Jessie Reyez au MTelus | Le talent et la joie
C’est un MTelus en travaux que nous retrouvions hier, mardi 2 décembre, pour le concert de Jessie Reyez. Si les choses ont changé dans la salle, cela n’a pas semblé affecter les Montréalais.es venu.e.s en masse pour acclamer la chanteuse canadienne, en tournée pour défendre son excellent album Paid in Memories. Née de parents colombiens à Toronto il y a 34 ans, la chanteuse et parolière de talent – derrière One Kiss de Dua Lipa et Promises de Sam Smith, sans compter bien sûr ses propres chansons – a illuminé la scène de sa présence.
Dans le public, avant même qu’elle n’apparaisse, on entend du français, de l’anglais, de l’espagnol ; diversité de langues et de cultures dont elle se déclarera particulièrement fière plus tard au cours du spectacle. Il y a aussi, plus étonnamment, de très jeunes fans, même si de son propre aveu, ce n’est pas « un show pour enfants » : en effet, elle n’a ni peur de jurer ni de parler ouvertement de sexe, que ce soit en chanson ou lors de ses échanges avec le public.
En première partie, l’artiste RAAHiiM donne le ton plutôt R&B et sensuel de la soirée. Il reprend même Pony de Ginuwine, redevenu célèbre à la suite du film Magic Mike de Steven Soderbergh, où Channing Tatum pratiquait ses talents d’effeuilleur sur le morceau. La chanson originale date de 1996, et RAAHiiM et sa musique semblaient tout à fait sortir de la même période.
Puis, 21h arrive et Jessie Reyez apparaît devant nous, tenue sexy, longs cheveux ondulés et lunettes de soleil, qu’elle enlève après la première chanson. Derrière elle, il y a trois musicien.ne.s et un écran qui projette des dégradés de couleurs. On ne peut s’empêcher de remarquer un assemblage de couleurs rappelant le drapeau bisexuel qui revient de façon récurrente : l’artiste a en effet fait son coming-out bisexuel en 2017. Une déclaration publique toujours courageuse, mais qui l’était d’autant plus alors qu’elle venait de percer seulement un an auparavant avec son single Figures.
Cette chanson qui l’a fait connaître, elle l’a reprise hier soir, mais en acoustique, seule avec sa guitare. Le public connaissait les paroles par coeur de A à Z et ne s’est pas fait prier pour l’accompagner. Il faut dire que quasiment toutes ses chansons étaient connues des personnes présentes hier, et qu’elles étaient déjà en délire dès la troisième chanson ; c’était très impressionnant à voir.
La chanteuse ne mâche pas ses mots : « Je suis Jessie fucking Reyez », « Les gens qui disent que les musicien.ne.s ne devraient pas parler de politique peuvent aller se faire foutre », assène-t-elle notamment avec un keffieh sur l’épaule. Elle ne ménage pas son énergie. Elle danse, récupère les brassières qui volent sur scène, dialogue avec les gens aux premiers rangs, fait des allers-retours entre l’avant-scène et la passerelle installée en hauteur, et, surtout, chante extrêmement bien.
Une joie de vivre et une simple aisance d’être sur scène se dégage très clairement de Jessie Reyez et c’est un vrai bonheur d’assister à un spectacle d’une artiste aussi communicative, qu’elle s’exprime verbalement ou non. « Il y a trois règles à mes shows : 1, c’est un espace où personne ne devrait avoir honte d’être qui il est, 2, vous devez repartir d’ici avec une voix de fumeur à force d’avoir trop chanté, et 3, vous devez sortir de la salle dans un meilleur état d’esprit que celui dans lequel vous êtes venus, quel qu’il soit », dit-elle. Des règles extrêmement faciles à respecter lorsqu’on assiste à un spectacle de Jessie Reyez !

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