Lagwagon

La Bonnefemme sort #15: Léviter au show de Lagwagon

Le premier show que La Bonnefemme a décidé de couvrir post-confinement est celui de Lagwagon au Club Soda. Elle n’a pas peur: le 14 décembre, c’t’une belle date pour faire un ACV dans un mosh pit. Parce que La Bonnefemme, c’t’une tough: la légende raconte qu’après chacune de ses crises de foie, elle boit un gallon de gin direct dans l’parking de l’hôpital avant de retourner à’ maison. On dit aussi que son fessier est dur comme d’la fonte pis qu’elle parle souvent d’elle à la troisième personne.

Avant même d’entrer dans la salle, j’ai le sourire étampé dans’ face. Une masse de revenants de 1995; des quadragénaires habillés en ado qui attendent leur tour pour prendre une photo de l’affiche lumineuse de l’entrée du Club Soda. Faites le tour de vos amis dans la quarantaine qui trippent sur le punk rock. Je vous garantis que c’est leur nouvelle photo de Journal Facebook (parce qu’ils savent probablement pas faire des stories). L’image est fascinante: des jeunes vieillis qui ont troqué leurs DuMaurier pour une vapoteuse, en file pour présenter leur preuve vaccinale en mélangeant leurs vieilles anecdotes de show à celles de leur vie de parent; c’est une ratatouille d’éléments d’époques différentes. Ça rajeunit pas mettons.

Le Club Soda est aussi paqueté que l’inconnu qui me suit en répétant que je ressemble à son amie « Chffrrissstiirrne ». Et TOUT LE MONDE est de bonne humeur pour accueillir Red City Radio qui assure la première partie.

RED CITY RADIO

Il faut vraiment capoter sur le punk rock pour tomber en amour à la première écoute avec un groupe que tu ne connais pas. Surtout si, comme moi, t’as le niveau d’attention d’une pantoufle. J’essaie d’embarquer, mais je me perds très vite dans mes pensées, comme le prouvent mes notes non-éditées.

On dirait que le chanteur vomit. Est-ce que quand il vomit, on dirait qu’il chante? Le chanteur est tellement musclé qu’on dirait que sa guitare, c’est une fourchette. Red City Radio, c’est un gars qui vomit dans un souper spaghetti. Il est 20h52. J’ai l’impression d’entendre la même toune depuis 4 mois pis devant moi, il y a quatre punks assis à une table autour d’une bouteille de vin blanc refroidie dans un seau de glace. Mon doux, est-ce que je suis buzzée? Ça sentait vraiment le pot dehors. C’est ça. Je suis high sur la fumée secondaire. J’aurais donc dû retenir mon souffle dans la file d’attente.

J’ai pas embarqué, mais ce n’est vraiment pas la faute du groupe. Il a bien réchauffé la salle pis les membres avaient l’air ben smattes.

 

LAGWAGON

C’est pour eux que je suis venue. Je ne trippe pas sur le punk. Comme toutes les Bonnefemmes, je trippe sur tout ce qui évoque des souvenirs. Lagwagon, c’est mon adolescence en Abitibi, mon exil à Montréal avec mes chums, mon premier french malaisant dans une Civic. J’ai hâte, mais j’ai peur que Lagwagon ait mal vieilli. Ça tuerait une p’tite partie de moi pis de mon histoire.

Mais OH MON DIEU QUE JE ME SUIS INQUIÉTÉE POUR RIEN! Ils débarquent, ben relax, avec une posture qui crie « On est plus vieux parce que le temps passe, stuveux qu’on fasse à part être ben? »

Je les préfère plus vieux. En plus de ne plus être un autre groupe d’énarvés parmi tant d’autres, ils ont commencé à ressembler à des vedettes aussi cool qu’eux.

Chaque membre est deux personnes cool:

  • Dave (batterie) – Mario Bros
  • Chris (guitare) – Guile de Street Fighter
  • Joey (voix) – Bernard Drainville
  • Chris (guitare) – Tous les gars que tu connais sur un bon buzz de mush
  • Et, Joe, le bassiste, est CLAIREMENT le père de Mike Ward.

Tandis que les autres membres se donnent au point de réinventer la sueur de face, Joey se dandine comme le seul oncle que t’aime quand t’es ado. Il est juste chill, y’est ben, il dégage tout ce que j’espère dégager. Il ont autant de fun que nous. Même qu’à un moment, il nous dit, en bon mononcle niaiseux: « C’est cool que vous buzziez sur un band de vieux monsieurs, mais c’est MA job de vous crinquer. Donc, pour que j’aie l’impression d’être utile, CALME-TOI, MONTRÉAL. »

D’entrée de jeu, ils nous avaient annoncé que, puisqu’ils nous aiment bien et que Blaze, l’album qu’ils nous présentent ce soir, a été mal reçu par les critiques, ils glisseraient quelques classiques dans le show. Promesse qu’ils ont tenue avec Falling Apart, Bombs Away, Razor Burn et May 16.

L’ambiance est capotante. Le mosh pit est juste assez grand, tout le monde chante et le groupe se fait garocher plus de bats qu’une danseuse à l’heure de pointe. Mais il manque quelque chose: du Crowd Surfing. Avec la covid, on ne peut pas monter sur scène pour se pitcher dans la foule. Une chance que La Bonnefemme et ses skills de planification parentaux sont là: durant l’entracte, moi et Jesse, mon photographe pref, avons demandé à Bruno, le spectateur le plus imposant et gentil du public, de me soulever dès le début de la troisième chanson. On prend la peine de pratiquer avant, avec ses chummes de femme.

Arrive la troisième toune et Bruno… avec un gars aussi immense que lui. Ensemble, ils me RAMASSENT et me propulsent sur la foule et je vis une des plus belles affaires du monde.

Descente de la Crowd Surfing Bonnefemme :

La Bonnefemme crowd surf pour la première fois de sa vie et en se foutant ben raide que tout le monde voie son vieux ventre fripé de 42 ans. Ça part le bal, tout le monde me copie pis je me pense bonne. Je me pense bonne comme quand j’étais jeune pis que j’écoutais du Lagwagon en frenchant mal dans une Civic abitibienne.

Photos en vrac (par Jesse Di Meo)

(Pour nos lecteurs d’Apple News, consultez ce lien pour voir les photos)

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