crédit photo: Marc-André Mongrain
La Florida

La Florida sur scène à l’été 2026

Trente ans après avoir marqué le public québécois au cinéma, La Florida s’apprête à revivre sous une forme entièrement nouvelle : une adaptation théâtrale d’envergure, produite par Juste pour rire et mise en scène par Charles Dauphinais. À compter de l’été 2026, le Théâtre du Vieux-Terrebonne accueillera cette comédie culte revisitée, avant qu’elle ne prenne la route pour une tournée partout au Québec. Avec une distribution flamboyante et une volonté claire de renouer avec l’âme du film tout en lui insufflant une sensibilité contemporaine, La Florida version scène veut plaire autant aux nostalgiques qu’aux nouveaux spectateurs.

Sorti en 1993, le film de George Mihalka, écrit par le duo Suzette Couture et Pierre Sarrazin, avait connu un succès phénoménal, remportant notamment la Bobine d’Or grâce à un box-office canadien de 1,6 million. Il s’était aussi incrusté dans la culture populaire par des répliques devenues mythiques, dont le légendaire « Enweille dans l’litte, maudite chanceuse ! » livré avec brio par Rémy Girard.

Trente ans plus tard, les auteurs originaux signent l’adaptation théâtrale du récit. Rencontré lors d’une conférence de presse de dévoilement de la distribution au chic resto Miami Déli, dans Hochelaga, Dauphinais salue leur implication : « C’est un honneur de travailler avec eux. Ils adaptent leur propre film, mais en tenant compte des exigences de la scène, où il faut mettre plus de chair autour de l’os. »

Le passage du cinéma au théâtre représente un défi, surtout pour une histoire faite de scènes courtes et montées serrées : « Il faut trouver le souffle du récit, sans donner l’impression d’un montage trop visible. »

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Une distribution éclatante pour incarner les Lespérance

Pour accomplir ce défi, l’équipe s’est doté d’une brochette de comédiens de haut calibre pour donner vie à la famille Lespérance et à leurs voisins hauts en couleur. Louis Champagne incarnera le rôle du patriarche Léo, joué dans le film par Remy Girard. Lauren Hartley sera pour sa part sa fille Carmen (Marie-Josée Croze dans le film), alors qu’on a confié à Didier Lucien le rôle de Roméo “Big Daddy”, à Gary Boudreault celui de Pépère, alors que Marc St-Martin incarnera Jay et Joakim Robillard sera Cyrille. Le rôle de Ginette, lui, sera dévoilé ultérieurement.

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Dauphinais affirme vouloir retrouver le ton juste entre humour, tendresse et drame : « Oui, c’est une comédie estivale, on va rire, mais on ne veut pas évacuer le volet dramatique qui faisait la force du film. » Pour lui, La Florida n’est pas qu’un délire ensoleillé : c’est aussi l’histoire d’une famille qui se fracture sous le poids du rêve américain.

 

Plongée dans la Floride de 1992 : un choix assumé

L’adaptation se déroulera, comme le film, au début des années 90. Un choix artistique clair, motivé par le contexte social et technologique de l’époque.

« Si on plaçait l’histoire en 2025, ce ne serait plus le même récit. Aujourd’hui, on “googlerait” des motels à vendre, on aurait des cellulaires… Le rêve ne pourrait plus être fantasmé de la même manière », explique Dauphinais. À ses yeux, l’univers de La Florida dépend d’une époque où la Floride était encore perçue comme une terre de promesses, parfois naïves, toujours vibrantes.

La pièce explorera aussi le phénomène des snowbirds, un des angles qui a immédiatement inspiré le metteur en scène : « Je vais pouvoir plonger dans l’univers des snowbirds, rendre hommage à cette génération qui vivait ce rêve, avec tout ce que ça veut dire de kitsch, de pastel et de fuchsia. » Nostalgie assumée, donc, mais jamais moqueuse : un regard affectueux sur une époque désormais révolue.

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Un Théâtre du Vieux-Terrebonne fidèle à sa mission

Pour le Théâtre du Vieux-Terrebonne, ce projet s’inscrit dans un virage amorcé depuis plusieurs années, où l’on revisite de grands classiques d’ici : Symphorien, Moi et l’autre et Les Boys ont fait l’objet de théâtres d’été sur les planches de cette salle. Claudéric Provost, directeur général, explique : « On veut rallier les publics : les habitués du théâtre d’été et une nouvelle génération, ceux qui ont découvert le film à l’adolescence. »

Chaque été, ce théâtre attire environ 20 000 spectateurs, et parfois jusqu’à 30 000 : une tradition bien implantée. La Florida poursuit donc une collaboration fructueuse avec Juste pour rire, cimentée par une entente pluriannuelle.

Provost ajoute qu’une exposition muséale sur les motels nord-américains, un sujet intimement lié à l’histoire du film, accompagnera la programmation estivale. « On est en train de perdre ce patrimoine-là. On voulait faire un lien entre notre théâtre d’été et une réflexion plus large sur ce que les motels ont représenté. »

L’ambiance musicale de la production sera signée par le duo lefutur, collaborateurs de longue date de Charles Dauphinais. Compositeurs de musique de scène et de cinéma, ils approchent ce projet avec curiosité et flexibilité. « On a lu le texte, on commence à définir l’univers. Ce sera probablement rétro 90, mais il faut voir quelle direction la production veut prendre », expliquent-ils.

Ils rappellent toutefois que certains éléments musicaux du film, dont la célèbre utilisation répétée de Provocante de Marjo, ne pourront peut-être pas être repris pour des raisons de droits. Cette contrainte ouvre la porte à de nouvelles créations originales ou à des réinterprétations surprenantes : « Dans ces productions-là, tout dépend des ayants droit. On verra si certains classiques peuvent être revisités ou non. »

Entre fidélité et liberté : un équilibre délicat

Si Les Boys sur scène devait jongler avec des répliques ancrées profondément dans l’imaginaire québécois, La Florida offre une marge de manœuvre plus grande, analyse Dauphinais : « Les gens se souviennent du film, mais pas scène par scène. Ça nous donne une liberté. On peut surprendre, réinventer, tout en gardant les moments cultes. »

L’objectif est clair : faire rire, émouvoir, et faire voyager le public dans un paradis ensoleillé… qui craque parfois sous la pression de la réalité.

Avec ses couleurs pastel, son décor de motel typiquement 1990, sa distribution énergique et sa musique teintée de nostalgie et de modernité, La Florida sur scène promet un rendez-vous estival aussi divertissant qu’émouvant.

Pour Sylvain Parent-Bédard, président du Groupe Juste pour rire, ce spectacle s’inscrit dans une continuité naturelle : « Au fil des ans, Juste pour rire est devenu un gage d’excellence en théâtre estival. La Florida est une autre comédie culte que le public prendra plaisir à redécouvrir. »

Et pour Dauphinais, l’ambition est simple, presque tendre : « Je veux plonger le spectateur dans cette idylle paradisiaque des années 90, avec tout ce que ça comporte de fluo, de nostalgie et d’humanité. »

Une vingtaine de représentations seront données au Théâtre du Vieux-Terrebonne du 26 juin au 1er août 2026. Chicoutimi, Gatineau et Québec accueilleront ensuite le spectacle au cours des mois suivants.

Tous les détails et les billets sont disponibles par ici.

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