Francouvertes

Francouvertes 2020 – Soir 7 | Jeanne Côté, Mclean et Mille Piastres Please concluent les préliminaires

Tout juste quelques heures avant que le confinement de 28 jours des salles de spectacle soit en vigueur, on pouvait s’offrir une dernière dose de musique live avec la dernière des sept soirées de préliminaires des Francouvertes au Cabaret Lion d’Or. Pour l’occasion, Jeanne Côté, Mclean et Mille Piastres Please étaient les trois derniers artistes à tenter de percer le top 9 qui donne accès aux demi-finales.

Jeanne Côté

* Photo par Frédérique Ménard-Aubin.

Appelée en renfort à la suite du désistement de Trop Belle, Jeanne Côté est apparue dans le portrait des Francouvertes comme un cheveu frisé sur la soupe.  Comme une solution clé en main, aussi.

Il faut dire qu’elle est tombée dedans quand elle était petite, pour reprendre le cliché d’Obélix.

Ça porte fruit puisque son professionnalisme est impeccable, sa voix bien placée, ses musiciens (Mariève Harel-Michon, Reno McCarthy et Arthur Bourdon-Durocher) soudés comme une bande de vieux chums devenus adultes ensemble.

Elle traîne avec elle l’influence évidente du fleuve, un trait incontournable pour tout artiste gaspésien. Mais chez elle, c’est encore plus assumé, on dirait, des mélodies aériennes au châle qui recouvre ses épaules. Elle a de l’élan, pousse la note comme elle respire. Ses chansons demeurent assez classiques dans la forme, mais plusieurs tournures de phrases ingénieuses démontrent une belle qualité de plume. Reste à y ajouter un peu plus d’audace et de personnalité, mais les éléments sont déjà en place pour faire un bon bout de chemin en carrière.

Très belle prestation réconfortante.

 

Mclean

* Photo par Frédérique Ménard-Aubin.

Quatre ans après avoir tenté sa chance pour la première fois, Simon Jutras ramenait son projet Mclean aux Francouvertes. Une mouture passablement différente et plus mature qu’à sa première tentative.

Ovni de Sudbury, il est tout le contraire de Jeanne Côté : très audacieux dans ses compositions, au point où c’est peut-être un peu difficile à suivre à la première écoute. Ce qui n’est pas pratique pour un artiste ontarien, qui ne peut pas tant compter sur le vote du public pour équilibrer sa note.

Visiblement cinéphile, ses chansons regorgent de références au septième art, de Tarkovsky aux frères Cohen, et évoquent même des lieux et des contextes dignes de films, comme cette habile allégorie exprimée entre deux chansons au sujet des « fantômes d’une ville minière » pour finalement réaliser qu’en voyant ce qui se trouvait à la surface, « j’étais peut-être mieux dans ma mine finalement ».

« Le rêve est la seule chose qui nous appartient », nous rappelle-t-il.

Il est brillant, le garçon. Ce n’est pas pour tout le monde, mais quand on se donne la peine de pénétrer dans son univers, il y a là des émotions qu’on ressent rarement en chanson, un genre d’instabilité, de déséquilibre qui nous chamboule.

Intrigant, mais visiblement pas la tasse de thé de la majorité.

 

Mille Piastres Please

* Photo par Frédérique Ménard-Aubin.

Imaginez un jeune homme qui a appris le violon classique très jeune, qui a probablement appris l’approche folklorique aussi, et qui se fait ensuite les dents comme musicien de métro. Ajoutez-lui une tonne de charisme, et un intérêt certain pour le folk sale, l’humour corrosif et la chanson trash.

C’est à peu près ça, Mille Piastres Please. Une présence de scène très physique, très engagée. Un humour débordant. Un Jo Millette qui attire tous les regards et habite toute la scène comme si c’était son territoire.

« Bienvenue dans le dernier spectacle de 2020 », laisse-t-il entendre cyniquement. Ouch.

On sent que c’est le genre de projet qui n’est pas habitué aux grandes salles et à la sonorisation professionnelle. Le son de basse est plutôt moche, alors que la bassiste excelle sur le plan technique. Le guitariste et le joueur de banjo n’ont pas l’air d’être branchés du tout. Ça sonne tight, mais sans dégager du gros son.

Ce qui compte, c’est l’esprit bouillonnant d’idée et de vie de Millette, qui mène la barque et partage ses textes exubérants avec une dégaine rarement vue aux Francouvertes. Du showmanship, comme disent les Anglais.

On ressent très bien que les chansons ont été écrites dans des stations de métro, à observer le vrai monde en courts épisodes. La misère humaine, les déboires, le petit côté trash de la classe ouvrière, rendus de façon musicalement très sympathique avec des textes très imagés.

 

Verdict

Seul Mille Piastres Please a su tirer son épingle du jeu ce soir.  Du coup, leurs bons amis d’Embo/Phlébite basculent hors du top 9…

On remet donc les compteurs à zéro pour Valence, Kanen, Ariane Roy, Vendou, Jessy Benjamin, Narcisse, Mille Piastres Please, La fièvre et La faune en vue des demi-finales, qui se tiendront en ligne seulement, les lundi 12, mardi 13 et mercredi 14 octobre prochains. Tous les détails sur le site des Francouvertes.

 

PALMARÈS FINAL DES PRÉLIMINAIRES

  1. Valence
  2. Kanen
  3. Ariane Roy
  4. Vendou
  5. Jessy Benjamin
  6. Narcisse
  7. Mille Piastres Please
  8. La fièvre
  9. La faune

Éliminés : Embo/phlébite, Aramis, Désarroi, Jérémy Lachance, Guillaume Bordel, Petite Papa, dope.gng, Melodie Spear et MoKa.

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