
Francouvertes 2025 – Demi-finales – Soir 2 | Maude Sonier, Naïma Frank, Neimo
Au terme de cette deuxième de trois soirées de demi-finales, seule l’artiste de pop alternative Maude Sonier est parvenue à se tailler une place parmi les prétendants à la finale du concours-vitrine Les Francouvertes. Malgré une prestation éclatante, l’aventure s’arrête ici pour Naïma Frank, tout comme pour Neimo, dont le passage aux Francouvertes aura sans doute marqué une étape formatrice dans sa jeune carrière.
Rappelons qu’après les rondes préliminaires, tous les compteurs sont remis à zéro pour les candidats et candidates, et que, donc, tout reste possible. Parmi les neuf demi-finalistes, seuls trois auront la chance de monter sur la scène de la grande finale, le 12 mai prochain. Pour y parvenir, ils doivent séduire à parts égales le public et le jury de l’industrie, chacun comptant pour 50 % de la note finale.
Comme le veut la tradition, une ex-participante des Francouvertes a lancé la soirée avant l’entrée en scène des demi-finalistes. C’est donc Tamara Weber, révélée lors de la 26e édition en 2022, qui est venue pour nous présenter son indie pop folk aux teintes lumineuses. Née à Port-au-Prince et ayant grandi en Beauce, l’autrice-compositrice-interprète a une puissante et expressive voix. Parmi les moments forts de son passage : Tout ce qu’il reste, aux accents reggae, et Spirale, portée par une mélodie qui s’élève et prend toute son ampleur.
Mention spéciale à la batteuse Marie-Anne Tessier, dont la richesse des textures de son jeu a su enrichir la formule duo avec une profondeur qui nous faisait oublier qu’on n’avait pas devant nous un band complet. On peut l’entendre dans différents projets comme musicienne invitée, et c’est chaque fois un passage remarqué.
* Photo par Frédérique Ménard-Aubin
Maude Sonier
Dans ses propres mots, Maude Sonier fait de la pop alternative acadienne. Arrivée quatrième lors des rondes préliminaires, elle abordait les demi-finales en bonne position pour viser une place en finale. Avec « sa fraîcheur, sa prestation sans concession [et] un sourire contagieux », elle avait été le coup de cœur de la soirée pour notre collègue de Sors-tu?.
Dès son entrée sur scène — un grand « Coucou les Francouvertes » lancé sourire aux lèvres — sa présence scénique et sa joie communicative se sont confirmées comme l’une de ses forces. Des qualités indéniables dans le contexte d’un concours axé sur la performance scénique.
Sa voix, à la fois douce et puissante, lui ouvre un registre vocal intéressant, bien que celui-ci nous ait semblé sous-exploité. Son répertoire est soigné : les textes tiennent la route et les mélodies, sans être particulièrement marquantes, sont agréables.
C’est du côté des arrangements — ou peut-être simplement de l’interprétation du groupe — que la proposition manquait un peu d’élan. Le band accompagne correctement, mais semble parfois coincé dans des balises trop étroites. Quelques passages de jams ou de solos ont laissé entrevoir un potentiel plus éclaté, mais ces moments retombaient vite dans un terrain plus convenu. Sur Jusqu’au prochain printemps, on a senti que quelque chose pouvait décoller — on en aurait pris davantage.
En somme, Maude Sonier a su charmer par son énergie et ses compositions « feel good ». Une performance solide, qui gagnerait à s’appuyer davantage sur l’audace musicale de l’ensemble.
* Photo par Frédérique Ménard-Aubin
Naïma Frank
En étant la dernière sélectionnée parmi les demi-finalistes, Naïma Frank est un peu entrée par la porte d’en arrière de cette étape du concours. Ayant couvert sa prestation en ronde préliminaire, j’ai pu comparer les deux passages — et le contraste était frappant. À l’époque, j’avais souligné qu’elle possédait toutes les qualités pour se rendre en demi-finale, mais qu’elle gagnerait à créer « un momentum qui se termine dans l’intensité » et à éviter une proposition trop uniforme. C’était une artiste que j’avais particulièrement appréciée, et j’espérais sincèrement la revoir dans une version plus affirmée d’elle-même.
Dès son entrée sur scène au Cabaret Lion d’Or, on a senti qu’on allait assister à une tout autre performance. La transformation que j’espérais était au rendez-vous. J’ai même lâché un petit “wow” intérieur en l’entendant entamer Lola, voilée de noir.
Ce que je reprochais à sa première prestation — un manque d’éclat, de nuances, une certaine homogénéité — avait complètement disparu. C’était une performance métamorphosée, ou du moins c’est ainsi que je l’ai ressentie.
Elle a livré une prestation construite autour du fil rouge de ses amours : les amours insouciants, les amours violents, et la violence de ne pas s’aimer soi-même. Musicalement, les séquences électroniques et les échantillonnages ajoutaient une texture riche à l’ensemble. Sa prestation était tout sauf ordinaire, homogène ou sans relief.
Après avoir vu six des neuf demi-finalistes, et si ça n’avait tenu qu’à moi, Naïma Frank se serait hissée au sommet des demi-finales. Qu’elle ne se retrouve même pas dans le top 3 des six candidats ayant foulé les planches me laisse franchement perplexe. La voix de Naïma Frank possède la tonalité et le grain des chanteuses soul accomplies, son interprétation est riche, et les arrangements hier étaient digne des spectacles bien rodés. Mais les concours ne sont pas toujours garants du succès d’une carrière musicale, alors on se retrousse les manches!
* Photo par Frédérique Ménard-Aubin
Neimo
Neimo, jeune rappeur montréalais d’origine française, s’est montré visiblement reconnaissant de se retrouver en demi-finale, lui qui, en ronde préliminaire, avait su « faire grimper d’un cran l’intensité de la soirée ». Ce ne fut pas tout à fait le cas cette fois-ci, bien que le contexte y soit pour quelque chose : le public présent n’était pas parmi les plus enthousiastes qu’il m’ait été donné de voir en de nombreux passages aux Francouvertes. Mais, comme tout bon rappeur qui se respecte, Neimo a fait preuve de ténacité et est parvenu, à force d’énergie, à gagner la salle.
Lui et sa bande de musiciens avaient terminé sixièmes lors des préliminaires. On apprendra plus tard en soirée qu’ils ne parviendront pas à se tailler une place en finale.
Accompagné de ses musiciens et du DJ White Socks, Neimo a livré des textes engagés, abordant entre autres la montée de l’extrême droite et les inégalités sociales. On est loin ici du gangsta rap, même si un projet de « rap qui fait peur » serait en préparation avec son complice aux platines. Dans le contexte géo-politique actuel, on ne peut qu’encourager une musique engagée qui fait craindre.
Personnellement, je ne suis pas adepte de l’autotune — d’autant que le timbre naturel de Neimo est intéressant et pourrait, selon moi, se suffire à lui-même. Cela dit, hier, il était parfois difficile de bien l’entendre, le mix du groupe étant un peu trop chargé. Une approche plus équilibrée permettrait sans doute de mettre davantage en valeur ses textes réfléchis, fruits du regard lucide sur le monde d’un jeune artiste engagé.
Même si l’aventure s’arrête ici pour Neimo, il ne fait aucun doute que cette expérience aura été formatrice. Son projet, jeune mais prometteur, laisse croire qu’on le reverra bientôt sur les scènes du Québec.
* Photo par Frédérique Ménard-Aubin
Verdict
À l’issue de cette deuxième soirée des demi-finales, seule Maude Sonier est parvenue à se hisser dans le top 3 du palmarès. Les candidats de la première soirée, Kat Pereira et Leone Volta, conservent quant à eux les premières et deuxièmes positions respectivement.
C’est ce soir, vers 23h30, que l’on connaîtra enfin l’identité des finalistes de cette 29e édition des Francouvertes, après les prestations de Florence Breton, Bryan André, ainsi que Muhoza et sa troupe. Tout reste encore possible, mais à en juger par la performance marquante de Muhoza en ronde préliminaire, on peut croire à ses chances de décrocher une place en finale.
Pour assister aux Francouvertes, c’est par ici, en salle au Cabaret Lion d’Or, ou par là pour l’option virtuelle.
Palmarès à l’issue du Soir 2 des demi-finales
- Kat Pereira
- Leone Volta
- Maude Sonier
- Artiste(s)
- Maude Sonier, Naïma Frank, Neimo, Tamara Weber
- Ville(s)
- Montréal
- Salle(s)
- Cabaret Lion d'Or
- Catégorie(s)
- Francophone, Pop, Québécois, Rap/Hip-hop,
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