Fantômes

Fantômes au Turbo Haüs | De la chaleur dans cet hiver

6 décembre, la rue se laisse marquer par les flocons, créant un motif de poids. Une fois à l’intérieur, la boule disco imite la nature, transformant la neige en lumière. Dans un noir presque total, les conversations se heurtent; la foule attend.

Entrée : Quinton Barnes

Accueilli par un beat électro préenregistré, Quinton Barnes fait son entrée. Il dégage une belle énergie. Seul sur scène, il reste sûr de lui. Il rappe en anglais avec un style résolument américain. Il enchaîne les mots avec aisance et maîtrise un flow plutôt impressionnant. Le seul problème, c’est qu’on peine à saisir les paroles. Quelques mots émergent du lot, mais pour le reste, c’est quasiment impossible de déchiffrer. Difficile de dire si le souci vient du mixage ou du chanteur lui-même, mais vous verrez, ce problème de voix va refaire surface plus tard. À part ça, Quinton est assez expressif dans ses mouvements de danse; ils sont tellement contagieux que le public se laisse rapidement entraîner. Les morceaux défilent sans interruption et le spectacle dure environ 30 minutes. Les beats sont intéressants, fusionnant électro et house. À la fin de sa prestation, Quinton Barnes quitte la scène, annonçant l’entracte.

Plat principal : Fantômes

Bim-bam-boom, le show démarre! Voilà les cinq membres : Bobby Lehoux au chant et à la guitare, Antoine Corriveau aux claviers et à la guitare, Jeanne à la basse et aux synthés, Ryan White à la batterie et Claudelle au chant. Ils montent sur scène, chacun.e portant une lampe frontale. Habillés dans un style camping en forêt, ils entament leur première chanson. Pour célébrer leur nouvel album, Couleuvre, Fantômes nous livre leur meilleur rock psychédélique avec une touche de pop dissonante. Les morceaux sont remplis de moments instrumentaux d’une richesse surprenante, avec des mélodies envoûtantes, des effets et des sons singuliers. Le côté dissonant de la guitare ajoute une belle intensité à l’énergie rock. Les instruments s’harmonisent parfaitement, créant une alchimie originale. Par moments, la musique prend une tournure presque oppressante, où la guitare se transforme en arme et où le batteur se déchaîne sur les cymbales. Certaines notes frôlent le juste et le faux, ce qui renforce l’aspect déstabilisant des chansons. En somme, c’est notre Nine Inch Nails québécois.

Quant à la voix, c’est une autre histoire. Comme pour Quinton Barnes, il est difficile de comprendre les paroles. Et c’est bien dommage, car les textes semblent vraiment soignés. En tant que passionné de paroles francophones, cela me désole un peu plus. En outre, la voix semble bizarrement aérienne, manquant de soutien. De plus, cette douceur vocale contraste avec la brutalité des instruments. On finit par se concentrer davantage sur les claviers et les riffs de guitare. Concernant les voix secondaires, elles s’harmonisent bien et ajoutent de la clarté.

Les interventions de Bobby sont assez drôles et naturelles. Il parvient à détendre l’atmosphère et à créer rapidement un vrai lien avec le public. Puis, à un moment donné, Jeanne, au-dessus d’une bougie, grille une guimauve ! Ils préparent même des s’mores. En termes d’énergie, on sent que le groupe forme une belle équipe. Leur complicité est évidente, et durant les remerciements, Bobby exprime son affection pour chaque membre, ce qui est très touchant.

Bref, ce fut un spectacle captivant. Personnellement, je trouve que la première partie n’était pas tout à fait en phase avec l’univers de Fantômes. Les deux styles étaient trop opposés. Cela dit, la richesse instrumentale était indéniable, et tout amateur de rock ne pourrait que s’en réjouir. Comme la neige sur le trottoir, la soirée, enveloppée dans la chaleur humaine, s’est écoulée au fond d’une bière, d’un métro et d’un rêve.

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