Natalia Lafourcade

Festival international de Jazz de Montréal 2025 – Jour 1 | Natalia Lafourcade en pleine fête de quartier

Deux fois. Deux fois en un mois. Deux fois en un mois qu’on assiste à un spectacle pendant lequel il y a une demande en mariage. Le premier coup, dans Ahuntsic lors de la prestation de Safia Nolin. Puis hier, 26 juin, en pleine Place des Arts doublement sold out, devant l’artiste la plus primée de l’histoire des Latin Grammy Awards, madame Natalia Lafourcade.

La demoiselle a dit oui, si jamais vous vous demandiez. Et là je n’en suis pas 100% certain parce que mon espagnol est celui d’un gars qui l’a étudié un peu mais qui vient quand même de la Beauce, mais je pense que Natalia a repris, après la demande et le tonnerre d’applaudissements qui l’ont suivi, avec une toune sur le divorce.

J’espère que j’ai bien compris, parce que si oui, drôle en tabarouette.

Mais ce que cet événement soulignait, au-delà que l’amour c’est cute, c’est à quel point ce spectacle était une expérience communale. Parce que dès que la foule a compris ce qui se passait, ce fut le délire. Comme si tout le monde présent venait de se marier avec eux. Et ça a été comme ça tout au long de la soirée: tout le monde chante à tue-tête, tout le monde crie, tout le monde répond à l’artiste comme si c’était une discussion. Une ambiance qu’on ne voit pas souvent, pour ne pas dire jamais, lors de performances musicales à la Salle Wilfrid-Pelletier, d’habitude assez formelle et prompte au décorum.

Là, j’aimerais bien vous rapporter tous les échanges qu’il y a eu entre madame Lafourcade et son public, mais tel que mentionné plus haut, mon espagnol est ce qu’il est. Je sais qu’on a parlé de Veracruz et de sa mer, du nouvel album de l’artiste, de Mexico.

D’ailleurs, immense salut à la diaspora mexicaine qui a vraiment show up pour l’occasion. Une fierté palpable planait dans l’air de la Place des Arts, une envie de fête, un sens du devoir, aussi, peut-être, vu les tensions entre ICE et les populations latines de l’autre côté de notre frontière.

« Je fais de la musique pour abolir les frontières », de d’ailleurs dire l’artiste.

Fierté qui atteint un premier paroxysme au moment où la cancionera se lance dans une reprise de La Bamba.

Puis son réel paroxysme à la toute fin du spectacle, après Hasta la Raiz, alors que la salle ovationne, quand est entré sur scène Maurin Auxéméry, directeur de la programmation du FIJM depuis 2023, pour remettre en surprise à l’artiste le prix Ântonio Carlos Jobim.

Ce prix, célébrant chaque année une figure ayant marqué la « musique du monde » (faute d’autre terme) est auparavant passé entre les mains de Vieux Farka Touré, Amadou & Mariam, Youssou N’Dour ainsi que du cheb de tous les chebs, Khaled.

Un hommage mérité pour l’ensemble de l’œuvre, mais qui aurait quasiment pu être décerné rien que pour le show qu’elle venait de donner.

Parce que là je me suis emballé à parler d’ambiance et d’anecdotes, mais reste que c’était un spectacle de musique pareil. Fait que parlons-en.

Seule sur scène, guitare classique à la main, le pied sur une mallette, assise à côté d’une petite table sur laquelle se juche une lampe n’éclairant guère autre qu’un verre d’eau et une bouteille de mezcal – pas le setup qu’on imagine quand on pense à quelqu’un qui s’apprête à commandant une foule de milliers de personnes, mais pourtant celui avec lequel a réussi l’exploit Natalia hier soir.

La première chose qui frappe, dès les premiers titres joués, c’est à quel point on a à faire à une bonne guitariste. Réglée comme un métronome, la musicienne fait de sa guitare un instrument percussif et la transforme en une extension d’elle-même. En se levant à la fin du show, elle soulève d’ailleurs sa 6 cordes et la présente comme on saluerait un musicien à part entière.

Vient ensuite sa voix, douce-puissante, avec laquelle elle s’amuse beaucoup (on a eu droit à un pas pire solo de cocoricos pendant un moment).

Puis viennent les voix de son public. Elle a eu droit à une chorale bénévole des membres de l’audience pendant à peu près toutes les chansons, certaines personnes allant même jusqu’à harmoniser avec le cœur.

J’aurais bien voulu me joindre, mais je ne voulais pas que mon espagnol bâclé soit démasqué.

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