Francouvertes 2016 – Soir 6 | Simon Daniel, Perdrix et La Valérie
Sixième et avant-dernier soir des préliminaires des Francouvertes, lundi, alors que le Cabaret Lion d’Or accueillait l’acadien Simon Daniel, le groupe Perdrix et la chanteuse écorchée La Valérie.
Simon Daniel
La soirée a débuté avec le sympathique Simon Daniel, un acadien ayant vécu à Montréal il y a 2 ou 3 ans, mais qui en était à son premier vrai spectacle à Montréal. « Je faisais du busking au métro Sherbrooke avec une bouteille de gin. J’avais des bons commentaires des bums… » Il admet apprécier de jouer dans une « vraie salle » pour la première fois dans la Métropole. « Ça sent moins la pisse! »
Blague à part, le jeune homme – on parle de la toute jeune vingtaine – se débrouillait plutôt bien avec ses chansons pop-rock à la musicalité parfois proche d’un genre de Dave Matthews Band de l’Acadie. Pour ses 3 premières chansons, ses textes abordent des sujets simples, personnels mais universels : le changement, le mouvement, des préoccupations de jeune adulte en perdition modérée.
Vint ensuite Soif, inspiré d’un voyage au Maroc, à la musicalité arabisante et au lexique épicé. On ressent l’émerveillement, l’attrait du mystère, l’esprit de séduction mercantile comme humaine.
Le tout se termine sur Voyageur, au terme d’une mise en contexte longue mais appliquée, après quoi… l’alarme d’incendie du Lion d’or se fait entendre. Fausse alarme, heureusement, mais le momentum du jeune homme est coupé court au pire moment. Il a fallu attendre une bonne quinzaine de minutes avant le retour à la normale. Pas évident pour Simon Daniel de reprendre là où il nous avait laissé, mais il s’en est plutôt bien tiré.
Il reprend toutefois joyeusement avec cette dernière chanson inspirée d’un conte un peu « semblable à la Chasse-Galerie en version acadienne ». Dis de même, ça semble un peu folklorico-ringuard, mais pas du tout. Chouette conte, bien mis en musique. Ses musiciens Sébastien Michaud (basse), François Émond (clavier, saxophone) et Danny Bourgeois (batterie) ont fait du bon boulot à ses côté.
Fort agréable comme prestation.
Perdrix
Les soeurs Mariève et Mélanie Harel-Michon suivaient, avec leur groupe Perdrix, complété par Guillaume Mansour à la guitare électrique exubérante, Alexandre McGraw à l’autre guitare électrique, David Lévesque à la batterie et Edouard Brasseur à la basse.
Les deux frangines se partagent le chant. Elle harmonisent parfois, mais plus souvent qu’autrement, l’une chante, l’autre danse, en alternance. On ressent bien que chacune compose ses chansons. L’ennui, c’est qu’elles n’ont pas du tout la même approche, si bien que l’orientation du band est confuse : est-ce un groupe rock’n’roll aux propos trash et cabotins, ou un band rock-yéyé aux textes plus sérieux ?
Quand on y parle de Gina, personnage sexy-disco-bowling (Gina), de cunnilingus lesbien (D.T.F. – acronyme de Dans ta face, comme dans « Je peux-tu m’assoir sur ta face? ») et de perte de virginité (Bye Bye Hymen), on a l’impression d’avoir droit à un mélange entre Otarie et les Nanas Coustiques version électrique qui auraient fricoté avec MC La Sauce (pour ceux qui s’en rappellent) ou encore Annie Chartrand de Ma Blonde est une chanteuse.
Mais quand il est question de « collectionneur de coeurs brisés », on cherche (en vain) un second degré qui serait au diapason des obscénités comiques des autres chansons.
Le tout se termine par Allergique, plutôt sympathique (la comparaison avec les Nanas Coustiques revient en pleine force), avec une finale impromptue, absurde, complètement what the fuck?. « AS-TU PRIS LE POULS DU POULPE ? » nous gueule-t-on à répétition avec une voix death metal et une pétarade de batterie… Euuuh, what? Ok pour la folie et l’imprévisibilité, mais où était ce ton tout ce temps ? Le petit numéro des soeurs détraquées complètement déjantées, on le prendrait bien : ça décoiffe, surtout dans un contexte de Francouvertes folko-centriques, mais rien ne laissait présager ce virage soudain à la toute fin, qui sentait le « et si on freakait les matantes à la toute fin, juste parce que why not ? » à plein nez. Comme si Annie-Claude de Duchess Says était intervenue à trente secondes de la fin en disant « Tassez-vous les p’tites filles, je vais vous finir ça moé ce show-là ».
Bref, il y aurait un certain ménage à faire dans les intentions artistiques de Perdrix, groupe qui n’est toutefois pas sans charme. Le petit côté « weirdo » n’est pas déplaisant, et c’est sans doute dans cette direction que le groupe devrait se diriger, en mettant de l’avant encore plus de folie, de mise en scène (de grâce quelque chose de plus songé que de passer son bras à travers une peau de batterie pour simuler un hymen défoncé) et de théâtralité. La musique devrait aussi être à l’avenant, ce qui n’est pas le cas pour l’instant. Les compositions sont beaucoup plus « sobres » que la folie des propos. Il y aurait matière à « Gouler » tout ça…
Mention spéciale : force est d’admettre que ça fait un bien fou de voir des musiciens pas trop figés, qui ont visiblement du gros plaisir sur scène, et qui se laissent aller. Chapeau pour ça.
La Valérie
La soirée se terminait avec La Valérie, projet de Valérie De Niverville. Son look vestimentaire tout de noir et ses cheveux verts délavés contrastent avec son énergie calme, son aura doux, ce qui donne une présence sur scène étrangement magnétique.
Son nom d’artiste serait apparemment inspiré de la chanson de Malajube du même nom, mais il ne faut pas trop se fier à cela : le son de La Valérie n’a rien à voir avec l’oeuvre éponyme. On est plutôt dans la chanson rock mid-tempo, féminine et écorchée, comme si Safia Nolin avait voulu faire du Rosie Valland.
L’écriture est très personnelle, introspective, expie les peurs, les angoisses et la pudeur. Une poésie honnête sur papier, qui manque un peu de punch dans l’interprétation. Les refrains n’embarquent pas avec toute la force qu’on souhaiterait, ses chansons étant foncièrement sentimentale et bourrée d’émotion.
Les arrangements sont sublimes toutefois. On croit comprendre que le multiinstrumentiste Charles Robert-Gaudette prend une grande part de responsabilité des musiques, bien appuyé par Justin Guilbault à la guitare, Etienne Mason à la batterie, et Mariane Bertrand dont le violoncelle ajoute une touche d’élégance qui convient tout à fait.
Mention spéciale à Si l’amour, « en réponse à la chanson Les Aurores de Mara Tremblay » qui l’a visiblement inspirée.
Verdict
Avec 18 des 21 participants qui se sont déjà commis, nos 3 artistes de cette semaine s’accrochent de justesse aux trois dernières positions qui mènent aux demi-finales à date : Simon Daniel en 7e place, La Valérie au 8e rang, et Perdrix en 9e.
Avec Vulgaire, Fudge et Ponteix à venir la semaine prochaine, tout n’est pas joué. Mais selon nous, La Valérie et Perdrix verront leur chance basculer malheureusement… Pour l’instant, ils s’accrochent à la mince espoir de revenir au Lion d’Or à la mi-avril.
Classement provisoire (après 6 soirs sur 7)
- Mon Doux Saigneur
- Les Passagers
- Edwar 7
- Caltâr-Bateau
- La Famille Ouellette
- Sarahmée
- Simon Daniel
- La Valérie
- Perdrix
Éliminés : Dans l’Shed, Miss Sassoeur & les Sassys, Nicolet, Vincent Appelby, Eric Charland, McLean, Guillaume Mansour Expérience, Cy et Marie-Claire.
- Artiste(s)
- Francouvertes, La Valérie, Perdrix, Simon Daniel
- Ville(s)
- Montréal
- Salle(s)
- Cabaret Lion d'Or
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