Gojira

Gojira (et Tesseract) au Métropolis | Cataclysme cathartique

Le groupe de death metal français Gojira faisait trembler la scène du Métropolis vendredi soir en compagnie du groupe anglais Tesseract en guise de première partie.


Encensés dans leur pays natal (la France), et plus particulièrement depuis la sortie de leur dernier album Magma, il semble pourtant compliqué de considérer encore aujourd’hui Gojira comme un produit hexagonal alors que les frères Duplantier sont maintenant exilés aux États-Unis depuis plusieurs années.

Écrit et produit dans un studio de New-York, ce dernier opus est tout de même remarquable en son genre, entendons-nous. Plus exaltant et peut être moins progressif que les précédents, Gojira semble assumer un travail moins exploré jusqu’alors, qui met l’accent sur la concision et l’efficacité, avec des morceaux construits autour de motifs et structures rythmiques moins variées (mis à part The Cell peut-être). Pourtant le groupe continue d’ébranler l’auditeur, et de transmettre une démarche artistique toujours aussi complexe et appliquée.

Gojira dérange et soulage. Il y a quelque chose de très cathartique à voir le quatuor se produire sur scène à vrai dire, comme un besoin de chasser une colère pesante. Les mots de Joe hier n’était pas anodins c’est certain. « On a tous quelque chose à évacuer ce soir », sans doute en référence aux récents épisodes malheureux qui ont touché la fratrie Duplantier pendant l’enregistrement de ce dernier album. L’échange avec la foule fut surprenant, fort et grave, comme si effectivement, un mal général avait besoin d’être expulsé.

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Et on embarque dans la transe

Derrière, la rythmique mène la danse. Simple et percussif, à l’image de certains nouveaux morceaux de Magma comme Stranded et The Shooting Stars, ou hypnotique, et beaucoup plus exaltant sur The Cell ou l’excellente Terra Inc. (une balade ambiante cachée à la fin de l’album homonyme de 2001), Super Mario colore l’environnement à première vue sombre que dépeint Gojira. Sur un solo d’une quinzaine de minutes, il expose à nouveau ses expérimentations sonores et prouesses rythmiques, nuance et anime ses frappes comme peu de batteurs du genre sont capable de le faire aujourd’hui (on pensera peut être à Sean Reinert de Cynic). Mais sans doute y a-t-il déjà bien longtemps que la réputation de Mario Duplantier n’est plus à prouver.

La prestation aurait pu être presque parfaite si l’acoustique du Métropolis n’avait pas une nouvelle fois frappé. Sur Silvera surtout, un des nouveaux standards de Magma, on peine à entendre Joe Duplantier s’égosiller sur le devant de la scène. Mais qu’à cela ne tienne, la prestation des Français est ultra solide, et Gojira nous embarque dans un univers difficile mais stimulant, extatique. La conscience plus légère, on profite ultimement de la profusion d’énergie dans la foule et du show monumental adressé sur scène. En guise de belle surprise, Gojira lance Clone, de son premier album Terra Incognita, avant de terminer avec deux morceaux cultes de The Way of All Flesh, soit Oroborus et Vacuity.

Le rendez-vous est déjà fixé, Gojira reviendra à Montréal annonce Christian Andreu, décidément surpris par l’accueil du public québécois. On pronostique un Heavy Montréal pour l’an prochain ?

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