Entrevue | Boogat lance Neo-Reconquista, un album de conflit et d’amour

Découvert du public québécois en 2013 avec le disque El Dorado Sunset, qui lui a valu 2 Félix à l’ADISQ, Boogat revient avec un album en espagnol porteur d’une voix qu’il s’est découverte et d’une musique latine unique. Neo-Reconquista était lancé ce mardi 5 mai au Théâtre Fairmount, où le public a eu droit à une performance « courte, mais intense ». Daniel Russo Garrido, de son vrai nom, a rencontré Sors-tu.ca pour l’occasion afin d’en dire plus sur sa nouvelle conquête.

Neo-Reconquista, ou la reconquête est un concept qui habitait Boogat depuis longtemps, mais qui n’a pris son sens que récemment. « En travaillant sur l’album, j’ai réalisé que c’était mon fil conducteur, que tout tournait autour du conflit. » raconte-t-il. La reconquête aux yeux de l’artiste, c’est aussi son retour à la composition après 5 ans d’arrêt, c’est l’envie que l’album soit symbolique pour chacun et ailleurs qu’au Québec, c’est le résultat de voyages et d’attachement à Montréal et Mexico, c’est aussi les questions identitaires qu’il se pose. Bref, « à partir de là, tout pointait vers ce thème », se souvient-il en ajoutant que le nom de l’album a plus d’une signification.

Une source d’inspiration inépuisable

Quand il parle de conflit, c’est à tous les niveaux, que ce soit personnel, économique, social, ethnique ou politique. Inspiré d’abord par l’origine du concept de la reconquête aux États-Unis dans les années 70, le chanteur explique par exemple que « la pièce Se Van traite de la gentrification, qu’El Lobo parle d’un conflit pur, d’un combat à mort et que Londres parle de l’uniformisation culturelle et de l’agriculture ». Des pièces comme En la Montaña, qui évoque les tam-tams sur le Mont-Royal et Me Muero Por Ti s’inscrivent davantage sous le thème de l’amour.

Londres faisait partie des pièces que Boogat et ses musiciens interprétaient sur la scène du Fairmount mardi soir, avec Pierre Kwenders. Parmi les collaborations sur l’album, le trio Heavy Soundz était ensuite présent pour Los Presidentes, une chanson à saveur politique dont on saisit la signification facilement même si on ne parle pas espagnol, tout comme En la Montaña. Le chanteur latino terminait avec Los Amigos de Mis Padres « qui parle en général de réfugiés politiques » en mentionnant au public que c’est de loin sa meilleure création. Il dédiait d’ailleurs cette pièce au « gens dont les parents sont immigrants » avec émotion, laissant le public sur une note touchante.

Un processus différent pour Neo-Reconquista

L’artiste compare l’écriture de ses albums précédents à un splash du peintre Riopelle, au sens où il écrivait spontanément et que « ça donnait ce que ça donnait ». Neo-Reconquista est pour Boogat le résultat de ce qu’il voulait vraiment dire. Pour donner un sens plus clair à ses chansons, il explique qu’il ne tente plus de « résumer un sujet », s’il tient à écrire sur quelque chose, il donne sa vision, mais souhaite que chacun en fasse sa propre interprétation.

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La réalisation de l’album par Jean Massicotte et la présence de musiciens sur chaque pièce font partie d’un nouveau processus créatif pour Boogat, qui pour la première fois, s’est isolé pour composer. Difficile de décrire le style dans lequel Boogat s’inscrit, issue du milieu hip-hop québécois, il a touché autant à l’électro qu’à la pop, en collaborant notamment avec Marie-Mai, qu’au genre latin auquel on l’associe maintenant. « Au final, dit-il, on ne s’y perd pas, mais c’est effectivement un mélange de beaucoup de styles, je décrirais ça comme de la musique latino moderne urbaine alternative. »

Boogat se renouvèle à chaque album et c’est encore le cas avec Neo-Reconquista, un disque avec lequel il a exploré de nouvelles avenues créatives. Après le succès d’El Dorado Sunset, l’artiste ne se fait pas trop d’attentes, mais croit que le public québécois adoptera Neo-Reconquista autant que l’album précédent. Si l’artiste qualifiait El Dorado Sunset des mots « migration, love and nightlife », c’est le conflit et l’amour qui décrivent Neo-Reconquista.


* Boogat sera en spectacle au Centre National des Arts d’Ottawa le 22 mai, puis au Festival d’été de Québec le 13 juillet. 

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