crédit photo: Pierre Langlois
Bill Nace

Haley Fohr & Bill Nace à la Casa del Popolo | Intense et dense!

Haley Fohr, chanteuse et auteure-compositrice, connue pour sa voix à quatre octaves et son style distinctif de guitare à douze cordes. Bill Nace, guitariste expérimental et artiste visuel ayant collaboré avec notamment Yoko Ono, Thurston Moore (Sonic Youth), Joe McPhee et Steve Gunn. Ensemble, ils offrent un spectacle dans l’intime Casa del Popolo, de quoi titiller n’importe quel mélomane qui carbure à la curiosité. Notre collaborateur Pierre Langlois s’y trouvait. Retour en images sur l’évènement.

Haley Fohr & Bill Nace

Dimanche froid d’automne, quelques casaniers ont décidé de sortir de leur tanière pour venir entendre ce que Fohr, qui perfectionne et élargit son art depuis plus d’une décennie, et Nace, guitariste avec un impressionnant assortiment éclectique de collaborateurs, ont à offrir.

Début de soirée un peu étrange puisque l’artiste ayant comme mandat de jouer en première partie se faisait attendre. Elle arrive finalement un peu après 21 heures, installe son matériel et… quitte pour ne plus jamais revenir donc, place au duo tant attendu.

Dès le départ, les musiciens de Chicago attaquent : ils nous proposent immédiatement un mur de son dense, alimenté principalement par les feedbacks créés par Nace qui met en place un matériau sonore élastique sur lequel Fohr dépose des sons générés par son synthétiseur, l’électronique de Fohr gronde comme lorsqu’une tempête s’annonce.

Sans interruptions, la musique se transforme. Tel un peintre, le guitariste ajoute progressivement des couches. Par moment, il utilisera un taishōgoto électrifié (alias harpe Nagoya), un instrument développé au Japon et largement adopté en Afrique de l’Est qui utilise des touches semblables à celles d’une machine à écrire. Le son qu’il en tire est stupéfiant. D’ailleurs, chacun des sons qui sortent de ses instruments est imprégné de suffisamment de réverbération et de parasites pour modifier son origine. De son côté, Fohr improvise avec une voix sans paroles et de l’électronique, ses interventions ouvrent des voies radicalement différentes à la pièce.

Finalement, on aura droit à une pièce unique d’environ 45 minutes. À travers une façade bruitiste, leur musique nous a présenté un chaos intense nourri par une interaction énergique. Par moments, la musique se calmait pour nous révéler les éléments distinctifs que chacun apportait. Si individuellement leurs travaux semblent très éloignés, dimanche leur intrépidité les a réunis pour le meilleur.

Reste que ce ne fut pas une session d’écoute facile pour l’auditeur qui gagnerait à réentendre l’ensemble de la performance pour en découvrir, plus en détails, les motifs et les textures qui nous ont été offertes.

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