Francouvertes 2025 – Demi-finale – Soir 3 | Classement finale à l’issue d’une soirée pleine de bonne humeur

Le couperet est tombé : le Canadiens s’en va en série alors que Kat Pereira et Léone Volta, de même que Muhoza et sa troupe, seront de la finale 2025 des Francouvertes à l’issue de cette troisième et dernière soirée de demi-finales du 16 avril. Soirée de grande qualité, il faut d’ailleurs le mentionner alors que le public aura été particulièrement démonstratif.

Le programme s’amorce, comme à l’habitude, avec le retour sur scène d’ex-participants. Cette fois-ci, c’est au duo gagnant de l’édition 2022 d’introduire la soirée avec trois chansons en mode cabaret. Si la première chanson se dévoile un peu à tâtons avec un certain maniérisme vocal, excusé par le fait qu’on ne voit pas Félix Paul seul aux claviers très souvent, les deux suivantes reprennent l’énergie et la sensibilité qui nous font aimer le projet depuis le jour-1.

Le public, avec ses nombreux fans de neo-soul et de rap présents dans la salle en prévision du passage sur scène de Muhoza et sa troupe, se démontre déjà participatif, mais aussi respectueux de la musique proposée, douce, mais loin d’être ennuyeuse.

* Photo par Jaime Antonio Luna

Florence Breton

Le trio de prestations s’amorce en force avec Florence Breton dès les premières mesures de Mon silence. Si son passage au premier tour m’avait laissé relativement de marbre, force est d’avouer que la musicienne de Québec semble avoir pris à cœur certains commentaires du jury et du public et avoir remanié quelques éléments de son spectacle, parfois subtilement, d’autres fois de manière plus évidente.

Sa voix, principale qualité de l’artiste, se fait plus sûre et centrale, même si l’énergie débordante de la section rythmique de son groupe finit tout de même par l’enterrer à quelques moments. Qu’à cela ne tienne : la musicienne se montre imperturbable, bonhomme et plus communicative qu’au premier tour, rejoignant le public plus efficacement lors de ses interventions.

Au final, c’est peut-être le calme et la contemplativité (si c’est un mot qui existe) de la performance qui aura nuit à Florence, alors que les deux autres participants auront solidement mis le party dans la place par la suite. On le sait bien, aux Francouvertes le but reste de ne pas comparer les prestations les unes aux autres, mais c’était malheureusement difficile d’en faire abstraction hier.

* Photo par Jaime Antonio Luna

Bryan André

La wild card de cette seconde ronde du concours, le musicien Innu de Schefferville avait séduit le public lors de son précédant passage par sa bonne humeur et son plaisir de faire de la scène communicatif, de même que par le talent incontestable du flamboyant guitariste attikamek Ivan Boivin-Flamand, la nouvelle référence québécoise en la matière. Wild card parce que Bryan s’écarte de standard parfois stéréotypé, avouons-le, du participant moyen des Francouvertes : il est loin de sa vingtaine, ne fait pas dans la musique indie/émergente, privilégiant plutôt blues-rock un peu rétro, et chante en innu-aimun.

Sa place était toutefois amplement méritée, et le chanteur et ses comparses l’ont prouvé haut la main hier soir. Après quelques chansons, la quasi-entièreté du Lion d’or est debout, se tenant tant bien que mal entre les tables du parterre avec un plaisir certain. Affable, le musicien raconte autant qu’il joue. Ses interventions mettent en confiance, et ajoutent un minimum de contexte et de compréhension autour de la musique devant laquelle les spectacteurs se retrouvent malgré l’évidente barrière linguistique. C’est le sens du party, l’appel à profiter du temps présent et l’amour des « grosses tounes de guit » qu’on retiendra donc de cette prestation de Bryan André, que personne n’aurait été fâché de voir passer au prochain et dernier tour du concours.

* Photo par Jaime Antonio Luna

Muhoza et sa troupe

Le seul des trois de la soirée à s’être qualifié, le projet du Montréalais aux origines rwando-camerounaises Déric Muhoza Eloundoua aura finalement retrouvé la bonne vieille première place du classement qu’il avait occupé l’espace de quelques jours lors des qualifications. Place méritée d’ailleurs : le musicien et sa troupe sont débarqués comme une tonne de briques, témoignant d’encore plus de confiance que la dernière fois, chose qu’on aura difficilement cru possible à l’avance.

Ce qui fait la qualité du projet, c’est ses références aux racines du rap, oui, mais à la culture des cyphers. Le groupe lancera le bal avec un court jam, saluant le public présent dans la salle et les Francouvertes en général avant d’enchaîner avec « sa vraie musique ». Interprétées avec aplomb, les chansons prennent des tournures surprenantes chaque fois sous la gouverne du remarquable saxophoniste de la formation, qui se gâte de continuels soli et d’accents bien placés. Même constat pour le guitariste, souriant comme pas un tout au long de la vitrine, qui lui aussi se paiera la traite en fin de spectacle.

On sent une écoute et un soutien certains entre les membres. Au diable le stress, on pensera au format du concours après le spectacle. Muhoza laissera même son band s’amuser sans lui un moment, allant plutôt danser avec le public en sortant par la coulisse. La bonne humeur communicative du band leader et la profondeur de ses textes lui auront donc mérité une place au sein du triumvirat final de cette 29e édition du concours. C’est un rendez-vous au Club Soda le 12 mai prochain!

* Photo par Jaime Antonio Luna

Classement à l’issue de la deuxième ronde :

1. Muhoza et sa troupe
2. Kat Pereira
3. Léone Volta