Cirque du soleil

Hommage à Jean Leloup par le Cirque du Soleil | Le directeur de création nous dévoile ce qu’il en sait…

Pour une dixième fois, le Cirque du Soleil s’associe à l’Amphithéâtre Cogeco de Trois-Rivières afin de présenter cet été un spectacle qui honorera à nouveau un (grand) artiste québécois. Après Daniel Bélanger, Robert Charlebois ou encore Beau Dommage, ce sera au tour de Jean Leloup de se mériter une production circassienne originale, jouée du 15 juillet au 15 août 2026. De Menteur à L’étrange pays, le Cirque du Soleil piochera dans les différents albums et les diverses périodes de l’artiste pour présenter un spectacle hors des normes, apparemment son plus extravagant dans l’Amphithéâtre Cogeco d’après les rumeurs qui courent. Entrevue avec Daniel Ross, directeur de création du Cirque du Soleil.

C’est certain qu’on aimerait avoir des performances qui sortent de l’ordinaire, qui provoquent les sens. Qui provoquent le public aussi, qui les déstabilisent, parce que c’est ce que Jean Leloup a fait pendant toute sa carrière.

Daniel Ross poursuit : « On n’a pas encore choisi ce qu’on va faire exactement, mais on aimerait faire des choses qu’on n’a jamais vues à Trois-Rivières, et même peut-être une chose qu’on n’a jamais vue au Cirque du Soleil. » Vous comprendrez que cette toute nouvelle production du Cirque du Soleil, qui verra le jour à l’été, en est encore à sa phase préliminaire. Mais les idées bouillonnent de toutes parts, et l’équipe derrière cet hommage à Jean Leloup a l’embarras du choix quant au matériel musical à utiliser.

« On veut s’entendre sur un choix de chansons. C’est peut-être le plus grand défi dans tout ça. Il y a tellement de chansons qui sont tellement toutes bonnes. Il va falloir qu’on en choisisse au maximum une quinzaine pour faire un spectacle de 75-80 minutes. »

Jean Leloup a débuté ses activités au milieu des années 1980, et a depuis lancé plus de 120 chansons. Certains de ses disques sont plus rock, d’autres plus axés sur le texte, sur la poésie, alors que certains de ses morceaux sont purement psychédéliques. Malgré les différentes explorations musicales, une direction claire unit les époques de Leloup : cette manie de lier sa musique à des concepts, caractérisant le chapitre par une tranche distincte de l’artiste.

* Photo par Carmen Rachiteanu.

« Son état et son personnage ont évolué aussi à travers le temps. C’est certain qu’on veut aussi se servir de ça au niveau dramaturgique pour étoffer notre spectacle. Il y a beaucoup de moments très cinématographiques ou théâtraux, des personnages extraordinaires dans chacune des chansons aussi. »

Et le fameux changement de ton de l’album Mexico, on le retrouvera dans le spectacle? « Il l’a fait de façon très théâtrale, quand Jean Leclerc a tué Jean Leloup, qu’il a brûlé sa guitare! Juste à en parler, il y a des images qui surgissent, donc c’est certain qu’on va en tenir compte. »

Marie-Ève Milot, qui s’est également occupée du spectacle de l’année dernière sur Daniel Bélanger (et avec qui nous nous étions entretenus à propos de ça), orchestrera la mise en scène de cette toute nouvelle production sur Leloup.

« Marie-Ève nous vient avec un background de théâtre, donc c’est vraiment rafraîchissant pour nous de travailler avec elle. Elle amène un autre regard, un regard un peu différent, un regard aussi d’une autre génération. » À l’arrangement musical, Jean-Phi Goncalves reprend sa casquette de directeur musical.

L’amphithéâtre Cogeco est devenu, au fil des années, le terrain fertile du Cirque du Soleil voulant diffuser des hommages à la culture d’ici, connectant particulièrement avec un public d’ici. Une sorte de secret bien gardé pour se faire plaisir entre nous, Québécois, partageant les mêmes références culturelles.

« En général, nos spectacles sont soit en tournée internationale, soit à Las Vegas. Bref, c’est des shows qui sont conçus pour un public international. Le seul endroit où tu vas voir des spectacles du Cirque du Soleil qui sont axés sur la culture québécoise, c’est à Trois-Rivières. C’est sûr que notre culture est présente dans tous nos spectacles, mais de façon moins évidente. »

Daniel Ross nomme, en entrevue, ses deux albums préférés de Leloup. L’amour est sans pitié, son deuxième, puis L’étrange pays, son plus récent, sorti en 2019. Un album est rock et rebelle, l’autre est introspectif et folk. Il a découvert le premier à 18 ans, l’autre, à la fin de sa quarantaine. « J’ai des collègues qui ont 10 ans de moins que moi, et pour eux, leur album, c’est Les Fourmis [sorti en 1998]. Et un jeune artiste comme Hubert Lenoir a aussi été très influencé par Jean Leloup. » Bref, Leloup a touché et touche encore toutes les générations de Québécois, et parfois plusieurs fois dans une même vie. La force d’un artiste intemporel, d’après Daniel Ross.

* Jean Leloup à l’Arsenal, en 2019. Photo par Carmen Rachiteanu.

« Ce qui est vraiment excitant par rapport à Jean, c’est son côté un peu enfant terrible. Et même dans ses moments plus sages, c’est quelqu’un qui ne fait pas de compromis. Nous aussi, au Cirque du Soleil, on essaie de ne pas trop en faire des compromis non plus. On aime ça aller au bout des choses. C’est dans notre ADN, et les gens qui travaillent avec nous en général sont aussi des enfants terribles. C’est pour ça qu’on fait ce qu’on fait, dit Daniel Ross en souriant. Pour nous, il y a une connexion immédiate avec l’œuvre de Jean, et avec le personnage aussi. Ça devrait être un gros party quand même, ce show-là. »

Une première version semi-finale du spectacle devrait être prête pour le mois de février. Répété trois semaines avant la première représentation, le spectacle commencera à être présenté dès le 15 juillet, pour une durée exacte d’un mois. Vous pouvez dès maintenant réserver votre place par ici.


* Cet article a été produit en collaboration avec l’Amphithéâtre Cogeco.

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