crédit photo: Sebastian Sevillano
Kiss

KISS au Centre Bell | Des adieux (vraiment?) explosifs

Cinq décennies après leur formation, les doyens du shock rock amaricain (dixit le Gratton de Falardeau) étaient en ville pour en mettre plein les yeux et les oreilles à leurs nombreux fidèles, avec leur contagieux rock de grand-guignols.

Il faut savoir que KISS, comme Ozzy Osbourne et Mötley Crüe, ce sont d’authentiques légendes qui ne veulent pas vraiment battre en retraite, enchainant les tournées d’adieu depuis un moment (leur Farewell Tour a démarré en 2000!). Que ce soit en se prenant pour une girouette qui crie au loup, ou encore en guise d’argument marketing, les plus célèbres des rockeurs costumés peuvent toujours compter sur la KISS Army. C’est que cette légion de fans finis s’en fout, toujours heureuse d’être là à chaque visite de leurs Dieux du rock pour remplir les arénas.

Comme hier à guichets fermés dans notre temple du hockey, où des dizaines de milliers de fervents avaient répondu présent, venus communier pour une — énième — dernière fois avant de s’en aller, comme disait ce bon vieux Gerry (‘scusez-la!). Mais pourquoi donc? Pour entendre leurs immortels et innombrables hits, mais surtout (re)voir de leurs yeux ébahis ce trip ô combien explosif qu’est KISS (a)live. Avec Alice Cooper et King Diamond, Paul Stanley, Gene Simmons — ou $immon$ le mercantile pour les intimes — et leurs employés ont tenu le fort du shock rock originel, où règne démesure, décors élaborés dignes des meilleures séries B et autres mises en scènes on-ne-peut-plus théâtrales, régalant autant les fans de la première heure que leurs progénitures.

 

Tellement de hits ‘full destroy’

On ne se contera pas de jokes : le répertoire de KISS, c’est du gros rock basique, d’une simplicité désarmante, et un son entendu mille fois, depuis leur formation non pas à Detroit mais plutôt à New York en 1973. Impossible de nier leur influence (on y reviendra plus bas) ni l’efficacité de leurs compositions, qui déclenchent la plupart du temps hochements de tête et tapements de pied incontrôlés, de même que des sourires surdimensionnés.

Quand tu lances ton show avec des pétards, de la pyrotechnie, des feux d’artifice et deux méga-succès comme la cinématographique Detroit Rock City et la contagieuse Shout it Out Loud, d’emblée, tu annonces assez clairement être là pour passer une époustouflante soirée. Trois autres pièces tirées de Destroyer (sorties en 1976, leur album le plus vendu en carrière) allaient également être jouées hier, pour autant de moments forts du concert. Lors de la toute puissante God of Thunder, mettant en vedette Gene depuis une plateforme qui s’éleva bien haut, le bassiste a fait ce dont on s’attendait, soit cracher du sang comme dans le temps.

En fin de parcours, on eut droit à Do You Love Me, avec Paul sur une scène secondaire à l’autre bout du parterre (après s’y être rendu en tyrolienne!), pendant que Gene et leur guitariste allaient à la rencontre des spectateurs dans les gradins les plus près de la scène, à l’aide de plateformes qui ressemblaient à de grands bras métalliques amovibles (‘fallait être là!). C’était peu avant qu’on entame le rappel avec cette imbuvable mais ô combien incontournable balade intitulée Beth, interprétée par le batteur, installé au piano à queue (et à paillettes), sorti de la scène au milieu du plancher emboucané.

 

D’autres gros canons

On doit plusieurs autres moments forts du concert à des classiques issus du tout premier disque du groupe, l’album homonyme sorti en 1974 (quatre chansons au programme, dont Deuce et Cold Gin), suivi de tubes de Rock and Roll Over (Calling Dr.Love et la rare Making Love) et Creature of the Night (I Love it Loud et War Machine), sortis respectivement en 1976 et 1982. Sans oublier les pièces-titres de Love Gun (1977) et Lick it Up (1983), la première avec un Paul ‘volant’ jusqu’à la susmentionnée seconde scène, et la deuxième avec Gene et ses textes en sauce miso (qui avait l’air du vieux mononc’ que vous évitez dans les partys de Noël…). Évidemment, on avait gardé comme cerise sur le sundae LA paire de succès planétaires du groupe, soit les hymnes rock que sont la dansante I Was Made for Loving You (tiré de Dynasty sorti en 1979) et la sans-lendemain Rock and Roll All Nite (Dressed to Kill, 1975).

Évidemment, on se doit de souligner la performance irréprochable du guitariste Tommy Thayer (avec KISS depuis 2002, mais dans l’entourage du groupe depuis la fin des années 1980) et du batteur Eric Singer (ex-Black Sabbath, ex-Alice Cooper, avec KISS depuis 1991), qui ont fait du très beau boulot, nous faisant quasiment oublier qu’Ace Frehley et Peter Criss — les autres membres fondateurs — n’étaient hélas pas là. Mot clé : quasiment. Après tout, pas moins de 14 de leurs chansons (sur 20, donc près des trois quarts) ont été jouées hier. Soit des pièces qui datent de plus de 40 ans. Ouin.

Cependant, fort à parier que la bonne majorité des heureux rockeurs et rockeuses présents hier sont retournés chez eux en planant un peu, repus de trop de bon rock surdimensionné d’antan et d’avoir vu une fois de plus le plus gros spectacle de rock ever.

 

La fin, vraiment?

Si ce que propose KISS (depuis quand même 50 ans!) est fatalement ancré dans une autre époque (évidemment), reste que plusieurs groupes offrent toujours aujourd’hui du spectaculaire et du haut en couleur, afin d’appuyer leur rock accrocheur et parfaitement remplir les plus grandes salles des métropoles du monde entier. On s’entend qu’un.e artiste solo tout.e seul.e avec une guit’ sèche ou un laptop dans un stade, ça fait un peu beaucoup tout nu, non? Du coup, aller voir KISS aujourd’hui, c’est un peu comme rendre hommage aux pères fondateurs de ce sous-genre extraordinaire, aussi éclaté que fantastique.

Un groupe qui a influencé des hordes de musiciens de tout acabit, tel que Muse, Ghost, The Flaming Lips, Amon Amarth, Rob Zombie, Slipknot et l’intuable Iron Maiden. Et c’est sans mentionner tous les groupes thrash metal qui les adulent (Anthrax et Pantera, et cetera) et tellement de groupes sombres et maquillés (sans KISS, pas de « corpse paint » black metal, t’sais).

Pour l’instant, on ignore si KISS va encore revenir d’entre les morts. Or, on peut quand même remercier chaudement nos « Knights In Satan’s Service », nos spatiaux superhéros, pour les costumes fantastiques, les effets spéciaux hors du commun, les feux d’artifice et pas mal de formidables hits, qui résonneront encore longtemps.

 

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