Wax Tailor

Entrevue | Wax Tailor présente son conte musical à L’Astral

Le DJ français Wax Tailor est de retour à Montréal avec un nouveau spectacle en lien avec Dusty Rainbow From the Dark, son nouvel album concept. Celui-ci prend la forme d’un conte musical explorant le pouvoir d’évocation de la musique en puisant dans l’imaginaire de l’enfance. À voir ce soir à l’Astral.

«On me dit souvent que ma musique raconte une histoire », lance Jean-Christophe Le Saoût, de son vrai nom, au bout du fil lorsque Sors-tu.ca l’a rejoint sur la route entre San Francisco et Portland. « Mais alors cette fois, je me suis dit : aussi bien trouver une forme et aller au bout de cette idée. Tout ce projet est né de ça : une envie d’aller au bout d’un projet en terme de scénarisation de la musique. »

Quatrième album de Wax Tailor, Dusty Rainbow From The Dark prend donc la forme d’une narration mise en musique, même si c’est bien le récit qui découle d’une création musicale, et non l’inverse. « J’avais envie d’avoir un album concept avec un narrateur. Ça c’était le point de départ ».

« Quand j’ai commencé à y réfléchir, j’ai pensé à ce thème du pouvoir d’évasion de la musique. Ce qui m’est venu assez naturellement, c’est l’idée que, si la musique avait ce pouvoir d’évocation, elle était aussi en mesure de m’évoquer une histoire. Alors ça me semblait plus intéressant de faire la musique et de trouver un axe ensuite, une histoire autour de cette musique»

Ce narrateur, sur l’album, c’est Don McCorkindale (la voix de la version radiophonique de la série The Avengers sur la BBC). L’homme de la situation, au terme de plusieurs semaines de recherche afin de dénicher « celui qui incarnerait vraiment l’ambiance de l’histoire ».

Quelques voix ajoutent du soul par le chant à quelques titres : Aloe Blacc, Shana Halligan (Bitter:Sweet), Elzhi (Slum Village), et Jennifer Charles (Lovage). Ceux-ci ajoutent du soul à un album qui, lors d’une première écoute furtive, pourrait très bien passer pour un disque sans concept concret

Des vinyles et des voix, rien de plus

Dans la pochette, une mention spécifie que ces voix sont « les seules autres sources enregistrées » sur un album autrement strictement constitué d’échantillonnages de vinyles. « C’était garant d’une certaine homogénéité au niveau du son, explique-t-il. Ça me semblait être la seule façon d’avoir une certaine continuité dans le son et dans l’atmosphère, d’avoir le contrôle. »

Ironiquement, l’artiste a travaillé seul en studio mais apporte avec lui, en tournée, quatre musiciens, qui assurent respectivement le violoncelle, le violon, la flûte et la guitare. « Je ne crois pas que ce soit véritablement ironique, rétorque-t-il. C’est juste complémentaire. Ce qui est un peu dichotomique, c’est le côté ‘son studio’, où il y a un son un peu reclus, et soudainement (sur la route), on se retrouve avec une équipe. Mais moi, j’aime bien cette façon de revisiter la musique et de lui donner une forme différente en live. »

« Le violon et le violoncelle – surtout le violoncelle, en fait – c’est l’instrument qui arrive à donner toutes les nuances. On peut en tirer de l’énergie, on peut en tirer de la nostalgie, de la mélancolie. Je pense aussi que, dans ma musique, il y a un mélange de sons. L’énergie du hip-hop, mélangé à des arrangements un peu baroques… Je trouve ça intéressant d’avoir ce côté un peu classique, mêlé à des platines. »

Les spectateurs de ce soir auront visiblement droit à un spectacle hors du commun, à en juger par la vingtaine (!) de metteurs en scène mis à contribution pour le show. « J’ai travaillé pendant 29 mois avec des réalisateurs. J’ai fait des appels d’offres, j’ai reçu environ 800 propositions. On a tout épluché. Après, il y avait un travail de scénographie, de mise en scène. »

Il faut dire que, bien que Wax Tailor ait toujours été soucieux de la présentation visuelle de ses concerts, il avait envie de repartir à zéro et de tout recommencer sans récupérer quoi que ce soit de ses tournées précédentes. « On a effacé le tableau. J’avais envie de faire quelque chose qui soit complètement dans cette atmosphère de conte. J’ai proposé à des réalisateurs de rentrer dans une vision qui soit une sorte d’imaginaire projetée de l’enfance. Ça m’a donné l’occasion d’avoir des visions très différentes, des techniques très variées : du stop-motion, de l’animation, du graphisme, de la matière filmique, des courts métrages ».

Voilà qui promet!

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