La Grande Sophie

Entrevue et performance vidéo: La Grande Sophie et son fantôme

Sophie Huriaux, dite La Grande Sophie, lançait le mois dernier La Place du fantôme, disque assumé, varié et mystique. Sors-tu.ca s’est entretenu avec l’artiste française au bout du fil, alors qu’elle se trouvait en Basse-Normandie après un test de son.

Peu à peu, La Grande Sophie se fait un nom enviable de notre côté de l’Atlantique, comme en témoignait la réaction positive à son passage aux Francofolies de Montréal en juin 2010. Mais dans la francophonie européenne, son nom est déjà bien établi depuis longtemps.

Révélation scène aux Victoires de la musique en 2005, sa popularité et sa reconnaissance n’ont cessé de croître, culminant sur le Grand Prix de l’Académie Charles Cros en 2010 pour son album Des vagues et des ruisseaux (2009).

La voilà qui rapplique avec La Place du fantôme. Étonnant virage pour La Grande Sophie que ce sixième disque studio. La chanteuse, qui adopte habituellement un ton jovial et pétillant, tend davantage vers une pop plus sombre. Ses chansons accrochent des accords mineurs au passage, se trempent dans des rythmes trip-hop ou doucement jazzés, et revêtent des habits plus foncés, des teintes plus ombreuses.

« On m’a toujours étiquettée comme ça, on m’a même décrite comme la chanteuse ‘guillerette’. Pourtant, mes textes ne sont pas toujours très gais. J’ai l’impression d’en dire beaucoup dans les textes, mais les mélodies contrastent, adoucissent les propos », explique-t-elle tout en y réfléchissant tout haut.

« Avec du recul, je crois comprendre que j’étais tout simplement contente de pouvoir chanter, j’avais un enthousiasme que j’arrive mieux à canalyser maintenant. J’essaie d’orienter mieux ma voix, de trouver les bonnes tonalités ».

6 mains derrière la console

La Grande Sophie a toujours su conserver un certain aura de mystère, comme une certaine forme de pudeur. Des vagues et des ruisseaux canalisait cet esprit, tout comme la tournée subséquente, intimiste et délicate, où l’artiste débranchait les instruments, épurait, simplifiait tout.

Photo par Yann Orhan.

Cette fois, pour La Place du fantôme, la chanteuse, qui signe tous les textes et la musique de l’album, revient à un style plus étoffé, épaulée par le trio de réalisateurs formé de Ludovic Bruni, Vincent Taeger et Vincent Taurelle (qui ont collaboré, ensemble, avec Feist, Charlotte Gainsbourg, Francoise Hardy et Oxmo Puccino).

« Au début, je me suis posé la question: ‘est-ce une bonne idée de faire appel à 3 réalisateurs?’  Mais ces trois-là sont tellement complémentaires, c’est comme travailler à deux ».

« En général, j’appréhende le studio: pour moi, c’est comme un huis clos, on s’enferme dans une sorte de monde souterrain. J’avais besoin de me sentir bien avec eux. Ils savaient me faire rire, me rendre à l’aise. Ils m’ont poussée dans une exploration joyeuse. J’avais envie d’aller à leur rencontre et plus loin encore », explique-t-elle en faisant référence à des expériences studio antérieures qu’elle qualifie elle-même de « plus ou moins heureuses ».

 

Voyage à l’intérieur de soi, à la recherche d’une présence

Le temps qui passe: c’est un thème récurrent depuis des lunes pour La Grande Sophie, et un sujet qui semble l’habiter plus que jamais sur ce nouveau disque. Pour s’y retrouver, La Grande Sophie est partie en quête, à la recherche d’une présence intangible mais nécessaire qui se faisait sentir sans qu’elle puisse la cerner. Un fantôme qui cherchait sa place, justement.

« J’avais besoin de parler à quelqu’un. Grâce à l’écriture, j’ai pu me créer une accompagnatrice pour m’aider à trouver des solutions », explique-t-elle avec une sérénité désarmante.

Cette présence « inventée », c’est Suzanne, personnage fictif auquel elle s’adresse dans la jolie balade acoustique qui clôt l’album. « J’ai connu des moments difficiles récemment. Suzanne, c’était mon épaule, ma confidente ».

La Grande Sophie donne déjà des concerts en France, proposant les nouvelles chansons sur scène avec une instrumentation plus musclée que lors de sa tournée précédente. « J’essaie d’être fidèle à ce qu’on entend sur le disque. J’ai dû faire des auditions pour les musiciens, parce que je leur en demande beaucoup. Parfois, ils doivent gérer jusqu’à 3 instruments. Je suis très vigilante en ce qui concerne le son pour cette tournée. Je veux qu’on reconnaisse la couleur de l’album ».

Bien qu’elle ne puisse confirmer quoi que ce soit, Sophie Huriaux compte bien revenir au Québec dès que possible, en formule légèrement réduite. À suivre.

En attendant, La Place du fantôme est disponible en magasins depuis la fin février.

Visionnez la performance acoustique que nous a offert La Grande Sophie lors de son passage à Montréal en avril dernier. Elle nous interprète la pièce Suzanne dans le confort du Salon Thalia de l’hôtel Appart Trylon.

La Grande Sophie sera en concert au Québec en novembre 2012:
01/11 Jonquière au Café Théâtre Coté Cour
02/11 Lévis à L’Anglicane
07/11 Montréal à L’Astral (dans le cadre de Coup de coeur francophone)
09/11 Gatineau à la Basoche
10/11 Magog au Vieux Clocher

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