Francouvertes

Francouvertes 2021 – Ronde 1 – Soir 7 | Malaimé Soleil, Sylvie et Les Monsieurs concluent les préliminaires

Les préliminaires des Francouvertes se concluaient en ce lundi de Pâques avec trois formations rock : Malaimé Soleil, Sylvie et Les Monsieurs. Au terme de cette ultime soirée, on apprenait qui sont les 9 projets qui se rendront en demi-finales les 26, 27 et 28 avril prochains, au Cabaret Lion d’or. Mais avant de vous les dévoiler, petit retour sur le dernier soir des préliminaires.

Pour la septième soirée de préliminaires consécutive, le spectacle s’est ouvert avec la série Skátne, une initiative visant à accorder une plus grande place aux artistes des Premières Nations et Inuits, en collaboration avec Musique nomade. Ce soir, c’était la Franco-Manitobaine métisse Geneviève Toupin, alias Willows, qui proposait trois nouvelles chansons francophones (quelques semaines après avoir fait paraître un très bon EP en anglais) en s’accompagnant à la guitare classique. Un très beau moment de sérénité, avant une soirée toute en rock aux 1001 détours.

 

Malaimé Soleil

Non, Malaimé Soleil n’est pas le vrai nom d’une auteure compositrice interprète aux parents flyés. C’est plutôt un groupe indie rock constitué de quatre garçons habiles de leurs instruments, menés par un chanteur un peu maladroit dans ses interventions, mais fort en voix.

Selon le clavardage, Malaimé Soleil semble avoir un public fidèle et conquis. On a particulièrement apprécié ce commentaire, qui nous a fait nous demander si « Malaimé Soleil » était le street name d’un type précis d’héroïne ou quelque chose du genre :

Meilleure chanson du lot à notre avis, Les pluies acides démontrait à la fois la qualité de l’écriture et l’aptitude des gars à dégainer un rock explosif.

La dernière, toutefois, Démons, était moins convaincante en terme de composition, passant laborieusement d’un air accrocheur à un segment prog, suivi d’un groove à la Black Magic Woman.

On constate le penchant pour les compositions alambiquées et audacieuses, mais il y a un peu de travail à faire pour rendre ce genre d’exercice plus cohérent. Ça semblait un peu trop plaqué sur la dernière chanson.

Dans l’ensemble, ça demeure tout de même l’un des groupes solides de cette édition 2021 musicalement parlant. Malaimé Soleil tire profit d’une belle cohésion entre les musiciens, notamment, et procure de bien bonnes vibes dans l’ensemble.

 

Sylvie

Non, Sylvie n’est pas le vrai prénom d’une auteure compositrice interprète aux parents pas tant flyés. C’est encore une fois une gang de dudes qui font du rock. C’est le concept de la soirée.

Le nom Sylvie, voyez-vous, proviendrait de « silva » qui veut dire « forêt » en grec. Mais surtout, le contraste entre un prénom féminin doux et relativement commun, et le rock éclaté de la bande, amuse les gars de ladite bande.

Si on parlait de compositions alambiquées pour Malaimé Soleil, il faudrait en dire au moins autant pour Sylvie, qui a proposé une série de chansons carrément psychédéliques, une sélection aussi hirsute que les cheveux du chanteur Vinny Batista.

Patterns d’axones parle de « synapses arc-en-ciel », « d’autobus magique » et de « champignon bleu or » et comporte un solo free-jazz de sax endiablé. (D’ailleurs, chapeau au saxophoniste pour l’ensemble de son oeuvre ce soir!)

Le psyché est encore plus prononcé sur la planante L’été câlice, qui rappelle le groupe français Moodoïd à son meilleur, avec un solo d’harmonica en bonus. « Osti qu’c’est l’fun l’été calice, ça a pas d’allure » de dire simplement le refrain sur un air étonamment mélodique.

Bécane (110 PSI) est plutôt comme un blues à la signature de temps improbable, avec un solo de guitare dissonnant à la Marc Ribot.

Plus tard, le chanteur va nous offrir un jeu de castagnettes (!), et le show se conclura sur un medley de trois chansons carrément prog-psyché, qui rappelait un peu Les Hôtesses d’Hilaire.

Bref, on a une fois de plus affaire à un groupe aux 1001 facettes, qui envoie paître les conventions. Et c’est tant mieux ainsi, même si certaines transitions donne le tournis.

Du côté des commentaires du clavardage, on salue ce spectateur qui souligne à juste titre l’étonnant contraste entre le message véhiculé par le programme Skátne, ci-haut-mentionné, et le fait que le guitariste de Sylvie porte un jersey des Blackhawks de Chicago :

Malaise…

 

BAIE Les Monsieurs

Le groupe acadien BAIE devait conclure cette septième soirée, mais bon… la COVID aura eu raison du seul projet franco-canadien hors-Québec cette année. (Pas que les musiciens aient contracté le putain de virus, mais le voyagement inter-provincial s’avère non recommandé, le groupe a dû déclarer forfait…)

Viennent à la rescousse Les Monsieurs, qui n’avaient sans doute jamais imaginé à quel point leur nom serait ironique au terme d’une soirée où une douzaine de musiciens se sont succédés sur scène, sans qu’aucune femme n’en fasse partie (sauf si on compte Willows, en « première partie »)…

Mais COUP DE THÉÂTRE : On apprend que Les Monsieurs ont ajouté une membre nommée Léa au sein de leur band pour le spectacle, une fille qui joue du clavier et du shaker!  Qui l’eût cru : la seule formation à faire place à une femme ce soir se nomme… Les Monsieurs!

Leur proposition musicale est plutôt compatible avec Sylvie et Malaimé Soleil sur papier : de la chanson rock pas linéaire, où se côtoient enchaînements d’accords improbables et textes joualés, dans une poésie hallucinée.

Le chant est un peu laborieux d’entrée de jeu, et on sent le groupe un peu nerveux, que l’exécution fait défaut. C’est décousu, même en considérant que ce sont des compositions qui défient les conventions.

Viennent ensuite deux chansons où le chanteur tente autre chose que le chant au sens classique du terme. Le désespoir se masturbe, un genre de slam sur fond de musique quasi-tropicale avec un solo de pipeau et des rires qui flirtent avec des bruits de singes, laisse un peu pantois.  La suivante, La chanson par le fait, est un spoken word fâché qui énumère des statistiques déprimantes sur la répartition de la richesse dans le monde, sur riff de guitare dissonant et refrain doublement fâché. Cette chanson engagée est accompagnée d’un « glossaire » permettant de consulter les sources d’où proviennent les faits énumérés dans les paroles. En cette ère de désinformation, c’est un petit détail un peu académique mais louable.

Dernière chanson du set, Dlyrem verse aussi dans la critique sociale, et atteint pas mal la cible.

Bref, plein de bonnes intentions, de tentatives d’aborder la chanson rock de façon originale, mais le résultat nous laisse tout de même un peu sceptiques. Il y aurait un certain ménage à faire dans les compositions pour rendre le tout un peu plus digeste, et d’expérience à prendre avant que l’interprétation accote les intentions.

Du côté du clavardage, on laisse un fan souligner un des bons coups des Monsieurs :

 

Verdict

Résultat un peu surprenant : aucune des trois formations de ce soir n’atteint le top 9 donnant accès aux demi-finales!

C’est donc dire que Super Plage, tremble et oui merci, dont les places en demi-finales étaient mises en danger par les trois concurrents de ce soir, tiennent bon! Leur parcours se poursuit, tout comme celui de Douance, Ambre Ciel, les artistes rap J.A.M. et Calamine, ainsi que le groupe Vendôme qui termine au deuxième rang, et Étienne Coppée, qui trône au sommet du palmarès de la première ronde!

Bravo à toustes. Maintenant, on efface tout, et on recommence les 26, 27 et 28 avril avec les 9 semi-finalistes des Francouvertes!

Billets et détails sur le site des Francouvertes.

 

Palmarès final de la première ronde des Francouvertes 2021

  1. Étienne Coppée
  2. Vendôme
  3. Calamine
  4. J.A.M.
  5. Ambre Ciel
  6. Douance
  7. oui merci
  8. tremble
  9. Super Plage

Éliminés : Malaimé Soleil, Sylvie, Les Monsieurs, Bermuda, FIDÈS, Sandrine St-Laurent, Perséide, Mada Mada, Phil Bourg, Mayfly, Lampion et Issa Karim.

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