Juste vide ton coeur

FIL 2025 | Juste vide ton cœur : une ode à la transidentité

Acadie, mort, transition de genre : des sujets portés d’émotions que Xénia Gould a transporté sur les planches de l’Usine C à Montréal, jeudi soir, et qu’elle reproduira lors des deux prochains soirs dans le cadre du Festival International de Littérature (FIL). À l’occasion de la pièce de théâtre Juste vide ton cœur, l’artiste à l’accent acadien a fait vibrer la foule en traitant de ces thématiques qui lui sont chères.

Originaire de Shédiac, au Nouveau-Brunswick, qu’elle surnomme elle-même la « capitale mondiale du homard », Xénia Gould a livré un monologue bien chargé teinté d’humour, mais aussi de sujets sérieux comme le suicide, où elle décrit les défis auxquels elle a dû faire face, dans sa jeunesse. En tant que femme trans et queer, elle cherche à transposer la réalité de la communauté LGBTQ+, particulièrement chez les plus jeunes, pour aborder une discussion plus large sur le stigma duquel ils font face. Le tout dans un franglais propre à l’Acadie, affectueusement surnommé le « chiac », qu’elle utilise sans gêne pour rendre hommage aux communautés francophones minoritaires au Canada.

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La toile de fond sur laquelle repose la pièce est le décès de sa grand-mère et de sa tante, dans sa jeunesse, deux femmes qui l’ont profondément marquée et à qui elle aurait aimé parlé de sa transition de genre. Selon elle, c’est la raison qui l’a poussée à offrir cette performance devant le public.

Les multiples allusion qu’elle y fait, tels que « Sex, drugs and Lobster Rolls », ou lorsqu’elle évoque « l’homme que j’ai laissé mourir », lui permettent de cimenter la thématique de la transidentité qu’elle veut conserver tout au long du numéro. L’important pour Xénia était vraiment de relater le vécu de cette personne trans et queer acadienne, qu’elle existe d’une manière qu’elle le souhaite, à la fois dans toute sa tristesse et sa tendresse, mais aussi, parallèlement, dans toute sa joie.

« Ce qui était difficile pour moi n’était pas tant d’écrire le texte en tant que tel, mais vraiment de couper certaines parties du texte [que j’avais écrit au départ], a expliqué Xénia Gould à la fin du spectacle. Mon premier jet d’écriture était la matière grasse, et ensuite, à travers des discussions que j’ai eu avec la metteuse en scène, de trouver l’essentiel. De prendre un moment pour me dire : ‘qu’est-ce qu’est l’essentiel ? Quel est le cœur du show ?’ Il y a des scènes qui n’ont finalement pas été retranchées qui demeurent très proches de mon cœur. C’était vraiment mon grand défi. »

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Pas qu’un monologue

Si la grande partie de la représentation consiste en un monologue que Xénia Gould entretien avec le public, l’artiste démontre aussi abondamment ses talents de danse, sur la scène. Elle passe d’abord un moment vêtue d’un grand costume de homard, pour ensuite le retirer, et se dénude partiellement, ne gardant qu’un bikini noir, avant de valser au son de la musique stridente qui envahit peu à peu la salle. Un processus qui, selon elle, est venu tout à fait naturellement.

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Mis à part l’éclairage éblouissant qui persiste tout au long de la représentation, la metteuse en scène, Angela Konrad, fait aussi appel à l’odorat du public en ajoutant de la vapeur épaisse à la grandeur de la pièce, qui laisse une odeur percutante, pour une bonne partie du spectacle.

La centaine de membres que composait le public a grandement fait sentir sa présence, applaudissant à de nombreuses reprises et imitant les cris de l’artiste tout au long de la soirée.

« C’était ma première représentation devant le public montréalais, confie-t-elle. J’ai vraiment apprécié la réaction du public face à cette pièce. Je pense que c’était à la hauteur de mes attentes. »

Après la série de trois spectacles, qui se conclura le 27 septembre à l’Usine C, Xénia Gould espère pouvoir recommencer la même expérience l’an prochain. Elle travaille également sur un projet avec des partenaires qui lui permettrait de faire vivre la pièce ailleurs au Canada.

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