crédit photo: David Ospina
Féministe pour homme

Féministe pour homme à l’Usine C |Une pièce bienveillante et pleine d’humour

Sophie Cadieux brille de tous ses feux dans la pièce Féministe pour Homme, présentée à l’Usine C. Confiante et pleine d’humour, elle monologue sur scène pendant une heure trente, rendant à merveille les textes de l’autrice française Noémie de Lattre, adaptés pour un public québécois par Rébecca Deraspe.

De sa nature et éducative, la pièce s’adresse, tel que son nom l’indique, principalement aux hommes. Sans attaques ni hargne, l’actrice explique des concepts féministes et historiques, ainsi que des frustrations et des faits vécus spécifiquement par les femmes.

Celles-ci n’ont rien à perdre à y assister, cela étant dit. La promesse du safe space et les gags tout aussi inclusifs qu’hilarants auront de quoi réjouir n’importe quel spectateur doté d’une ouverture quelconque. Même ceux et celles n’ayant rien à apprendre en termes de féminisme passeront un bon moment: cette pièce s’adresse aussi à eux.

Le décor donne le ton à la soirée avant même que la pièce commence, alors que la salle se remplit rapidement. Le rouge et le mauve vifs laissent présager une soirée éclatée et sans censure. Deux cubes rouges, un petit et un gros, ainsi qu’un long cylindre mauve font office de meubles et n’attendent qu’une seule chose: la tête d’affiche.

Après un ajustement d’éclairage, elle arrive en gambadant, bottines à talons hauts aux pieds et veston à paillettes sur le dos. Vibrante d’énergie, elle se présente, tout sourire: « Coucou! C’est moi, Sophie! ». Déjà, une embûche. Le micro émet des sons forts désagréables. Sans broncher, elle s’adresse à la régie et leur fait savoir que, puisque c’est comme ça, elle récitera ses lignes sans micro.

Déversant blague après blague sans broncher, parfois cinglante mais toujours respectueuse, Sophie Cadieux se livre à une performance impressionnante. Statistiques, faits historiques et leçon d’humanité, elle rend le féminisme accessible à tous et toutes. D’acquisition de droits fondamentaux aux citations de Simone de Beauvoir, en passant par le clitoris, elle donne un petit cours de féminisme et de sexualité, sans tomber dans la condescendance.

 

Monologue physique

La comédienne livre son texte presque sans accro. Les quelques fois où elle s’enfarge dans son texte, on le lui pardonnera: elle ne décroche jamais. Ce n’est pas donné à tout le monde de s’époumoner sans micro pendant 90 minutes tout en effectuant (littéralement) un entraînement physique!

Squat, zumba, push-up et danses sensuelles. Tout est mis en oeuvre pour donner du dynamisme à ce monologue. Quand elle n’est pas en train de se livrer à un entrainement intensif, elle déplace les prismes géométriques géants qui servent de décor en les poussant à bouts de bras.

Elle prend évidemment de courtes pauses d’exercice en expliquant, par exemple, la taille d’un clitoris (de 8 à 15 cm, oui oui) ou les fondements de la Commission Bird. Le tout en est suivi d’une danse avec un clitoris en plastique. « Ça m’a fait plaisir vous m’enverrez des photos », lance-t-elle.

Bien que l’essence de la pièce se retrouve à mi-chemin entre le théâtre et le stand-up, il n’y a aucune gêne d’imposer des moments plus en graviter lorsque nécessaire. Féminicides, attentats à la Polytechnique, droit à l’avortement et violences obstétricales sont abordés avec sérieux et grâce.

Hochements de tête et soupirs émotifs d’appréciation sont de mise. L’autrice et l’adaptatrice de Féministe pou homme ont su mettre en place un environnement où les femmes se sentent vues et reconnues. Sophie Cadieux fera certainement verser quelques larmes aux spectatrices et aux spectateurs en offrant une ode touchante aux femmes.

La pièce prend fin avec beaucoup de grâce et d’humilité. La comédienne termine son impressionnant monologue en soulignant que le féminisme dont elle parle, tout au long de la soirée, en est certainement un qui est privilégié et qu’elle ne peut que s’imaginer ce que vivent les femmes ayant moins de privilèges.

Féministe pour homme sera présentée jusqu’au 31 octobre 2021, mais sera de retour sur la scène de l’Usine C à l’automne 2022.

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