le groupe a relevé le défi avec brio!

Il faut rendre à César ce qui appartient à César : Mario Lepage sait habiter une scène. Fébrile de présenter le projet sur lequel il travaille depuis des années, il semble libérer toute l’énergie accumulée lors de la création de son opus. Tirant le meilleur de la petite salle du Ministère, les jeux de lumière complètent parfaitement l’ambiance électrisante qui régnait sur scène.

En somme, Ponteix est un trio mené avec force par Mario Lepage, qui gravira sans doute, petit à petit, les échelons des palmarès de la musique francophone. Il ne leur reste plus qu’à trouver une couleur plus unique pour que l’on continue à parler d’eux encore longtemps.

 

Grille de chansons

  1. Le Canadien Errant
  2. Saint-Denis
  3. Le Bonheur
  4. The Way It Is
  5. Le Feeling
  6. Amélia
  7. Ici Bas
  8. La Bohème
  9. La Ville
  10. Petite fleur
  11. Faux Pas
  12. Partir

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