crédit photo: Thomas Mazerolles
Cirque du Soleil - Kurios

Kurios du Cirque du Soleil | Entre passé et modernité, bienvenue dans une poésie démesurée

Quoi de plus annonciateur de la saison estivale que la nouvelle offrande du Cirque du Soleil ? Enfin, pas si nouvelle que cela, puisque cette super production est née il y a exactement 10 ans. Connue pour être celle qui mobilise le plus grand nombre d’accessoires sur scène – 464 en tout – elle marque les esprits par son esthétique steampunk. Un mélange de science-fiction, de découvertes et d’odes au progrès donc, le tout dans une ambiance « michelgondryesque », et présenté dans un feu roulant de numéros. Immersif, captivant, mais aussi étourdissant. Trop ?

Contrairement à Echo qui, l’année dernière, nous proposait une vision plus sobre – disons – de la marque Cirque du Soleil, les curseurs sont de nouveau poussés au maximum pour Kurios. Des costumes flamboyants au style on ne peut plus original, des maquillages structurants, une musique plein volume et très rythmée tout au long du spectacle…

Mais la palme revient sans aucun doute aux décors. Somptueux et ambitieux, ils rendent justice à ce fameux cabinet de curiosités. Locomotive, main géante et mécanique, gramophones : tout est pensé pour mettre en valeur cette vision très patinée et charmante du 19e siècle, véritable ère du consensus évolution/reliques.

Tout commence avec un numéro d’ouverture qui restera dans les annales. L’ensemble des interprètes se présente dans un numéro chorégraphié enlevé et sans temps mort. Certes, le jonglage est mis en évidence, mais on ne peut rester insensible aux déplacements millimétrés. Chant, danse, acrobaties, musique : en plusieurs minutes, voici un condensé de ce qui sera dévoilé durant la soirée. Ça va vite, on en perd des bouts, mais notre cœur d’enfant est totalement séduit ! La barre est placée haut pour le reste des tableaux.

Haut, c’est le mot qui décrit le mieux la plupart des numéros présentés. Que ce soit le Duo Cadre (dans lequel le porteur agit en véritable trapèze humain), le vélo aérien ou les sangles aériennes, les artistes évoluent à des hauteurs vertigineuses. Le dernier évoqué se paie même le luxe de voyager au-dessus du public !

Une nouvelle discipline, l’acronet, inventée durant la création de Kurios, s’inscrit elle aussi dans cette volonté d’altitude inédite. Reposant sur une sorte de trampoline tendu sur toute la scène, elle permet aux protagonistes de s’envoler ou de cabotiner à des sommets plus raisonnables. Ce numéro est d’ailleurs l’un de ceux qui restent en mémoire, d’autant qu’il ouvre une deuxième partie au rythme plus discutable, mais nous y reviendrons.

Bien entendu, les prouesses athlétiques se multiplient, et parmi celles particulièrement notables, on retient le Rola Bola. Exercice d’équilibre sur cylindres et planches, il suscite son lot de craintes et d’encouragements de la part du public ! La scénographie (re)trouve également ses lettres de noblesse, laissant la part belle à des fulgurances techniques innovantes.

L’image inversée de l’équilibre sur chaises en est un bel exemple. Meubles et interprètes au sol, doublés en une symétrie parfaite au plafond ; de nouveau, l’effet Wow ! est atteint. Tout aussi inattendu qu’attachant : le ballet de doigts de l’homme accordéon avec caméra embarquée. Une magie qui opère et suspend le temps l’espace d’un instant…

C’est d’ailleurs le moment le plus tranquille du spectacle. Car l’une des autres caractéristiques du Cirque – qui avait été laissée de côté pour Echo, avec une certaine pertinence – est un rythme effréné qui à la longue, devient épuisant. Sollicitations continues d’images, de musiques, de bruits, de sons, de lumières : l’histoire de cet inventeur déambulant parmi ses folies imaginaires profiterait de moments d’accalmie malheureusement peu ou mal exploités. Pour preuve, la deuxième partie, qui souffre d’une cadence irrégulière, alternant des numéros à gros déploiement, avec des interventions qui s’étirent inutilement en longueur, notamment celles avec le public.

Le Cirque craint les temps morts, c’est bien connu. Mais en dépit de cette imperfection, on se laisse facilement prendre au jeu du « tout garni », les moments de poésie trouvant quand même leur juste place dans cette joyeuse cacophonie.

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