Dead Obies

Entrevue | Dead Obies lance Montréal $ud au Cabaret du Mile-End

Plusieurs étaient impatients d’écouter le premier album de Dead Obies sous l’étiquette Bonsound. Les fans ne sont pas déçus de Montréal $ud, selon ce que laissait présager la foule présente au Cabaret du Mile-End mercredi soir.

Sorstu.ca a eu la chance de jaser avec le plus bavard des membres du sextuor montréalais, le barbu Yes McCan, tout juste avant le concert de lancement.

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Yes McCan a un souci de partager sa vision sur la société québécoise – et ça se ressent tout au long de Montréal $ud. « Dead Obies aide à rapprocher les communautés culturelles. On est six personnes d’orientations différentes, de communautés culturelles différentes – on se regroupe, et ça marche. À la base, là, il y a un message positif à faire ressortir de ça. »

Qu’en est-il du $ud $ale?

Yes McCan en a long à dire sur ce background, justement, et sur la relation des banlieues par rapport à la métropole. « Le ‘Sud’ désigne en fait le portrait que l’on se fait de la vie de banlieue, de la classe moyenne, qui est assez bucolique. On dit : « Ah, les régions, les arbres »… mais il y a un malaise qui est présent chez les jeunes, et quand tu es différent, tu ne fittes pas vraiment. Dans le Sud, c’est la vie de tomber dans le moule, d’écouter les nouvelles et ne pas broncher, de faire sa vie de 9 à 5. C’est assez existentiel comme question, et ça fait grandement partie de la composition de l’album.»

Un album cinématographique

La composition de l’album est d’ailleurs pensée sous forme de récit de l’arrivée en ville des Dead Obies. « Ça commence avec un sentiment d’oppression, clairement, une fuite. Dans Trafic, on ressent tout de suite le mécontentement, la manifestation (les extraits sont d’ailleurs issus de la grève étudiante de 2012), l’espèce de consumérisme nord-américain qui se frappe à un mur. In America fonctionne comme une plongée en cinéma où l’on va au coeur du problème.»

Photo par Pascal Leduc.

Dead Obies en finale des Francouvertes, en mai 2013. Photo par Pascal Leduc

« La première partie se passe vraiment dans la banlieue, dans le ‘$ud $ale’. Avec Dead Obies Express (DEO), on prend le transport en commun et on s’en va à Montréal, vers les idéaux, vers la grande ville cosmopolite. À ce moment-là, il y a une fuite dans les illusions, et on arrive à toutes les « party track » de l’album : What it is, Planète Roche, Friday Night.

« Ensuite, on en vient à la réalisation du mensonge qu’on a vécu et c’est le rituel Do or Die qui embarque : l’espèce de suicide qui vient défaire les conventions ou les idées préconçues qui ne te conviennent pas, pour mieux reconstruire ta vie.

« Le regard neuf arrive avec Black Cadillac – la renaissance – et Jeune Jé$us. Finalement, Tony Hawk, qui est très punk rock, c’est l’épiphanie, la libération, le « Fuck You I won’t Do What You Tell Me ».»

Assumer son franglais

Le style de Dead Obies peut surprendre à la première écoute. C’est que les six membres de Dead Obies ne font pas dans le rap, mais dans le post-rap. Et, oui, le groupe s’exprime en franglais – à la manière de plusieurs Montréalais, devraient-on répondre aux sceptiques.

Photo de courtoisie, par Martin Pariseau.

Photo de courtoisie, par Martin Pariseau.

Mais contrairement à ce que certains pourraient croire, le franglais de leurs paroles n’est pas pensé pour relancer le débat de la langue.

« On parle comme ça entre nous – on s’est seulement interrogé là-dessus lorsque les critiques l’ont soulevé. En fait, nos valeurs communes font qu’on a voulu faire ressortir le métissage qui est présent au sein du groupe. On ne prendra pas un français international pour chanter. Personnellement, ça m’énerve quand on ne chante pas comme on parle – ça ne me rejoint pas. Je suis à propos des vraies chansons qui parlent au peuple.»

Tout de même, Dead Obies met en lumière ce phénomène du français versus l’anglais dans Montréal $ud : la version pro-anglais en épilogue de Jé$us, et la version pro-français en prologue de Swish. «Avec ces « skits », on illustre une situation avec un 5 sec qui dit tout. Ça fait partie du feeling culte qu’on voulait donner à l’album. »

Attendez-vous à un retour assez rapide pour Dead Obies. Le sextuor est plus enthousiaste que jamais à l’idée de faire sa vie avec ses compositions musicales. Pour ce faire, Yes McCan tient à son mot de la fin, assez éloquent : « Achetez l’album! 9,99 $, c’est comme un trio chez Valentine! »

On court chez le disquaire. Merci Yes McCan!

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