Jacques au Théâtre Fairmount | Tout était magnifique
Jacques, l’anomalie musicale qui fait lever les sourcils et danser les foules partout en France depuis un moment déjà, atterrissait à Montréal vendredi le temps d’une prestation qui ressort vraiment de la tapisserie électro actuelle. Et ça a fait du bien.
Jacques est drôle.
Il s’est bâti tout un univers d’une absurdité absolue, avec des mouvements signature, des clips disjonctés et, surtout, une coupe de cheveux, disons, novatrice (pour être poli).
Une coupe de cheveux qui consiste en une couronne capillaire, le dessus du crâne rasé, les côtés fournis. Comme un moine. Ou comme ton oncle qui fait de la calvitie sévère.
Jacques est philosophe.
Son coco dégarni, il l’arbore pour être volontairement laid, question de ne pas tomber dans le piège de l’apparence. Il en fait même des TED Talks.
Et son côté vieux sage transparaît dans la performance, quand on voit que dans le fond, sa musique, il la fait pour lui-même, ne s’intéressant que très rarement à son public, n’interagissant pas ou peu et ne souriant pas nécessairement lorsqu’on l’applaudit mais plutôt lorsqu’il est satisfait d’avoir trouvé le son qu’il cherchait. Ça fait une prestation peut-être un peu froide, mais ça remet aux membres de l’audience la job de s’occuper eux-mêmes de l’ambiance.
Jacques travaille autrement.
Il a plusieurs hits studio mais il n’en joue aucun en spectacle. Chaque soirée est une nouvelle performance où il échantillonne tout ce qui se trouve autour de lui pour improviser et bâtir une seule et très longue pièce d’excellente électro/house/techno. Cette façon de faire lui donne non seulement un son unique mais rend la prestation hypnotisante; tout le monde le regarde attentivement en attendant de voir quel sera le prochain objet qu’il incorporera dans le mix.
D’ailleurs, v’là une liste non-exhaustive des gogosses qu’il a samplé hier au Théâtre Fairmount :
- Des élastiques
- Une coupe à vin (qu’il a explosée en frappant trop fort dessus)
- Une bouteille de Perrier
- Un genre de call de chasse d’un oiseau inconnu
- Des couteaux
- Des colliers
- Un peigne
- Un ventilateur
- Une balloune
- Un minuteur
- Une clochette de lobby de commerce
- Du papier sablé
- Un bâton de hockey (qu’il a frappé sur les poutres du plafond en guise de percussion)
- Une balle de ping-pong
- Un plateau d’argent
Donc une approche vraiment loufoque, mettons. MAIS avec un résultat de grande qualité.
En fait, c’est ce qui fait qu’il y avait autant foule (tellement foule que certains n’ont même pas pu entrer semble-t-il) hier : c’est vraiment de la bonne musique.
Parce qu’une approche comique et excentrique ne ferait de Jacques qu’un feu de paille avec une tête de chauve si les compositions qui en ressortent n’étaient pas aussi béton.
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