Francouvertes 2016 – Ronde 1 – Soir 3 | Mclean, Les Passagers et Edwar 7
Après une première soirée sous le signe du folk, et une deuxième où régnait une certaine variété, les préliminaires des Francouvertes se poursuivaient en mode « bands rock » ce lundi, avec le projet de Sudbury, Mclean, le groupe montréalais Les Passagers et la formation de Sherbrooke, Edwar 7.
Mclean
Alors qu’il n’avait pas encore 18 ans, l’auteur et multi-instrumentiste de Sudbury, Simon Jutras, avait remporté le prix du public au Festival international de la chanson de Granby avec la formation Penthotal.
Le voici huit ans plus tard, accompagné d’un groupe plutôt solide sous le nom de projet Mclean, lequel a donné lieu à un premier album intitulé Sans l’abri d’un quand, résultat d’une retraite personnelle dans un camp de chasse.
Dur à dire si c’est ce qui explique l’aspect un peu ésotérico-spirituel des textes, mais l’esprit un peu space de Jutras a semblé perdre les spectateurs dans la brume.
Il faut dire que les mélodies obliques manquent un peu de repères pour les auditeurs non-habitués. Et que la voix de Jutras manquent de justesse lorsqu’elle navigue dans les sonorités plus basses, comme ce fut le cas pour la deuxième chanson, Vierge.
On apprécie l’imaginaire un peu pété de l’écriture, notamment pour Tigh Deh – le chanteur prend soin d’expliquer que cela signifie « maison sacrée » en gaélique – où on tente de faire embarquer la foule dans un trip de décollage d’ovni. Jutras invite le public à « décoller, s’envoler », à « écouter du Steely Dan sur une plage nudiste » pour aboutir sur Mars.
La finale plus rock et éclatée de Amorphophallus Titanum nous laissait sur une bonne dose d’adrénaline, auquel le public n’a malheureusement pas mordu.
Les Passagers
Ce n’est pas si fréquent d’entendre un projet franco-québécois nager dans les eaux dreampop à la Stereolab, mais c’est un peu ce que tentent Les Passagers.
Un peu cérébrale, la musique des Passagers regorge d’arrangements finement tricotés, et de sonorités bien choisies, qui s’agencent bien. La chanson Acheter ta peau, notamment, se démarque du lot, par ses textes et ses mélodies. Très bonne toune.
Le problème, c’est qu’après deux chansons, il ne semblait pas y avoir de conducteur à bord – comme l’indique le nom du groupe – personne pour donner la direction clairement. La chanteuse Andréanne Muzzo chante timidement, bouge timidement, s’exprime timidement. Si certains artistes performent les yeux fermés parce que complètement absorbés par leur musique, alors que d’autres se concentrent d’abord et avant tout sur l’exploit d’embarquer la foule en voiture, la « frontwoman » des Passagers est à cheval entre les deux, ce qui crée une certaine distance.
Heureusement, à mi-chemin dans la prestation, l’ambiance se réchauffait, le chant prenait son aise, et on comprenait beaucoup mieux où Les Passagers nous mènent. Probablement un léger manque d’expérience, ou de confiance en soi. Ça viendra, sans doute.
Édwar 7
Ils sont à peine au tournant de la vingtaine, ont formé leur groupe il y a moins de 3 ans, et pourtant, ils sonnent comme un groupe prêt à faire frémir un jeune public avide de pop-rock FM. Et c’est déjà ce qu’ils font, si l’on peut se fier à la foule qu’ils ont réussi à attirer (et à faire crier) au Lion d’Or lundi soir, eux dont les pénates sont pourtant installées à Sherbrooke.
Entendons-nous : on n’est pas dans la grande originalité, et ce n’est pas exactement notre tasse de thé. Mais le public ado/jeune adulte québécois a besoin de ce genre de son à la « Paramore en français », un créneau pas vraiment occupé en ce moment. Un ami journaliste comparait leur son aux premières années d’Andrée Waters. Ça donne une idée…
Ce qui est dommage avec ce genre de groupe, c’est qu’on sent davantage une maîtrise des codes de la pop qu’une âme musicale animée par la fureur de la jeunesse. Ça rocke et pourtant… c’est plutôt beige. C’est propre, pro, bien fait, joué avec assurance. Mais quand on fait du rock vanille à 20 ans, difficile à croire qu’il en sortira du mordant un de ces jours…
En même temps, on n’apprend à devenir rockeur : c’est une question de personnalité. Certains artistes ont envie de gueuler leur colère, de décaper les murs à coup de fuzz, d’exhumer les angoisses en mettant ses tripes sur la table, alors que d’autres souhaitent simplement créer une musique énergique et accessible.
Et force est d’admettre qu’ils tiennent tout un hit en la chanson Quand ton cœur casse. Pas étonnant que cet extrait, sorti en novembre dernier, soit devenu un « Buzz ÉNERGIE » (peu importe ce que c’est) sur les ondes radio.
Verdict
Les Passagers et Edwar 7 ont visiblement fait bonne figure, s’emparant respectivement des 1ère et 2e positions. Mclean n’a malheureusement pas jouit de la même reconnaissance, et se retrouve par conséquent en 9e et dernière position. Aussi bien dire que les demi-finales sont hors de portée pour Mclean…
Classement provisoire (après 3 soirs sur 7)
- Les Passagers
- Edwar 7
- Sarahmée
- Nicolet
- Miss Sassoeur & Les Sassys
- La Guillaumansour Expérience
- Vincent Appelby
- Éric Charland
- Mclean
- Artiste(s)
- Edwar7, Francouvertes, Les passagers, Mclean
- Ville(s)
- Montréal
- Catégorie(s)
- Alternatif, Chanson, Pop, Rock,
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