Francouvertes

Francouvertes 2019 – Soir 6 | Quand la pop fait patate…

Entre une veillée bien rap et une autre toute en rock, la sixième soirée des préliminaires des Francouvertes proposait un menu résolument pop, lundi dernier. Cosmophone, Titelaine et Dear Denizen se succédaient sur la scène du Lion d’or.

Photos en vrac


 

 

La série J’aime mes ex lançait les festivités, comme c’est maintenant coutume. C’est justement à une chanteuse qui a forte sensibilité pop qu’on a fait appel : Fanny Bloom. Ça adonne bien, elle avait gagné les Francouvertes il y a 10 ans avec son groupe La Patère Rose, et bien qu’elle fasse maintenant carrière solo, on apprenait récemment que le groupe allait se réunir pour quelques concerts (dont un à La Noce en juillet, et on serait TRÈS surpris de ne pas les voir au menu des prochaines Francos) mais aussi pour rééditer son premier album… en vinyle!  Yay!

 

Cosmophone

« Ça ressemble un peu à Evanescence, tu trouves pas? », de chuchoter la voisine de table. C’est ni exact, ni fair.  N’empêche qu’on comprend un peu ce qu’elle veut dire par là : Cosmophone propose une musique vraiment moins « nu métal », beaucoup plus raffinée et bien arrangée que la bande à Amy Lee, mais le petit côté vaporeux du chant, la voix haute perchée et les paroles un peu ésotériques peuvent connecter avec quelques références Evanescentesques.

Mais on insiste : musicalement, c’est beaucoup plus créatif. C’est, disons, alternatif. Un peu de prog dans la complexité des compos, des signatures de temps un peu audacieuses (chapeau au batteur qui fait un très bon travail), par moments ça fait un peu « art rock » planant. Il y a une belle harmonie au niveau des sonorités électriques et électro, et la voix est plutôt bien maîtrisée. Le band est aussi très tight. Sans ça, ça tiendrait pas la route. Mais ils sont appliqués, les membres de Cosmophone. Ils ont pratiqué leur set rien qu’en masse, ça paraît.

Le bémol c’est les textes, vraiment. Un champ lexical limité, utilisé de façon maladroite, évoquant des images un peu clichées.

Ça demeure suffisamment audacieux et original pour mériter le respect, et la foule semble tout à fait de cet avis. Belle ovation. Le problème viendra plus tard. Voir la section Verdict.

Ah et c’est aussi la première fois de l’histoire des Francouvertes (à ce qu’on sache) qu’une artiste porte le titre de son band tatoué sur son corps. À une lettre près.

 

Titelaine

Les deux membres de Titelaine aiment et assument la pop. La pop électro. Ça se sent, ça se voit. Ça se transmet toutefois plus ou moins bien.

On vise des sonorités très pop-comme-à-Osheaga. Tout plein de groupes sonnent comme ça aux États-Unis ces temps-ci, un genre de mélange de CHVRCHES et Milk & Bone, et de ce que Laurence Nerbonne faisait il y a quelques années, mais sans le punch des compositions ou le sens du hook. Ça tombe un peu à plat.

Le garçon des deux emploie des pads électroniques pour ajouter des percussions aux trames pré-enregistrées, mais semble préférer les coups de baguette aléatoires, un peu off.

Avec une pop aussi frontale, il faut aussi beaucoup de charisme pour faire jaillir l’énergie. Ça manquait à ce niveau-là aussi. Il s’en dégage une sorte de froideur dans l’interprétation, qui contraste avec l’approche résolument vitaminée des compositions.

Les textes, très premier degré, ne viennent pas sauver la mise.

Il y aurait pas mal d’ajustements à faire à Titelaine pour que ça décolle. À commencer par des chansons plus mémorables, accrocheuses, avec plus d’oumf.

 

Dear Denizen

Dear Denizen, c’est l’actuel projet de Ngabonziza, qui oeuvrait autrefois en anglais, mais a lancé un EP intitulé BEC récemment, et c’est plutôt surprenant. Pop et dansant, oui, mais certaines couleurs musicales rappellent presque Daran ou le rock à la War On Drugs. C’est très varié, bigarré, mais toujours lumineux. Ça rayonne. C’est toujours assez uptempo.

Une chose est sure, en matière de charisme et de présence de scène, personne ne lui arrive à la cheville aux Francous à date. Ses gestes, ses déhanchements, même son look avec son veston à motifs léopard, ses studs gold dans le front et ses souliers dorés, tout fonctionnait. Il en met plein la vue, capte le regard et s’en nourrit… Il est visiblement né pour la scène.

Et quand ça décolle musicalement, comme sur la chanson titre du EP en toute fin de prestation, ou cette savoureuse nouvelle chanson qu’il a présentée comme « québéco-congolaise ou congolo-québécoise, comme vous préférez », ça laisse entrevoir l’étoffe d’une star à devenir. Cette dernière chanson, une pièce aux accents afro-funk et aux textes très bien ficelés, sera assurément un hit.

Ses musiciens étaient de taille, il faut dire… Louis-Philippe Gingras complète depuis peu son band, en remplissant plus qu’adéquatement le rôle du guitariste remplaçant.

Solide prestation, bien construite, en crescendo.

Verdict 

Seul Dear Denizen se hisse au Top 9, en s’emparant du 5e rang, ce qui l’assure d’une place en demi-finales, puisqu’il reste seulement un soir de préliminaire et donc 3 artistes en lice.

Un peu surprenant pour Cosmophone qui aurait mérité un meilleur sort, mais bon. C’est la vie.

 

Classement après 6 des 7 soirs de préliminaires

  1. O.G.B. *
  2. Thierry Larose *
  3. P’tit Belliveau et les Grosses Coques *
  4. Ce7te Life *
  5. Dear Denizen *
  6. Comment Debord *
  7. Anaïs Constantin
  8. Alex Burger
  9. Foisy.

Les positions avec un astérisque à côté sont assurés d’une place en demi-finales.

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