
Kali Uchis à la Place Bell | Raison et sentiments
Kali Uchis, chanteuse américano-colombienne de 31 ans, a amené sa tournée Sincerely, du nom de son dernier opus, à Laval mardi soir. La ville lui a réservé un très bel accueil, avec une salle pleine à 90% et une joie non dissimulée.
* À noter : Le management de Kali Uchis n’a pas autorisé la prise de photos par notre équipe.
21h tapantes à la Place Bell, Laval. Un rideau rose pâle de style boudoir/burlesque se lève. Une voix off retentit, transcrite à l’écrit sur les écrans géants en anglais et espagnol, pour préparer la « mythologie » quasi religieuse et annoncer l’arrivée de « l’élue » de la soirée : Karly Marina Loaiza, de son vrai nom.
Le public, plutôt jeune voire tout juste sorti de l’adolescence, s’était passé le mot pour refléter dans leurs tenues l’esthétique portée par la chanteuse : robes élégantes et sexy dans les tons roses, fleurs dans les cheveux (on a vu un jeune homme qui en avait une demi-douzaine en barrettes dans ses cheveux courts !) Plus qu’un concert, il s’agissait bien d’un évènement. Des sièges étaient installés en fosse mais ils n’ont que peu servi, tout comme ceux des gradins d’ailleurs : dès la première partie, assurée par l’excellent groupe Thee Sacred Souls, le public était debout, ne prenant qu’occasionnellement des pauses pour s’asseoir.
Le groupe de San Diego, bien qu’assez différent musicalement de la tête d’affiche, semble en revanche partager avec elle un certain engagement politique, auqeul le public est d’autant plus réceptif au vu de la « situation » états-unienne et mondiale actuelle. Le chanteur Josh Lane a ainsi exprimé qu’ils jouaient non dans une bulle symbolique mais bien dans un « monde réel, où ICE [NDLR : les équipes chargées du contrôle de l’immigration aux États-Unis, qui kidnappent et déportent des gens en toute impunité sous le second mandat de Trump] déchire des familles. » Un keffieh s’agite devant nous à ces paroles. Plus tard, une vidéo d’images de l’enfance de Kali Uchis sera projetée pour qu’elle puisse changer de costume, et en voix off on l’entendra parler en anglais et en espagnol de la richesse culturelle et financière qu’apporte l’immigration latino en Amérique du Nord.
Entre les deux performances, un homme venu nettoyer la scène (on comprendra aisément pourquoi ensuite, en voyant Kali Uchis et ses danseurs s’allonger de manière répétée par terre) est acclamé par le public comme s’il faisait partie intégrante du spectacle, et en retour improvise un véritable sketch muet pour faire réagir/chauffer la salle. Un intermède jovial parfait avant que Kali n’apparaisse sur sa balançoire suspendue, vêtue d’une robe corset en bijoux et d’un voile blanc. Elle enchaîne Heaven Is A Home et l’imparable Sugar!Honey!Love! avant de saluer Montréal.
Son set a été visiblement pensé comme une succession de tableaux dont chacun ou presque raconte une histoire. Ainsi on la verra par exemple en héroïne de film noir, filmée avec un filtre rétro et perchée sur une moto avec un pistolet à strass, et les couples de danseurs simuleront une dispute un peu plus tard au cours du concert. Il y aura peu d’interactions avec le public en 1h45 de concert, mais elle enchaînera avec un rythme impressionnant les chansons. Comme elle l’a signalé au début du show, elle fera des chansons de « toute [sa] discographie, pas juste de Sincerely » et ne prendra quasiment aucune pause. Au milieu de son set, elle a en effet enchaîné plusieurs chansons de son album Orquídeas, en espagnol uniquement, qui ont mis en transe le public : on a même vu des duos de danseurs se former spontanément dans la fosse et dans les gradins !
Le seul regret du spectacle sera finalement qu’elle n’ait pas choisi de terminer avec ces chansons, tant retomber ensuite dans ses ballades lascives mais bien moins dansantes fut dur. En dépit du scandale accidentel provoqué par celle de Coldplay récemment, une « kiss cam » a été brièvement mise en place pendant Dame beso//Muévete, mais aucun.e des participant.e.s n’a eu l’air d’être pris.e en flagrant délit d’adultère cette fois-ci !
L’autre aspect plutôt drôle du concert fut la récurrence de sièges divers et variés : on l’a vue sur une balançoire donc, mais aussi dans une tasse de thé géante, sur un lit, une chaise à porteurs, un sofa, un « plongeoir »… Il est vrai qu’elle ne semblait pas particulièrement portée sur la danse, mais sa voix étant totalement envoûtante et maîtrisée, ce qu’elle a prouvé a cappella plusieurs fois, et son charisme étant indéniable, ce n’était nullement un problème, et ses talentueux danseurs étaient là pour remplir cette fonction.
Après une dernière partie où, harnachée d’ailes d’ange géantes, elle a entre autres fait chanter la foule (qui connaissait les paroles par cœur) sur Dead To Me, Kali Uchis s’éclipse après un dernier rappel. Confirmer qu’elle est indispensable au paysage musical actuel et conquérir quiconque la verra en live : missions accomplies.
- Artiste(s)
- Kali Uchis
- Ville(s)
- Laval, Montréal
- Salle(s)
- Place Bell
- Catégorie(s)
- Musique du monde, Pop, R&B, Soul,
Vos commentaires