Francouvertes 2018 – Jour 7 | Rayannah, Héliodrome et D-Track & Sam Faye concluent les préliminaires
Congé pascal oblige, Les Francouvertes ont conclu leurs préliminaires un mardi soir, avec une soirée #7 pour le moins variée, et positivement étonnante… même si un seul des trois artistes a pu se tailler une place vers les demi-finales.
J’aime mes ex : IVY
Comme d’hab, les Francous s’ouvrent avec la série J’aime mes ex. Cette semaine, c’était le grand gagnant de la… 3e édition des Francouvertes. Wow. Ça remonte à loin ça.
En 1997, donc, Ivy a triomphé devant des artistes aux noms farfelus, comme Lesbiennes d’acid, Les Fous alliés, Trionozor, Gouvernement Zel ou encore Caféïne et les bodums (un vieux projet de Xavier Caféine). Comme les temps changent. D’ailleurs, Ivy l’a constaté en faisant référence au Zeste, une salle de spectacle complètement inconnue de 99% des gens dans la salle en ce soir d’avril 2018. (Pour ceux que ça intéresse, le Zeste était un lieu de spectacle dans l’Est d’Hochelaga, où se déroulaient les toutes premières éditions des Francouvertes, il y a des lunes).
Deux slams, et deux chansons à la guitare où Ivy brode les mots avec la délicatesse d’un orfèvre, et hop, c’est fini, laissant une impression à mi-chemin entre la nostalgie et le constat que Ivy chérit toujours la chance qu’il a d’être en vie et défend toujours avec vigueur la beauté de la langue française, sans la considérer immuable. Ça fait réfléchir…
Rayannah
Suivait Rayannah, artiste pop francophone du Manitoba. Une fille lumineuse, porteuse de vibes 100% positives, d’une douceur et d’une joie qui émanent dans toute la salle. D’une belle authenticité dans ses interventions aussi, visiblement reconnaissante de l’occasion qui se présente à elle ce soir.
Sur le plan vocal, rien à reprocher. C’est certainement l’une des plus belles voix entendues aux Francouvertes cette année. Et musicalement, elle a trouvé chaussure à son pied avec l’ingénieux Mario Lepage, de Ponteix, qui tricote avec elle des arrangements électro-pop (par moments carrément trip-hop) franchement rafraîchissants. Etienne Mason ajoute juste ce qu’il faut de rythmes organiques à la batterie. La variété des sonorités est pas mal réussie.
Au niveau des textes, il y a quelques maladresses. D’ailleurs, elle les chante avec un aplomb propre aux tours de chant trop appliqués. Zéro zone d’ombres dans cette fille, même quand elle chante le ciel gris du matin, les départs déchirants, les amours déchus ou « une bombe nucléaire pour secouer la poussière ».
Il y aurait aussi un travail d’épuration à faire pour simplifier les textes, les rendre plus punchés et mieux découper les refrains afin qu’ils relèvent les compositions aux bons moments. Il faut dire que Rayannah a composé plus souvent en anglais qu’en français. On la retrouve peut-être ici dans une phase de transition.
Bref, rien de très majeur à redire. Rayannah demeure l’une des belles surprises des Francouvertes cette année. Une progression marquée par rapport à ce qu’on avait entendu il y a un peu plus d’un an…
Héliodrome
Le projet Héliodrome, qui allie slam poético-littéraire et jams rock en boucles, prenait ensuite la foule d’assaut.
D’emblée, le chanteur/slammeur Khyro se défend presque de participer à un concours. Ils ont pas l’habitude, oh non, promis. D’ailleurs, Khyro souligne à la blague avoir regardé La Voix pour savoir comment se comporter dans un tel contexte.
La formule de Héliodrome est la suivante : Khyro déclame des textes imagés sur une musique bien construite par un tromboniste, un guitariste pedal steel, un bassiste et un batteur. Musicalement, l’effet escompté fonctionne plus souvent qu’autrement ; ça donne de longs crescendos qui atteignent une intensité souvent intéressante. On dénote quelques relâchements entre la batterie et la basse à l’occasion, mais rien qui vienne plomber l’ensemble.
Au niveau de la voix, on constatait que le changement de setup entre Rayannah et Héliodrome a pris plus de temps que prévu, alors que les techniciens de scène et le chanteur de Héliodrome semblaient chercher une façon de faire fonctionner des pédales de micro, probablement. En tout cas, il manquait visiblement quelque chose. C’est peut-être ce qui explique que la voix nous ait semblé un peu trop uniforme pour donner des dynamiques aux compositions. On a d’ailleurs perdu 90% du contenu, et Dieu sait qu’il y en avait du contenu, et les punchs s’arrimaient rarement avec ceux de la section rythmique, ce qui aurait pourtant rendu le tout plus percutant. Mais ça, aucune pédale aurait pu éviter ça.
Ça demeure généralement appréciable, d’une belle intensité. Mais un certain resserrement rendrait Héliodrome beaucoup plus efficace.
D-Track et Sam Faye
Deux rappeurs et un MC de Gatineau, qui parlent de backpacks, de brosses à dents, de café et de limonade ? Sur papier, ça regarde mal…
Sauf qu’en connaissant un peu D-Track, on sait que ce gars-là est un champion de slam, un intello allumé, un trentenaire qui fait généralement preuve d’une certaine retenue. Il est sympathique, a une bonne tête, mais on connaît un peu moins son côté euh… disons givré.
C’est peut-être Sam Faye qui le tire dans cette direction, mais dans ce duo, D-Track se lâche lousse et adhère à 100% à un concept qu’on pourrait qualifier d’anti-rap adulescent, à la fois old school et moderne. Les deux copains punchent in, punchent out, et font preuve d’une camaraderie fort sympathique, visiblement au diapason dans ces rôles cartoonesques qu’ils se donnent sur scène.
Jazzy, bien taillés, les beats sont pour la plupart très divertissants. Le tout est humoristique, limite cabotin, mais vraiment bien ficelé ; c’est un projet taillé sur mesure pour un public adolescent, voire scolaire. Et on le souligne sans le moindre sarcasme.
Oubliez la rap game ; D-Track et Sam Faye font du rap de gentils garçons, amusant, coloré, très divertissant. Et ça marche.
Verdict
Le couperet est tombé sur Barrdo, qui tenait par un fil en 9e position jusqu’à ce soir. D-Track et Sam Faye se faufilent en 6e position, et ce seront les seuls à se tailler une place en demi-finales pour ce dernier soir.
D’ailleurs, celles-ci se tiendront les 16, 17 et 18 avril, au cabaret Lion d’Or. Détails aux Francouvertes.com.
Palmarès final des préliminaires
- LaF
- zouz
- Laura Babin
- CRABE
- Lou-Adriane Cassidy
- Sam Faye et D-Track
- Mort Rose
- Jay Scøtt X Smitty Bacalley
- Gabriel Bouchard
- Artiste(s)
- D-Track, Francouvertes, Héliodrome, Ivy, Rayannah, Sam Faye
- Ville(s)
- Montréal
- Salle(s)
- Cabaret Lion d'Or
- Catégorie(s)
- Chanson, Electro, Folk, Rap, Rap/Hip-hop, Trip-hop,
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