IAM

Entrevue | IAM nous parle de son nouvel album …IAM

IAM a créé la surprise en sortant l’opus …IAM le 18 octobre dernier, huit mois seulement après la sortie d’Arts Martiens. Semble-t-il que cet album serait le dernier… IAM est-il arrivé au bout du tunnel ?

Retour sur notre entrevue téléphonique où les langues se délient avec Shurik’n et Imhotep. Au lieu de clamer la fin de carrière d’IAM comme beaucoup, écoutons les artistes.

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Les médias annoncent que …IAM est votre dernier album. En creusant un peu plus, on se rend compte que vous êtes en fait en fin de contrat avec Universal. Qu’en est-il ?

Imhotep : Effectivement c’était notre dernier album contractuel, notamment Arts Martiens, c’était le dernier album. …IAM c’est un peu du bonus déjà qui a pu sortir parce qu’Arts Martiens a connu un certain succès qui a incité la maison de disque à sortir le deuxième volume. Concrètement, c’est effectivement notre dernier album contractuel chez Def Jam. Maintenant, c’est pas la fin de la carrière d’IAM vu qu’on est sur la route pour un an, un an et demi minimum, c’est pas non plus la fin du groupe et surtout pas la fin de sa capacité à créer de la musique et des albums. Pour rester optimiste, la porte n’est pas fermée, si ces deux albums ont du succès, je pense qu’inévitablement une compagnie majeure nous donnera l’opportunité de sortir un album supplémentaire. C’est juste un argument pour signaler le fait qu’effectivement c’est notre dernier album contractuel. On tient quand même dans le groupe IAM à travailler dans de bonnes conditions, avoir une bonne visibilité, une bonne force de frappe au niveau de la sortie, en termes de promotion, de marketing, en terme d’image. Pour continuer notre carrière de groupe, on tient vraiment à avoir le confort et les conditions de travail qu’on ne peut qu’avoir avec une maison de disque. Pour l’instant, c’est notre dernier album contractuel. Non pas parce qu’on veut s’arrêter ou parce qu’on n’a plus d’idées. Notre envie de créer est toujours là et est toujours intacte et voilà, c’est histoire de signaler à notre public qui nous suit depuis bientôt 25 ans qu’on arrive en fin de contrat et que nos prochains albums sont conditionnés par ceux qui viennent de sortir très récemment.

Pourquoi vous ne re-signeriez pas un contrat avec Def Jam Universal ?

Shurik’n : C’est pas nous, nous on dit pas qu’on ne veut pas, on arrive en fin de contrat et pour l’instant, à part sur scène, l’avenir discographique est incertain dans les conditions actuelles. Pour donner une image, on va dire que les albums IAM ont un certain clinquant, un certain cadre, une certaine structure, certains moyens qui permettent un certain type de communication, qui en « indé », pour l’avoir fait tous en solo, ça s’avèrerait très très difficile pour le groupe.

Imhotep : Pour être très précis, c’est pas qu’on refuserait de signer un contrat, c’est que pour l’instant, on n’a pas de proposition.

Shurik’n : Notre contrat date d’une époque qui a beaucoup évoluée, et notre contrat c’est un vieux contrat qui date d’une époque avec des conditions qui font qu’au jour d’aujourd’hui, peu de maisons de disque seraient aptes à les accepter. Les maisons de disque, elles veulent des contrats 360 où elles gèrent les artistes de A à Z, ce qui n’est pas notre cas à nous. On peut comprendre qu’ils émettent quelques réticences.

Vous aviez composé 43 morceaux pour Arts Martiens, pour n’en utiliser que 16. Voyez-vous …IAM comme une reprise de ces morceaux mis de côté ?

Shurik’n : C’est pas une reprise, quand on a choisi les morceaux d’Arts Martiens, on savait pas du tout qu’il y allait avoir un second album. On avait pensé qu’au niveau qualitatif, on avait de quoi faire mais encore une fois, l’industrie du disque ayant beaucoup changé, sortir avec un double album aurait été très difficile en terme de communication. Donc quand on a fait la sélection pour Arts Martiens, on n’avait aucune idée de ce qu’allait devenir les autres morceaux. On savait qu’avec Internet, on allait pouvoir en diffuser quelques-uns mais jamais on n’aurait eu l’exposition qu’on a avec cet album, qui est complètement tributaire du bon fonctionnement d’Arts Martiens. Si Arts Martiens n’avait pas rencontré le franc succès qu’il a rencontré, peut-être que Def Jam n’aurait pas accepté… Parce que c’est un cadeau cet album ! Il n’est pas sur le contrat donc c’est vraiment un bonus. Def Jam nous a fait un cadeau à nous, mais aussi à notre public. D’habitude tous ces morceaux là, ils passent à la trappe quand ils ne sont pas diffusés, on a eu plein de morceaux comme ça qui ont été amené à ne jamais voir le jour.

Justement, est-ce que tous ces morceaux que vous avez composés depuis le début de votre carrière sont passés à la trappe définitivement, où verront-ils le jour ?

Shurik’n : Y’en a qui sont trop vieux maintenant pour être ressortis, et ça aurait dû être le cas de ces morceaux qui composent le dernier album. Les gens auraient pu ne jamais les entendre. Là il s’avère que cette fois-ci, ces morceaux ont eu la chance de voir le jour, chance que n’ont pas eu d’autres morceaux sur les albums précédents.

Imhotep : Et puis il ne faut pas oublier qu’on est des artistes et que les albums sont produits par des maisons de disque et qu’en fait ce sont eux qui sont propriétaires de ces titres-là donc malheureusement, même s’il y a certains morceaux qu’on aurait aimé sortir ou qu’on aimerait sortir, la décision finale appartient au producteur. La volonté de sortir ces titres-là ne dépend pas de nous.

Pensez-vous qu’il y a eu une évolution dans votre plume, dans les thèmes abordés et dans vos instrumentaux depuis l’École du Micro d’Argent ?

Shurik’n : C’est difficile pour nous de dire si on a évolué sur tels morceaux ou sur tels albums. On s’est pas trop posé la question sur cet album-là. C’est vrai qu’on est revenu à une méthode beaucoup plus classique dans le sens où on a eu une composition/production avec Imhotep qui était beaucoup aux commandes et on a travaillé avec des samples. On s’est enfermé dans un grand studio avec plein de pièces. On a un peu transformé le studio en fourmilière. Chaque pièce était compartimentée : il y avait des pièces de production, des pièces d’écriture, ensuite il y a eu une pièce où on a commencé à faire certaines prises. Les conditions ont fait qu’on s’est remis dans une forme de travail qu’on avait plus eu depuis longtemps. On essaye toujours de faire différent, maintenant différent ça peut être moins bien, ça peut être mieux. Ce qui pour nous sonne différent peut paraître pour quelqu’un d’autre complètement classique. À la limite, nous on n’a pas le recul nécessaire pour ça. On travaille pour être différent, pour sonner différent.

Imhotep : Il y a une certain lien entre l’École du Micro d’Argent, Arts Martiens et …IAM parce qu’ils ont été mixé par le même ingénieur. Dans ces trois albums, on retrouve une unité de ton et de son qui est donnée par le mixage et par le fait qu’on a pu mixer à New-York.

Shurik’n : On a aussi recommencé à reconstruire des intro, à utiliser des atmosphères de films et le grand retour du DJ avec beaucoup de scratch, de voix « cuté », et ça c’est des choses qu’on retrouvait par le passé.

Vous parlez souvent de Marseille, de la discrimination en France, du système qui est pourri. Pensez-vous que vous influencez quelque chose avec vos textes ?

Shurik’n : Malheureusement non. Si on avait réussi cette prouesse, on s’en serait rendu compte mais on n’est pas naïfs, on sait très bien que nos écrits ne vont pas radicalement changer les choses mais par contre ils peuvent provoquer quelques déclics et soulever quelques questions. L’art quand c’est nécessaire doit prendre position.

Imothep : Malheureusement, on est assez lucides sur le fait qu’on ne peut pas changer le monde ou qu’on ne peut pas changer Marseille avec notre musique, avec nos chansons. On reste des artistes et à aucun moment on ne peut se substituer aux hommes politiques qui sont censés, eux, apporter des solutions. Ils sont nombreux et très bien payés et on compte sur eux pour améliorer le quotidien des gens.

Vous avez mentionné précédemment que vous partiez en tournée pour un an, un an et demi, aura-t-on la chance de vous voir à Montréal et au Québec ?

Imothep : On espère bien.

Shurik’n : En tout cas, on fait tout pour.

Imothep : Nous on attend que ça, on en reparle pour le printemps. Si on est invité, on viendra c’est sûr.

Shurik’n : Il n’y a pas de date pour l’instant mais on est en cours de calage.

 

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