Grand Corps Malade au MTELUS | De l’authenticité à revendre
Pour son quatrième et ultime spectacle avant sa tournée québécoise de ce printemps, Grand Corps Malade fait du MTELUS une salle comble. Après plus de six ans sans performer en terres québécoises, le rappeur et slameur français est maintenant résident de Montréal, et fier de l’être. La salle disposée en format cabaret attendait impatiemment la venue de l’artiste qui a su offrir un spectacle mêlant émotions et fous rires avec une telle dextérité qu’on ne peut que dire « oui » à un tel mariage de sentiments.
En toute transparence, on pourrait également nommer cette critique Mea Culpa d’une fille qui snobait le slam. Grand Corps Malade est un nom qui m’était familier, mais sans plus. Peut-être avais-je tendu l’oreille lorsque ses chansons les plus populaires jouaient à la radio ou dans un quelconque salon, mais jamais vous ne m’auriez vu taper les lettres de son nom sur les sites de streaming de mon plein gré. Alors ceci est ma lettre d’excuse puisque jamais je n’aurais cru quitter le MTELUS hier soir avec un tel sourire aux lèvres et autant de nouvelles chansons dans ma liste de lecture du mois de janvier.
S’installant au micro avec pudeur, vêtu d’un pantalon et d’un chandail noir, canne à la main, son charisme en guise d’accessoire, l’artiste semble avoir fait racine dans la scène tellement il s’y semble à sa place. Sa voix qui ferait rougir le meilleur des baritons a la capacité de faire voyager des mots et de les faire entendre aux gens pour qu’ils les comprennent. Maître de la plume, dès les premiers mots, ça y est, la foule est pendue à ses lèvres.
Une complicité immédiate
Ouvrant le spectacle avec J’ai vu de la lumière, il souligne la présence de lui et ses musiciens dans la salle de la rue Sainte-Catherine en modifiant les paroles de sa chanson pour « Janvier 2025, le MTELUS de Montréal, on a vu de la lumière, alors on est entrés. » Petit clin d’œil faisant tout de suite comprendre qu’il n’en faudra pas beaucoup pour que le géant de la musique établisse une complicité avec ses fans présents.
Revenant d’une tournée française avec son nouvel album REFLETS, « C’est vous, c’est moi, c’est le fait que vous vous reflétez dans mes chansons », dit-il. Il jouera, au cours de la soirée, plusieurs de ses nouveaux morceaux, mais également des classiques, au grand bonheur de son public. Parmi celles-ci, le spectacle enchaîne avec des pièces telles que St-Denis et Roméo kiffe Juliette soutenues par des vidéos projetées sur des toiles amovibles suspendues au fond de la salle.
Sous une lumière chaleureuse, les premières notes de piano de Retiens les rêves, un morceau phare de son dernier album, durant lequel l’artiste se permet de pousser les notes lors du refrain. Il s’agit d’une pièce touchante où il aborde les moments anodins du quotidien avec ses enfants, mais qui lui paraissent si précieux et éphémères. Un silence plane lors des dernières notes, le public visiblement ému. Grand Corps Malade, toujours en symbiose avec ses spectateurs, en profite pour demander à la foule de réaliser un rêve qu’il chérissait en écoutant cette chanson. La requête est simple : allumer les lampes de poche des téléphones afin de créer une voie lactée de petites lumières et de chanter le refrain tous ensemble. Un moment inoubliable.
Il est particulier de cerner les moments clés d’une soirée si spéciale durant laquelle chaque chanson semble être une nouvelle pièce de théâtre. Évidemment, il faut souligner la présence de la chanteuse québécoise Marie-Mai, qui a sans aucun doute surpris le public par son passage au MTELUS, afin d’interpréter Mais je t’aime, un incontournable de la discographie de Grand Corps Malade.
Il interprète ensuite le titre À chacun sa bohème, rendant hommage au défunt Charles Aznavour. La pièce reprend les iconiques notes au piano de La bohème, mais bien servie à la sauce de Grand Corps Malade et de ses textes. Avec cette chanson, il fait également un clin d’œil au film Monsieur Aznavour, dont il est d’ailleurs co-scénariste et co-réalisateur.
Ne pas chanter la chanson À Montréal au MTELUS aurait été un blasphème ! Soulignant sa joie de s’identifier maintenant comme montréalais, mentionnant d’ailleurs qu’il est « Québécois et fier de l’être » et qu’il s’agit d’une tournée québécoise avec des musiciens québécois et des techniciens québécois. Ainsi, il entame l’œuvre qui fait clin d’œil aux rues et au monde de vie de la métropole. Il est amusant de reconnaître à travers ce texte divers lieux familiers auxquels on peut se reconnaître, mais à travers un texte livré par un homme à l’accent français. En même temps, n’est-ce pas là la beauté de Montréal?
Par contre, l’apothéose de ma surprise et de ma joie a été atteinte lorsque Marsaud invite sur scène le rappeur MCO qu’il présente comme « un très jeune rappeur prometteur ». La foule intriguée a alors été sidérée de voir apparaître à côté du géant, un petit garçon de 11 ans. Ce gamin est en vérité le fils de Francis Marsaud, venu nous servir un moment père et fils remarquable lors de l’interprétation de la chanson C’est moi qu’écris mes textes, dans laquelle il figure. C’était l’émoi dans le MTELUS. Dur de se contenir devant un moment si précieux et émouvant.
Si critique il devait y avoir, ce serait davantage sur la disposition de la salle que sur le spectacle lui-même. En effet, les tables au parterre donnaient l’impression que la foule semblait blasée ou désintéressée par moment, alors qu’elle était bel et bien captivée. De vivre l’expérience debout et de pouvoir danser et bouger à notre guise aurait élevé le niveau de la soirée puisque, finalement, le public a terminé le rappel en se dandinant, poussant les chaises au bout de leur pied. Si un homme accoudé sur une canne peut donner ce genre de performance debout toute la soirée, le public l’encourageant le peut aussi!
Difficile de saisir avec quel sortilège Fabien Marsaud réussit à charmer autant de personnes, de partout et de générations différentes, mais il le fait avec une aisance et une authenticité rare. Attachant de la première note, jusqu’au « faux rappel » (il est demeuré sur scène, justifiant son immobilité par « la flemme »), cette soirée restera gravée dans ma mémoire longtemps.
Dates de la tournée printanières
Jeudi 13 mars 2025
Ottawa – Centre National des Arts (Salle Southam)
Vendredi 14 mars 2025
Laval – Salle André-Mathieu
Samedi 15 mars 2025
Sherbrooke – Théâtre Granada
Samedi 22 mars 2025
Québec – Grand Théâtre de Québec (Salle Louis-Fréchette)
Jeudi 3 avril 2025
Longueuil – Salle Pratt et Whitney Canada
Vendredi 4 avril 2025
Joliette – Centre Culturel Desjardins
Jeudi 10 Avril 2025
LaSalle – Théâtre Desjardins
Billets en vente ici.
- Artiste(s)
- Billie du Page, Grand Corps Malade
- Ville(s)
- Montréal
- Salle(s)
- Métropolis - MTELUS
- Catégorie(s)
- Francophone, Slam,
Événements à venir
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