Francouvertes

Francouvertes 2014 – Ronde 1 – Soir 7 | Protofiev, Les Hôtesses d’Hilaire et Deux Pouilles en cavale

La ronde préliminaire des Francouvertes se terminait lundi soir avec une dernière soirée toute en rock : Les Hôtesses d’Hilaire, Protofiev et Deux pouilles en cavale tentaient à leur tour de s’insérer dans le top 9 qui avance en demi-finale.

 

Protofiev

Photo par Pierre Bourgault.

Photo par Pierre Bourgault.

Protofiev donnait le coup d’envoi avec la prestation la plus bruyante de toutes les Francous. Une guit, une basse, une batterie : les trois gars n’ont pas besoin de plus que ça pour créer un boucan de la mort.

Les groupes de ce genre ne sont pas très nombreux dans le paysage québécois-francophone : du noise rock avec une attitude punk et des petits détours prog-rock (ou stoner rock dans le cas de la très bonne Tes yeux, un abreuvoir), ça court pas les rues, surtout pas en français. Surtout pas aux Francouvertes

Malheureusement, ça a paru. Le chanteur, visiblement peu habitué au calme qu’impose la configuration cabaret du Lion d’Or, y est allé de quelques commentaires vers la fin de la perfo : « avez-vous du fuuuuun? », lance-t-il avec sarcasme, avec sa voix de full-ado-genre, avant de renchérir avec un « coudon’, on joue pour qui ? » et d’enchaîner avec le brulôt Deborah.

C’était peut-être pour faire rock’n’roll, allez savoir. Si c’est le cas, c’est à la fois réussi et un brin maladroit : le public semblait médusé, l’air de dire « mais non, on aime ça ». C’est juste qu’au Lion d’Or, on tasse pas les tables pour faire un moshpit. C’est pas le Club Lambi, ici.

N’empêche, au balcon, on appréciait la décharge sauvage du jeune band, qu’on aimerait bien revoir en demi-finale.

 

Les Hôtesses d’Hilaire

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Le gros fun noir s’est poursuivi avec le blues rock puissant des Hôtesses d’Hilaire, qui ont visiblement du métier dans le corps.

Le chanteur était probablement le personnage le plus coloré des 7 soirs de préliminaires : un mélange entre le Denis Drolet barbu et le géant Ferré, affublé d’un gaminet de Zappa trop court pour la bédaine et trinquant au vin rouge à même la bouteille. Voix puissante, présence de scène imposante, auto-dérision évidente ; il en jette, le monsieur.

Les cinq musiciens acadiens semblent d’ailleurs complètement dépareillés. Pas musicalement – le band est tight à souhait – mais visuellement, c’est comme deux générations complètement différentes. Le guitariste Mathieu Leblanc, par exemple, a l’air à peine majeur. Le chanteur n’a d’ailleurs pas manqué l’occasion de le souligner : « notre guitariste, on l’a pris sur le même site Internet que notre batteur, c’est exploiteunenfant.com ».  Mais lorsqu’il se lance dans un solo de guitare (lors de L’homme de glace, notamment), on comprend pourquoi ses compères aînés l’ont choisi.

Les textes ne donnent pas dans la grande subtilité : c’est farfelu, souvent grivois, et parfois bien ficelés, notamment pour Cocu, qui relate la confrontation entre un cocufié et son cocufieur pris les culottes baissées (dans sa robe de chambre).

Et d’autres fois, ça donne de la douce poésie du genre : « Elle pensent que je baise fort / Mais non, j’me crosse avec leur corps » ou encore « Dis-lui jamais que tu l’aimes les gosses pleines / Comme tu vas pas à la grosserie le ventre vide ».

Pas chic chic mais fort sympathique, surtout lorsqu’on donne dans le blues rock. Parce que parfois, ça frôle le rock de mononcle…

 

Deux pouilles en cavale

Photo par Pierre Bourgault.

Photo par Pierre Bourgault.

Et le tout s’est terminé en beauté avec le trio prog-rock déjanté Deux pouilles en cavale : un genre de mélange entre Frank Zappa, les Abdigradationnistes et Estradasphere.  Ça non plus, on n’en voit pas souvent aux Francouvertes.

Ça part brusquement dans tous les sens avec un sens du punch franchement impressionnant au service d’une imagination débordante. Il faut dire que les musiciens sont de vrais petits virtuoses, et s’amusent ferme avec leurs compositions atypiques et imprévisibles. Y’a de la folie, de l’absurdité et beaucoup d’audace. Mention honorable, à ce niveau, aux chansons La cloque et Ouais mais là, ainsi qu’au segment encore plus bizarre, vers le milieu, où les chansons s’entremêlaient (au point où on peinait à suivre où le groupe était rendu dans le cahier de paroles) et au cours duquel le batteur a froidement poignardé une laitue icebergC’était franchement weird.

Encore une fois, il y aurait de meilleurs contextes pour apprécier ce genre de démonstration musicale, mais espérons que le public et le jury des Francouvertes auront su reconnaître le mérite du trio, qui ne propose peut-être pas de la grande poésie bien sentie, mais se démarque du lot par son instrumentation ingénieuse et foutrement bien interprétée.

Verdict

Visiblement, l’audace de Deux pouilles en cavale a payé : le groupe se place au troisième rang. Les Hôtesses d’Hilaire devront quant à eux se taper une autre ride de char de 16 heures puisqu’ils se glissent au huitième rang, ce qui leur permettra aussi de participer aux demi-finales.

Malheureusement pour Protofiev, le groupe ne s’est pas classé pour la deuxième ronde.

En vertu des deux nouveaux semi-finalistes, Gab Paquet et Maison Brume rejoignent la liste des exclus.

Palmarès complet des préliminaires

1) Joelle Saint-Pierre
2) Philippe Brach
3) Deux pouilles en cavale

4) Jacques Bertrand junior
5) Julie Blanche
6) Maritza
7) Bobby One
8) Les Hôtesses d’Hilaire
9) P.A.P.A (Pas d’Argent Pas d’Agent)

Éliminés : Mathias Mental, Someurland, Matt Tomlinson, Jérôme Charrette-Pépin, Joanie Michaud, Marc-Antoine Larche, Michel Robichaud, Coroner Paradis, Gab Paquet, Maison Brume et Nini Marcelle.

Photos en vrac
par Pierre Bourgault

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