Eddy de Pretto

Francos 2018 | Entrevue avec Eddy de Pretto

Quelques personnes se partagent les sièges d’une petite salle au 3ème étage de la Maison du Jazz au cœur du Quartier des Spectacles de Montréal. Au menu de cette conférence de presse de mardi midi, un Eddy de Pretto généreux qui répondait volontiers aux interrogations de Nicolas Tittley, animateur à ICI Radio-Canada, mais aussi de journalistes québécois et français et de fans venus à sa rencontre deux jours après sa grande prestation au MTELUS.

Chanson française ? Hip-hop ? Eddy de Pretto botte en touche. « Je ne sais pas de quelle école je suis. Ce que je sais, c’est que j’essaie au maximum de faire rythmer le français, de faire claquer les consonnes et qu’on puisse entendre les phrases jusqu’au bout. »

Passer près de quarante minutes en compagnie du Français, c’est gage d’obtenir de sa part des réflexions fortes intéressantes sur la musique, sur la société d’aujourd’hui mais également sur son quotidien qu’il vit depuis sa récente notoriété acquise. Conservant son inépuisable casquette blanche mais délaissant le reste pour un combo jacket-pantalon en jeans, l’auteur de l’acclamé Cure affirme toutefois ne pas vouloir lancer de mode et s’accommode même des critiques et parodies. « Est-ce constructif ? Je ne sais pas. En tout cas c’est rigolo » dit-il avec un sourire au coin de la bouche. Décontracté, le natif de Créteil a le rire facile bien que tout n’ait pas été simple durant cette enfance passée dans cette cité en banlieue de Paris. « J’ai tout arrêté, je suis parti, J’ai quitté Créteil ».

* Photo par Victor Diaz Lamich.

Touché par l’expérience montréalaise

S’il se rend volontiers dans le quartier pour partager un dîner le dimanche soir avec sa mère, Eddy de Pretto se souvient aussi de cette enfance en marge des codes sociaux comme il l’évoque dans sa chanson Kid qui questionne la virilité obligatoire :

J’avais envie de questionner toutes ces injonctions que j’avais pu recevoir de par mon père ou par l’autorité, l’aspect stricte de ma mère et aussi des gars qui traînaient en bas de chez moi où l’on n’avait pas le droit de montrer aucune faille, aucune faiblesse, aucune sensibilité… 

La lucidité du chanteur sur le monde qui l’entoure est édifiante et se dévoile en cours d’entretien mais aussi sur scène. Pour sa première hors des frontières françaises, le jeune homme de 25 ans se souviendra longtemps de cette soirée au MTELUS qui l’a ému et touché, lui qui s’attendait initialement à un public « assez timide » dans une la plus petite salle de l’Astral. Pourtant, c’était bel et bien le contraire qui se produisit. « Il y avait comme une ferveur que je pouvais retrouver à la Cigale ou des scènes parisiennes, où il y a de l’engouement puisque tout a commencé là bas, » dit-il avec nostalgie.

* Photo par Loic Fortin.

 

« Je n’imagine pas la scène sans un pack vivant »

La recherche de perfection habite au quotidien Eddy de Pretto, même sur scène pour celui qui a commencé très tôt les arts dramatiques. Une manière aussi de montrer, pendant un instant, une étoffe par la danse, le chant et le théâtre et qui contraste inévitablement avec une certaine modestie visible chez le l’artiste français. « Pour moi c’est un tout, je n’imagine pas la scène sans un pack vivant. Quand je monte sur scène, (…) je vais tout enlever et mettre mon gros costume de monstre » affirme avec conviction le nominé aux dernières Victoires de la Musique.

Et s’il n’écrit pas toutes les heures, il saisit au vol les idées qui lui viennent pour les retranscrire vocalement ou par écrit sur son téléphone en moyenne chaque jour. Citant vaguement l’écrivaine Marguerite Duras, il considère qu’en racontant le plus précisément son fort intérieur, cela touche le plus de monde possible :

J’essaie d’être le plus sensé et le plus authentique avec ce que j’ai envie de raconter. J’avais vraiment envie de me décrire, de me dessiner sur le texte le plus précisément possible. Donc quand je travaille, je vais gratter dans les dictionnaires de synonymes justement pour être le plus précis et juste dans l’émotion et le sentiment que je peux ressentir.

Le processus d’écriture continue au quotidien et se bonifie évidemment par sa nouvelle expérience qu’il vit depuis son récent succès. Se poser des questions, déranger et chercher les sujets brûlants au plus profond de lui-même seront toujours des façons d’avancer musicalement. « Et il y a beaucoup de nouveaux sujets qui arrivent, surtout avec la notoriété… les limousines et les coupes de champagne à gogo ! » rie-t-il aux éclats.

Pour l’instant, celui qui rêve d’un duo avec James Blake dans un clip tourné par Xavier Dolan ne se projette pas sur un deuxième album. L’invitation est toutefois lancée !

* Photo par Victor Diaz Lamich.

Eddy de Pretto est à revoir au Québec le 2 septembre prochain dans le cadre du Festival Mile End Ex. Tous à vos agendas pour revivre ce spectacle sensation !

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