crédit photo: Leeor Wild
Elisapie

Festival BleuBleu 2024 – Jour 2 | Shaina Hayes, Rowjay, mais surtout Elisapie

Deuxième matin qui se lève sur les berges de Carleton. Dans la file du café La mie d’en haut s’entasse une faune mixte de locaux et de monde de la grand’ ville fraîchement débarqué. La fin de semaine commence tranquillement.

Premier item au menu aujourd’hui (après le double espresso court), le marché des artisans.

C’est en grande partie ce qui fait la beauté des festivals comme BleuBleu : la ville au complet se transforme et la communauté s’implique pour vrai dans le projet. La programmation paramusicale devient alors aussi intéressante que les shows en soi. Avez-vous déjà participé à un tournoi de ricochets de cailloux dans l’eau de la mer? Ben y’avait ça, à BleuBleu, hier après-midi. Tournoi de basket? Y’avait ça itou.

Mais bref, le marché. Miel artisanal, métiers d’art, bijoux, beaux livres liés à la musique (dont Fallait être là, de Marc-Étienne Mongrain, qu’on recommande chaudement), stands à hot-dog et une bonne sélection de vinyles gracieuseté d’Audiostop, le disquaire de New Richmond.

Y’avait aussi (surtout) Panko, le chien officiel du festival, qui portait d’ailleurs son badge « Équipe – support émotionnel » parce que t’sé, Panko est su’a job.

On y reste le temps de se siffler une guédille aux crevettes et une limonade aux fraises, puis après c’est jour de plage jusqu’aux premiers shows.

J’ADORE CE FESTIVAL.

Shaina Hayes

L’artiste Shigawakienne revient dans sa Gaspésie natale le temps de nous offrir un set indie folk qui semble avoir été spécifiquement composé pour accompagner le bruit des vaguelettes qui percutent la coque des bateaux parkés autour de la scène du quai.

(Vous excuserez l’élan de poésie, le grand air me fait ça.)

Ce n’est pas le premier passage de Shaina à BleuBleu, elle qui jouait en salle à l’édition 2021, mais on dirait que sa musique prend encore plus de sens comme ça, dehors, éclairée aux restants de soleil.

(S’cusez encore.)

Une voix de miel artisanal, qu’elle a, Shaina. Peut-être est-ce son passé agricole qui ressort.

Une performance très relax, somme toute, mais une parfaite mise en bouche pour la suite.

Elisapie

« C’est des chansons que j’ai volé aux blancs. »

C’est ainsi qu’explique l’artiste son projet de reprendre des chansons de la culture populaire américaine en les traduisant en inuktitut puis en les réarrangeant à sa sauce.

De ces covers, on compte entre autres Isumagijunnaitaungituq, une version épurée de The Unforgiven de Metallica qui, j’vous mentirai pas, m’a quasiment fait brailler.

(Le grand air me fait ça aussi.)

Parlant d’inuktitut, Elisapie s’adressera beaucoup au public dans sa langue natale, rendant le travail de votre humble reporter un peu complexe, mais nous offrant une fenêtre vers une culture qu’on n’a que trop longtemps ignorée.

Lorsqu’elle choisit le français, c’est pour faire passer un message ou alors rendre hommage.

Hommage à Sugluk, le groupe de son oncle, dont elle parle souvent. Hommage à Willy Mitchell, aussi, dont elle reprendra d’ailleurs un titre.

Au moment de clore, Elisapie et ses musiciens délaissent leurs instruments et s’entassent autour d’un simple micro (12 hommes rapaillés-type beat, pour celles et ceux qui se souviennent de ce show-là) et interprètent a capella Wish You Were Here.

La lune d’un orange presque Julep veille maintenant sur la mer et les harmonies vocales résonnent dans la vallée et non, j’braille pas, toé tu brailles.

Rowjay

C’est dans le foulard de soie Kenzo à Rowjay qu’on essuiera nos larmes.

Le « jeune finesseur » en personne à Carleton-sur-Mer, toi chose. Incroyable mais vrai. Un homme à la vie rapide au paradis du slow living. Un carnaval de finesse sur la plage.

Dès qu’on entre sous le chapiteau qui accueille le rappeur, on constate le changement de crowd. D’un, on y distribue des bracelets pour les gens de 18 ans et plus et la moitié de la foule n’en porte pas. Toute la jeunesse gaspésienne est ici, qu’on en conclue. Et avec raison. Quand t’as le jeune entrepreneur qui prend une pause de la France pour venir bénir de son flow le sable de ton patelin, tu te pointes.

Là j’ai l’air de faire des blagues, mais pour vrai, immense fan de Rowjay et très heureux de voir qu’on lui donne enfin la place qui lui revient dans le paysage du rap queb.

Et Rowjay lui-même a l’air très content d’être où il est. Tout sourire, il passe à travers les multiples hits de sa discographie, au grand bonheur de la jeunesse.

Parlant de jeunesse, les plus courageux membres de l’audience sautent, suite au show de Rowjay, dans la navette menant au pit de gravelle où se déroule la nuit blanche Shift Radio.

Mais moi je suis vieux pis j’v’a m’coucher. Bonne nuit.

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