
Falling In Reverse au Centre Bell | Flamboyant culte
C’est une prestation vaste et foisonnante qu’a offerte Falling in Reverse dans le cadre de la tournée God Is A Weapon devant une horde de fans conquis d’avance, le 11 septembre dernier au Centre Bell à Montréal, le chanteur Ronald « Ronnie » Radke les ayant conviés à une messe noire typique de ce culte qu’est devenu le groupe par « sa faute ».
Malgré sa fatigue évidente et l’absence d’une grosse pointure de la tournée, qui a fait que le grand aréna ne s’est rempli qu’à l’approche de l’entrée de la tête d’affiche, la soirée aura été marquante à tout point de vue, le mauvais garçon de la musique ayant su s’ouvrir lentement, mais sûrement au public dans une montée soigneusement étudiée.
FALLING IN REVERSE
C’est un Ronnie Radke cerné jusqu’aux joues qui a ouvert la prestation de Falling in Reverse après une intro vidéo montrant les cinq membres déconner en coulisses, tant bien qu’on pouvait se demander si ça augurait mal pour la suite. Allait-il ne nous rendre que le strict minimum? Allait-on avoir droit à tout le phénomène réputé ou seulement à une présence édulcorée?
On a vite été rassurés. Radke a plutôt tout donné, particulièrement à partir du tiers et jusqu’à la toute fin de la prestation, explosive, dans une ascension d’une rare intensité où pas moins de dix-huit chansons ont été défilées en une heure trente, sans qu’on en perde pour autant leur âme, vidéos et présentations visuelles constantes à l’appui.
On a compris que si le groupe originaire de Las Vegas en avait fait ainsi pour chacun des quelque vingt spectacles précédents de la tournée, on pouvait bien lui pardonner son air épuisé et ses yeux bouffis. Il était tout excusé.
Le « monstre populaire », massivement tatoué de noir et reconnu pour ses nombreux démêlés avec la justice, a lancé ce bal mêlant post hardcore, metalcore et emo avec la très sombre et léchée Prequel devant une série d’effets pyrotechniques d’une certaine envergure, si bien qu’à la fin de cette première chanson, l’air dans le Centre Bell était déjà plus chaud (et ce n’était qu’un début).
Tour à tour, et ponctué par de très courtes interventions de Radke, le band américain a défilé de ses plus anciens et plus récents albums ses Zombified, la très attendue God Is A Weapon (un récent duo avec Marilyn Manson), Trigger Warning, Fuck You and All Your Friends, Bad Guy et The Drug in Me Is You dans un feu roulant d’effets pyrotechniques parfois très soutenus et d’impressionnants jeux d’éclairage obliques.
Au terme de Asshole, la onzième chanson, Ronnie Radke a feint un départ et a lancé : « Ok, bye! Conduisez prudemment! Je suis fatigué, je m’en vais à la maison », ce à quoi les fans ont répondu par un long et bruyant « Booooooooo » qui allait laisser place à deux chansons plus country, dont All My Women, pour laquelle le chanteur s’était vissé un chapeau de cowboy sur la tête, tranchant avec son style emo et noir.
Après quoi Radke et le guitariste Christian Thompson ont fait un cadeau inespéré à la foule : ils ont décrété qu’il était temps de descendre de scène pour se fondre aux spectateurs. Ils ont arpenté le parterre, où il y avait aussi des sections assises (une honte!), flanqués d’un caméraman, d’un éclairagiste et de gardes du corps, saluant et échangeant généreusement avec les fans qui s’agglutinaient pour les voir de plus près. Puis, ils ont entamé, Thompson le premier, la très populaire Loosing My Mind tout en remontant sur les planches.
Le band a alors demandé à tous les spectateurs d’allumer la lampe de poche de leur cellulaire afin de créer une encore plus grande communion. « Est-ce que vous me niaisez? Vous êtes tellement beaux! C’est malade! C’est géant! On doit prendre une photo de ça! », s’est écrié Radke, sincèrement touché par l’ampleur de la place bondée. Il a demandé au photographe de la tournée de se présenter sur scène pour immortaliser le moment, mais ça ne s’est pas passé comme prévu, celui-ci ne s’étant jamais pointé, agaçant grandement le chanteur : « Où est notre photographe? ALLÔ! ALLÔ! Où êtes-vous, monsieur le photographe? », puis, encore plus irrité, « Absolument incroyable! Il est où? Y a-t-il des photographes dans la salle? Merde! ». C’est finalement le batteur qui a pris le cliché avec son propre téléphone; l’histoire ne dit pas si ledit photographe déserteur a été viré le soir même par la formation…
S’en est suivi la puissante Popular Monster, au cours de laquelle The Ronsters Fan Community (la communauté des fans de Ronnie) ont gueulé en chœur « Oh, where the fuck is your god now? » avant d’entonner le classique montréalais « Olé, olé, olé, olé! » au terme de celle-ci. C’est là que Radke a fait honneur à sa réputation de narcissique invétéré en demeurant en silence sur scène, attendant les applaudissements et les cris de « ses disciples ». Il est resté longuement ainsi, en demandant plus par de simples coups d’œil et petites moues fendantes et prétentieuses, savourant sa gloire et sa popularité, l’air de dire : « Allez-y, aimez-moi ! ».
La soirée s’est close dans une apothéose de flammes, d’éclairages rouge sang et d’énergie sauvage, le « showman » incontesté y allant notamment de Ronald et Watch the World Burn, particulièrement parlante ces jours-ci, et annonçant que nous avions tous désormais rejoint son culte. Après quoi la chanson « We Are the Champions » de Queen a résonné, Radke se montrant sur scène avec une ceinture de champion de boxe, annonçant que c’était le meilleur spectacle de la tournée à ce jour (ça avait l’air sincère).
La grande enceinte s’est vidée sur une dernière vidéo de Puppet Ronnie, une marionnette à l’effigie du chanteur, qui avait ponctué la prestation par quelques apparitions vidéos comiques, remerciant les fans et les priant de quitter sagement.
SLAUGHTER TO PREVAIL
Les grands absents de cette soirée rocambolesque auront été les membres de la formation russe Slaughter to Prevail qui, à quelques heures du spectacle prévu à Montréal, ont dû annoncer qu’ils ne pourraient honorer leur contrat. Le chanteur Alex Terrible a une fois de plus éprouvé des problèmes de visa et de passeport qui l’empêchait de quitter les États-Unis, selon un mémo publié par le groupe, le forçant à annuler la participation de la sensation métalcore à la tournée canadienne. Les membres ont toutefois assuré qu’ils seraient partie prenante nord-américaine, européenne et mexicaine à venir.
Slaughter to Prevail avait fait grand bruit lors de son passage au Festival au Lac de Granby, le 7 juin dernier, et les fans et curieux les attendant avec impatience à Montréal. Ça jasait fort dans les files d’attente et aux abords du Centre Bell avant le spectacle, ceux qui avaient tout de même répondu présents étant majoritairement fortement déçus de ne pouvoir les voir à nouveau ou pour une première fois.
Il est à noter que leur absence n’aura pas laissé les spectateurs en reste pour autant, comme on l’appréhendait avant d’entrer dans l’aréna, les autres formations ayant fortement compensé.
HOLLYWOOD UNDEAD ET POINT NORTH
Point North, formation de Los Angeles pouvant s’apparenter à Architects, mais en moins rodé, a ouvert le bal en beauté, les membres se montrant fiers et enthousiastes, eux qui en était à leur toute première prestation dans un aréna du genre.
Mention spéciale à Hollywood Undead, sensation également californienne qui a, disons-le ainsi, foutu le party dans le Centre Bell avant l’arrivée de Falling in Reverse, se présentant à visages découverts, contrairement à leur habitude. C’est que les sept membres à l’énergie contagieuse, dont quatre chanteurs, ont versé dans l’irrévérence et la vulgarité mesurée, utilisant à outrance l’expression « What the fuck » et les sacres communs. « J’ai bu deux White Claw en coulisses, et je me sens nasty, s’est écrié l’un des chanteurs, Jordon Kristipher Terrell, alors que débutait leur succès Everywhere I Go, qui a enflammé les esprits.
Ce drôle de band qui est un mélange original entre les Beastie Boys, Bloodhound Gang et Linkin Park (!) aura fait la soirée de tous, mais plus particulièrement celle de Kylian, un garçon de 9 ans, qui a eu la chance d’être choisi pour monter sur scène avec eux le temps d’une chanson. Terrell l’a soulevé dans les airs sur le thème mythique du film Le Roi lion, le consacrant à la foule dans une hilarité générale avant que le petit se donne en spectacle comme s’il avait fait ça toute sa vie. Il a été reconduit en bas de la scène, emportant avec lui les lunettes de soleil de Terrell en gage de salaire.
Il ne sera pas le seul à être reparti avec des souvenirs : bien qu’il avait été clairement énoncé en début de soirée que la prise de toute photo ou vidéo était strictement interdite, bon nombre se sont joués de la consigne, que personne ne faisait respecter, semble-t-il, et ont glané ça et là leurs passages préférés.
Photos en vrac
Falling In Reverse
Hollywood Undead
Point North
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