Sean Paul

La Bonnefemme sort #18 : Être still in love with Sean

Ne le dites pas à Method Man, mais j’ai toujours eu un crush sur Sean Paul. Vous comprendrez que j’ai pris la peine de mettre du mascara pour rejoindre mon prince jamaïcain à La Place Bell qui, en ce 30 août, est pleine de fans finis de Sean Paul.

Bien qu’il me soit impossible de me faufiler en avant de la foule composée de 92% de Mélanie, je réussis à me tailler une pas pire place. Les agents de sécurité sont ben à ch’val sur les numéros de siège, mais ils sont ben smattes avec ceux qui n’exagèrent pas. Les tannants sont raccompagnés à leur place assignée dans le Walk of shame le plus divertissant EVER, alors que moi et les autres gentils sommes prêts à nous abandonner aux beats enlevants de DJ Groove. J’utilise le terme « enlevants » très très TRÈS loussement.

DJ GROOVE

À sa défense, j’aurais pas pu faire mieux. Sacre-moi derrière un DJ booth devant 10 000 personnes et regardez-moi me décomposer. J’aurais mis une playlist de sons de baleine en détresse pis j’me serais cachée en évitant les canettes d’IPA lancées par la foule.

Toujours à sa défense, le set de DJ Groove est teinté par un vomi sur le parterre. Y’a pas un set assez puissant pour me faire ignorer les trois agents de sécurité qui vadrouillent une substance à l’odeur de lactose fruitdemerée.

Mais je ne peux pas pardonner au DJ son manque d’écoute. Je tolère les trois premières fois où il coupe la track qui fait hurler la foule de bonheur. Mais à partir de la quatrième, je décroche totalement… nous sommes plongés dans une ambiance de spectacle de fin d’année du primaire. Personne n’est emballé au même moment. Et chaque vague d’enthousiasme est insatisfaisante et inachevée, comme du mauvais sexe. Quand je compare un DJ Set à un show d’école primaire ET à du mauvais sexe, c’est un signe que ça va pas. comme le set de DJ Groove (à part une toune qui fait capoter tout l’monde, même si je suis 98% certaine de l’avoir entendue dans une annonce de shampooing. Quoi qu’à mon âge, toutes les tounes de jeunes sonnent comme une annonce de soins capillaires).

Je répète que j’aurais probablement pas fait mieux, mais je crois quand même que couper des chansons qui font lever le crowd devrait être un acte punissable par la loi des DJ.

Mais mon cœur de mère est incapable de dire que DJ Groove est pas bon. Fait qu’on va blâmer le vomi au parterre.

Sean Paul

J’ai VRAIMENT pas envie de critiquer sa performance parce que je l’aime tellement. J’ai pas envie de dire des choses pas gentilles sur un de mes deux celebrity crushes. J’ai encore moins envie de comparer les deux. Mais j’ai pas l’choix.

Je comprends qu’il est impossible d’arrêter le temps. Je comprends qu’un quinquagénaire ne peut performer comme un vingtenaire. Je comprends que l’âge à un effet différent sur tout le monde, moi incluse : j’pourrais passer pour la grand-mère de Suzanne Clément.

C’est peut-être parce que j’ai vu Method Man récemment. Meth, une bête de scène de trois ans l’aîné de Sean Paul qui attaque ses tounes avec l’énergie de ma fille de douze ans qui pète une coche quand je lui confisque son cell ramasse solidement mon prince jamaïcain. Oui, il est beau comme un cœur, mais il a d’la misère à chanter une toune au complet.

Lui et son acolyte ont des airs de deux animateurs de camp de jour de 67 ans sur un changement de carrière épouvantable aux jokes mal synchronisées qui gâchent l’été des enfants.

Mais Sean nous offre ses vrais de vrais succès: Gimme the Light, Get busy, Make it Clap, We be burnin’, Boasty, Like glue. Deport thème, Baby Boy, Give it up to me, Temperature, I’m still in love with you : il les a toutes faites. Pis ça, c’est une belle marque de respect pour son public. Ses lacunes au  niveau de l’énergie sont absolument pardonnées par ceux qui, comme moi, l’aiment autant qu’il nous a montré qu’il nous aime.

J’aime mieux Method Man, mais à quelque part, je vais toujours être still in love with you, Sean.

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