John Moreland

John Moreland au Ritz PDB | Une authenticité pure

Une voix grave et parfois enraillée. C’est ce qui caractérise John Moreland, ce chanteur établi à Tulsa en Oklahoma. Venu au Ritz PDB dans le cadre de sa tournée nord-américaine, l’Américain a emballé un nombreux public par ses qualités vocales hors du commun et un sens de l’écriture digne des plus grands.

Avec comme seul compagnon de route une guitare, le songwriter a magnifié l’Americana par cette simplicité qui lui est propre. Pas d’artifices, non. Il aurait pu être accompagné par son acolyte musicien, mais lui était au mariage de son frère. Et c’est tant mieux puisque le public du Ritz PDB a assisté à un véritable moment cosmique d’un duo chant-guitare tout simplement ébouriffant rappelant le grand Eddie Vedder.

Une justesse technique

Une simple réverbération dans la voix pour se croire dans le recoin d’une crique des Wichita Mountains et le tour est joué. John Moreland emballe le silencieux et très respectueux public par les premières notes jouées de la sensible Old Wounds issu de son dernier disque Big Bad Luv. Le décor est planté, la qualité de jeu à la guitare est là.

On passera plusieurs fois par des morceaux où le pickin’ démontrera comment, avec tant de finesse, les imposants doigts de John Moreland peuvent glisser sur les cordes tel un poisson dans les eaux du lac bordant la Quartz Mountain dans son Etat originel. Break My Heart en sera un parfait exemple, tout comme 3:59am ou Cheeroke.

Le jeune trentenaire ne sera pas, tout au long de l’heure et quart de concert, celui qui emballera la foule par des fantaisies ni des interactions. Difficile de croire qu’il commença d’ailleurs sa carrière musicale dans des groupes de punk alors que son calme olympien est perceptible aujourd’hui. Il enchaîne les morceaux de façon millimétrée, se laissant toutefois quelques minutes de répits pour le raccordement de sa guitare. Se poursuivent dès lors quelques chansons envoûtantes telles que Losing Sleep Tonight et son palm mute exquis (le palm mute consiste à étouffer les cordes par la paume de sa main).

Le public est enthousiaste, et ce dès les premiers morceaux. Il faut dire aussi qu’il a eu le droit à une performance d’une extrême sensibilité avec la première partie jouée par le talentueux Will Johnson. Les applaudissements sont nourris, et certains le sont plus que d’autres comme à la fin de la belle ballade I Need You to Tell Me Who I Am. On entend dans la salle un homme crier « You’re fuck*** good » ou encore une autre qui lance à ses amis « Esti qu’il chante bien ! ». Un autre veut « ten more songs ». Mais John Moreland avoue qu’il n’en a pas autant dans sa besace.

 

Seul le talent compte

Il n’y aura pas de rappel donc. John Moreland l’explique de façon humoristique qu’il irait attendre sagement derrière la porte qu’on l’acclame pour qu’il revienne, mais il ne veut pas de ça. Non, il veut conclure son concert comme il l’a commencé : tout simplement. C’est authentique, comme l’est d’ailleurs ce personnage.

Et dans un monde de la musique où désormais le physique compte parfois plus que le talent pour percer, John Moreland prouve tout son contraire. On ignore alors son imposante silhouette pour se plonger seulement dans l’excellence de son art par le biais de sa rugueuse voix grave taillée comme une roche de l’Oklahoma. Son country est magique et la joie qu’affichait le nombreux public du Ritz PDB à la fin du concert était bien là pour le témoigner.

 

Liste des chansons

  1. Old Wounds
  2. Losing Sleep Tonight
  3. Lies I Chose to Believe
  4. Oh Julia
  5. Break My Heart Sweetly
  6. Hearts’s Too Heavy
  7. God’s Medicine
  8. Avalon
  9. It Don’t Suit Me (Like Before)
  10. 3:59am
  11. American Flags in Black & White
  12. Nobody Gives a Damn About Songs Anymore
  13. Cherokee
  14. I Need You to Tell Me Who I Am
  15. No Glory In Regret
  16. Blacklist

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