Francouvertes 2019 – Soir 7 | Des gros décibels pour conclure le tout
Les préliminaires des 23e Francouvertes se concluaient lundi soir avec une grosse soirée de guitares rugissantes et de dégaine rock. On sait maintenant qui seront les 9 artistes qui passeront en demi-finales les 15, 16 et 17 avril prochains, et ça s’annonce plutôt intéressant…
J’aime mes ex
La soirée débute comme toujours avec une courte prestation d’un ancien participant des Francouvertes. C’est la fameuse série J’aime mes ex.
Quelques semaines après la prestation-concept de Lydia Képinski, Philippe Brach s’est dit « hold my beer ». Il a interprété sa première chanson dos à la foule : une version de l’hymne national canadien en mode mineur, identique sur le plan mélodique à ce qu’il avait proposé lors de son concert symphonique, mais avec des arrangements pré-enregistrés plus pop-synthé-’80s. Comme si Herbert Leonard avait trouvé une mélancolie dans l’Ô Canada. À la fois drôle et franchement beau.
Suivait une version électro-rap style Prodigy de D’amour, de booze, de pot pis de topes, encore une fois avec une trame pré-enregistrée, pour enfin conclure avec une nouvelle chanson anglophone guitare-voix un peu Jack-Johnson-esque, et on se demande encore aujourd’hui s’il nous trollait.
Quoi qu’il en soit, il est passé en coup de vent. Comme une agréable brise qui fait sourire. On sait jamais à quoi s’attendre avec Brach, et c’est très bien ainsi.
Fria Moeras
La jeune femme de Québec était la première participante de la soirée. À l’écoute des chansons de son mini-album La Peur des animaux sur Bandcamp, on pourrait croire que Fria est plutôt timide, introvertie. Et pourtant…
Fria sort vraiment de sa coquille, va à la rencontre du public, elle assure à la guitare. On sent encore un peu de fébrilité dans son comportement sur scène, mais comme tout le reste, c’est très naturel et assumé.
Les arrangements sont assez bruts, ça ne donne pas nécessairement dans la finesse. Mais les fausses notes ici et là, elle n’en fait pas de cas. Le tout est plus grand que l’inexactitude de ses parties. C’est ce qui charme chez Fria Moeras. Au diable les imperfections, elle connaît la valeur de ce qu’elle propose, et ne s’enfarge pas dans les fleurs du tapis.
En formule trio (avec deux membres qu’elle surnomme ses « bélugas »), elle propose un indie-pop un peu garage. Elle dispose par ailleurs des chansons les plus accrocheuses de la soirée. Van Gogh (Les divagations auditives), par exemple, nous est resté collée au cerveau toute la soirée.
Poulin
En matière de bêtes de scène, Dear Denizen était ressorti du lot à date. Mais voilà qu’arrive Valérie Poulin, chemisier oversize avec des dessins de fleurs de tournesol (création d’une designer d’ici, qu’elle a pris soin de nommer, mais qu’on n’a pas pris soin de noter malheureusement…), nue pattes, et chevelure rousse bouclée en broussaille rappelant un peu Natasha Lyonne dans Russian Doll…
Elle débute avec une chanson solo, touchante, mélodiquement intrigante. Puis viennent la rejoindre le bassiste Étienne Dupré et le batteur Thomas Sauvé Lafrance, et ça part en vrilles. La guitare de Poulin se fait soudainement plus mordante, et la chanteuse se tortille, dégage cette énergie brute qu’on aime tant des bébittes rock.
C’est une performeuse fas-ci-nante. Vraiment. Son chant ne plaira pas à tout le monde, c’est sûr ; elle a ce ton de voix assez haut, qu’elle pousse avec assurance, et ça passe ou ça casse. En ce qui nous concerne, ça passe haut la main! Enfin, une artiste qui ne s’excuse pas d’exister. Il en faudrait des dizaines de plus au Québec.
Les chansons se succèdent et la première impression ne s’estompe pas : les chansons de Poulin ne sont peut-être pas les plus faciles d’approche — il lui manque encore cette grosse toune magique qui ferait embarquer tout le monde dans son bateau — mais les textes sont plutôt bien ficelés, et surtout, ça gronde, ça bourdonne, ça active les neurones sensibles aux émotions fortes. Amenez-en du Poulin! On en a besoin.
BIRMANI
Avec beaucoup d’humilité, les trois gars barbus aux cheveux longs de BIRMANI se sont pointés sur scène, ont remercié d’emblée les Francouvertes, et ont salué les consoeurs de la soirée en disant candidement : « Ça va nous faire plaisir de perdre contre vous! »
Guit, bass, drum. C’est tout ce que BIRMANI a besoin, tant que les amplis sont bien crinqués. C’est la recette de base d’un power trio par excellence.
La première chanson tombe un peu à plat, mais la deuxième, L’hiver est long en crisse, nous rappelle tout de suite Fuudge, et on dit ça dans le meilleur des sens possible. Cette impression ne va jamais vraiment nous quitter, sauf que BIRMANI explore des contrées un peu plus prog, au point où on se dit qu’ils ont dû écouter du Tool à un moment ou un autre.
Sinon, ça fesse avec du gros riff mur à mur, dans une cohésion digne d’un band qui a multiplié les heures de pratique, au service d’une musique qu’ils apprécient visiblement. Vous savez comment certains groupes ont l’air d’être déchirés entre les influences de l’un et celles de l’autre? Ici, c’est tout le contraire. On a vraiment l’impression que les trois gars perçoivent leur projet de la même manière, qu’ils « achètent le plan de match », pour reprendre une analogie sportive boiteuse, et foncent tête première.
Que seraient les Francouvertes sans au moins UN projet qui bûche !
Verdict
Seule Poulin se hisse au Top 9 et accède donc aux demi-finales. C’est donc dire que Foisy. baisse pavillon, et que Alex Burger et Anaïs Constantin tiennent bon.
On se revoit les lundi 15, mardi 16 et mercredi 17 pour les trois soirs de demi-finales, toujours au cabaret Lion d’or!
Classement finale des préliminaires
- O.G.B.
- Thierry Larose
- Poulin
- P’tit Belliveau et les Grosses Coques
- Ce7te Life
- Dear Denizen
- Comment Debord
- Anaïs Constantin
- Alex Burger
PHOTOS EN VRAC DE LA SOIRÉE #7
- Artiste(s)
- BIRMANI, Francouvertes, Fria Moeras, Philippe Brach
- Ville(s)
- Montréal
- Salle(s)
- Cabaret Lion d'Or
- Catégorie(s)
- Alternatif, Francophone, Pop, Rock,
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