La Dame aux Camélias des Grands Ballets | Se fier aux apparences
La Dame aux Camélias, plus récente production des Grands Ballets Canadiens, a été présentée pour la première fois le 19 octobre dernier à la salle Wilfrid-Pelletier. Mêlant costumes vaporeux, éclairage sublime et force interprétative, le spectacle aura su plaire, malgré quelques longueurs.
Inspiré du célèbre roman du même nom d’Alexandre Dumas Fils, La Dame aux Camélias raconte l’histoire de Marguerite Gautier, célèbre courtisane, et d’Armand Duval, jeune homme bourgeois complètement amouraché de la jeune femme. Ils vivent brièvement leur idylle, sont fous l’un de l’autre, mais Marguerite cache toutefois un terrible secret : elle est atteinte de la tuberculose. Marguerite se verra plongée dans le désespoir et la maladie au fil de la pièce, voguant entre la campagne et les salons bourgeois. Malheureusement, ce mal aura raison d’elle et elle périra, au grand dam d’Armand.
Visuellement, ce spectacle était absolument délectable. Les costumes bougeaient de manière quasi-magique sur les danseurs, avec des crinolines aériennes, des agencements de couleur absolument magnifiques et des coupes on ne peut plus flatteuses. La scénographie était simple, avec peu d’accessoires et d’éléments de décors, mais l’éclairage était si bien travaillé que les ambiances changeaient avec une subtilité déconcertante, à l’aide de quelques simples modifications de lumière. Pendant la scène du début, où on se trouve dans un salon de la bourgeoisie, une danseuse et un danseur se déplacent rapidement sur la scène et un projecteur de poursuite les suivaient avec tellement de précision et de fluidité qu’il semblaient participer à la danse.
Les interprètes semblaient être au meilleur de leur forme avec une synchronisation hors pair dans les numéros de groupe. Les pas de deux étaient puissants, avec des portées vertigineux, toujours effectués avec grâce. Une grande expressivité habitaient les personnages principaux. La chorégraphie de Peter Quanz intégrait également des éléments de danse contemporaine à travers le danseur-narrateur. Au fil de la pièce, des extraits du roman La Dame aux Camélias étaient entendus en voix hors-champ. Cette même voix était personnifiée par un danseur au répertoire beaucoup plus contemporain, d’une agilité et d’une fluidité exquises. Un groupe d’interprètes, accoutrés de la même redingote noire que le narrateur, venaient le supporter et créaient un essaim toujours en mouvance, en complète symbiose avec la déclamation du texte.
L’histoire de La Dame aux Camélias est plutôt simple, mais le choix dramaturgique de représenter le couple Marguerite-Armand par trois couples différents d’interprète a toutefois rendu la compréhension du spectacle un peu plus complexe. Initialement, le but de cette manoeuvre était probablement de montrer Marguerite et Armand dans différentes étapes de leur vie et de leur amour. Toutefois, pour le spectateur, cela rendait le tout plus difficile a comprendre qu’efficace. Plusieurs autres personnages apparaissaient évidemment dans le spectacle, mais la similarité de leurs costumes rendaient complexe de distinguer qui était important et qui ne l’était pas, pour bien comprendre le fil narratif.
La première partie s’étirait sur un peu plus d’une heure et elle aurait pu gagner à être resserrée. La deuxième partie, quant à elle, durait un peu moins de 45 minutes. Dans celle-ci, Marguerite revient en ville et prend conscience qu’elle n’est plus la courtisane la plus en vue et commence à se laisser dépérir, en proie à sa maladie. Elle mourra à la fin du spectacle. Malgré ces moments-charnière qui sont d’une grande intensité, le tout ne semblait pas trop condensé et il était rafraîchissant d’avoir un rythme aussi soutenu dans l’évolution de l’histoire.
Ce spectacle n’est pas des plus accessibles aux personnes n’ayant jamais vu un ballet, puisque le côté narratif et la familiarité des personnages sont moins présents que dans des ballets comme Cendrillon ou Giselle, par exemple. Par contre, visuellement, ce spectacle était exquis, tant pour les costumes que pour le décor et les accessoires. Du côté des interprètes, ils semblaient en symbiose totale avec la musique et la qualité de leur interprétation est sans équivoque. Soyez prêts à quelques longueurs, mais vous ferez certainement plaisir à vos sens en allant voir ce spectacle.
- Artiste(s)
- La Dame aux camélias (Grands Ballets)
- Ville(s)
- Montréal
- Salle(s)
- Salle Wilfrid-Pelletier
- Catégorie(s)
- Ballet, Danse,
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