Entrevue avec Vianney | Retour sur son concert en octobre à Montréal et son nouvel album

Après avoir brillé aux FrancoFolies cet été, un concert à New-York, puis un autre à Québec, Vianney s’est emparé de L’Astral à Montréal en octobre dernier pour nous présenter ses mélodies tendres aux paroles couleur pastel, tout juste quelques semaines avant la parution de son tout nouvel album homonyme paru le 25 novembre dernier. Afin d’en découvrir un peu plus sur l’artiste, nous sommes revenus sur son expérience québécoise lors d’une petite entrevue téléphonique.

Sors-tu.ca : De retour en France désormais, comment as-tu vécu cette première tournée nord-américaine ? Est-ce que tu t’es senti bien accueilli par le public québécois ?

Je me suis vraiment éclaté au Québec. Quand j’ai joué aux Francos, il n’était pas du tout prévu que je revienne après, et puis finalement suite à cet événement, on a prévu de nouvelles dates parce que j’ai trouvé l’écoute québécoise franchement délicieuse. Quand tu chantes tes chansons en français devant des gens qui semblent touchés par le moindre mot, la moindre nuance de texte, des gens qui sont sensibles au jeu de la langue française etc. quand on perçoit ça en concert, c’est juste à tomber ! Je voulais vraiment y retourner et je n’ai pas été déçu par ces deux autres dates québécoises !

 

Quelles différences fais-tu entre le public français et le public québécois ?

C’est vraiment l’écoute ! Les Français veulent plus du fun, et ce n’est pas un défaut ! Ils sont bizarrement un peu moins sensibles au texte et ses rebondissements, ils ont moins la culture auditive de la guitare en France, alors qu’au Québec les moments d’improvisation guitare que je fais régulièrement sont reçus très différemment. Au Québec ils le sont avec un genre d’intérêt passionné, et ça je pense que c’est vraiment plus dans la culture, plus que chez nous.

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Photo par Marc-André Mongrain, aux FrancoFolies 2016.

Est-ce que tu envisages continuer sur ta lancée en poursuivant tes concerts au Québec ?

Je n’en sais rien à vrai dire. Je ne suis pas du tout venu au Québec dans le but d’une « opération séduction ». Mon truc c’est juste de vivre des bons moments, et de tisser des liens avec des gens que je peux y croiser etc. et avec toute l’équipe que je me constitue là-bas. Moi évidemment j’aimerais beaucoup multiplier les expériences au Québec mais après ce sera le petit luxe que je m’accorderai quand j’aurai un peu de temps pour y aller parce que franchement c’est un bonheur. Je sais que j’ai cette possibilité là de vivre des trucs géniaux au Québec, mais il se passera ce que les gens veulent bien qu’il se passe, je ne force jamais rien pour y aller.

 

Est-ce que tu avais des a priori avant de venir ?

En juin c’était la première fois que je venais sur le continent américain. Donc je suis vraiment arrivé comme un sou neuf, assez naïvement et innocemment, pour me faire ma propre idée. J’avais des a priori sur l’alimentation un peu différente de la nôtre (rire), à part ça, non.

 

On parle souvent de toi comme « le bon petit Parisien », est-ce que tu penses que cette image peut influencer ta carrière québécoise ? Est-ce que tu vois ça comme un atout ?

Je ne connais vraiment pas suffisamment les Québécois pour savoir si ça va les énerver ou leur plaire. Je n’en ai aucune idée… En tout cas c’est ce que je suis, j’ai grandi à Paris et j’ai envie d’assumer d’où je viens et d’en être heureux, j’espère ne jamais agresser qui que ce soit, ni imposer quoi que ce soit, les choses se feront naturellement je crois.

Photo par Marc-André Mongrain.

Photo par Marc-André Mongrain.

Parlons maintenant de ton nouvel album, Vianney, qui vient de sortir il y a quelques jours. La première chose qui me marque en l’écoutant, c’est surtout la recherche instrumentale dans l’orchestration, avec plus de solos instrumentaux notamment dans Le Fils à Papa, avec en plus un petit côté post rock. Est-ce que tu as voulu créer quelque chose de radicalement nouveau par rapport à ton dernier album ou plutôt poursuivre dans la continuité ?

vianney-p-410x410J’ai un tableau de base que j’imagine, et puis après je me suis laissé porté. Dans ma démarche d’écriture des chansons, rien n’a changé. J’ai vraiment écrit de la même manière, avec la même motivation. En revanche, il est certain qu’au niveau de l’habillage, j’entendais vraiment quelque chose où la voix et la guitare avaient des places plus importantes. Mon ambition était là : qu’on entende de l’organique, de l’instrument justement, beaucoup plus que de la programmation.

Quelles ont été tes influences « conscientes » pour réaliser cet album ?

Je suis influencé évidemment par plein de gens que j’adore, que j’écoute énormément comme Pierre Lapointe, Salomé Leclerc, Alexandre Poulin…  Je me laisse influencer par tous ces gens là. Quand j’écris par contre je n’ai pas conscience des similitudes.

Est-ce qu’il y a des chanteurs québécois que tu admires particulièrement ? Certaines chansons en particulier ?

J’aime énormément Pierre Lapointe et en particulier 27-100 rue des Partances, j’adore ses concerts, j’adore sa façon de jouer du piano, d’écrire, de chanter. J’aime aussi beaucoup J’ai quitté mon nid de Daniel Lavoie, et En dedans de Salomé Leclerc.

Dans ton nouvel album, on te sent plus engagé. Par exemple dans la chanson Quand je serai père, on perçoit ton inquiétude face au monde d’aujourd’hui. Quelle était ton idée ? Est-ce que tu voulais apparaître comme un citoyen militant ou simplement évoquer les idées qui te traversent en ce moment ?

J’ai fait un album pour moi, je ne cherche pas à paraître d’une manière ou d’une autre. Je ne pense pas du tout être ce qu’on appelle « un chanteur engagé, dans la tradition de la chanson engagée ». Moi je parle beaucoup d’amour, par contre oui, il y a des thèmes qui me touchent et dont j’ai envie de parler. Mais c’est le cas aussi du premier album, par exemple à travers la chanson Les gens sont méchants qui évoque le silence face à la pauvreté et au mal-logement. Il y a des choses comme ça qui me touchent et j’ai envie d’en parler, mais je ne pense pas que ça fasse de moi un chanteur engagé. Les gens peuvent dire ce qu’ils veulent, à vrai dire, j’adorerais être un chanteur engagé, mais je crois que ce n’est pas moi. C’est un fait. Dans mes chansons je parle beaucoup plus de déboires amoureux.

 

C’est donc beaucoup plus un album autobiographique. Est-ce que pour toi l’écriture de ces chansons apparaît comme une forme de thérapie ?

C’est entièrement autobiographique oui ! Disons que c’est le stade dernier de la thérapie. J’écris des chansons quand je vais vraiment bien ; quand ça ne va pas, j’attends d’aller beaucoup mieux pour pouvoir l’évoquer. Je fais un gros travail en amont, et la chanson est juste la petite cerise sur le gâteau, c’est ce qui coupe vraiment le cordon avec les histoires parfois malheureuses que je peux évoquer.

 

Dernière question concernant ton album, si tu devais retenir une chanson qui te représente le mieux actuellement, laquelle serait-ce, et pourquoi ?

Je pense que Le galopin, dernière chanson de l’album, me représente le mieux. Il  a y cette phrase dont l’idée était de clore l’album parce que c’est finalement tout ce que je suis : « s’inquiéter un peu c’est bien, mais se dire qu’on est bien c’est mieux ». C’est cet optimisme là qui me caractérise je pense.


 

Pour finir cette entrevue, quelques petites questions en vrac…

Le moment le plus marquant sur scène ?

Je pense que ça a été lors de mon tout premier concert, à Lille, en Janvier 2015, avec un public de cent personnes sur une petite péniche. C’était hyper émouvant tout simplement, pour moi à ce stade, pour la première fois de ma vie j’écoutais des gens qui chantaient mes chansons qui n’étaient ni de ma famille ni de mes amis. Un moment très fort !

 

Comment t’es-tu senti après ce concert ?

Chanceux, absolument privilégié.

 

Tu ne t’attendais pas à ça ?

Je ne m’attendais à rien…

 

Le coup de cœur cinématographique ?

Je vais être mauvais là-dedans… Je découvre les films hyper en retard … Hmm… Les Émotifs Anonymes, pour le jeu des acteurs et l’histoire racontée… Un film de grande sensibilité.

 

L’album qui t’as le plus touché en 2016 ?

Le dernier album de Damien Rice.

 

L’évènement qui t’as le plus marqué dans l’actualité de 2016 ?

Le moment où le prêtre de l’église de Saint-Etienne-du-Rouvray s’est fait égorgé au nom d’Allah.

 

Paris ou Montréal ?

Paris !!! Paris évidemment, c’est mon village, je ne peux pas renier mon village ! Et plus précisément, Porte de Saint-Cloud, c’est là où j’ai grandi.

 

Poutine ou Tartiflette ?

Tartiflette, mon organisme supporte mieux !

 

Après-midi neigeuse ou soirée pluvieuse ?

Neigeuse…. C’est plus poétique, plus charmant…

 

Bière ou Tisane ?

Tisane, je ne bois pas d’alcool !

 

Voix ou Guitare ?

Guitare

 

Écrivain ou Chanteur ?

Je rêverais d’être écrivain mais je ne suis que chanteur.

 

Vélo ou Moto ?

Vélo… Je n’ai pas de permis moto, ni d’auto d’ailleurs…

 

Un vœu pour l’année à venir ?

Que la France se choisisse un bon président !

 

Et un vœu personnel ?

Pouvoir vivre une tournée aussi épanouissante que celle que j’ai déjà vécue, tout en continuant à voir les miens et ceux qui comptent pour moi.

 

Quels sont tes plans pour la nouvelle année ? Des concerts dans d’autres pays ?

On a des dates toute l’année en France donc je ne sais pas … Je suis désolé ! J’ai du mal a me projeter au delà de six mois … Donc pour l’instant je sais que les six prochains mois on sera en tournée en France avec beaucoup de dates !

Une année donc bien remplie pour Vianney qui donnera son premier concert de 2017 le 25 février à Lille ! Année prometteuse pour ce jeune homme plein d’optimisme et d’amour à transmettre à son public !

Retrouvez la critique de son concert à Montréal par ici.

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