crédit photo: Marc-André Mongrain
La brèche

Entrevue avec Solène Paré | La brèche: là où le drame se cache

À pareille date l’an dernier, La brèche, pièce américaine écrite par Naomi Wallace, traduite par Fanny Britt et mise en scène par Solène Paré, devait fouler les planches d’ESPACE GO. Après une année d’incubation supplémentaire en raison de la COVID-19, la metteuse en scène s’ouvre à nous afin d’expliquer l’objectif derrière la pièce, son intérêt pour les personnages marginalisés et son expérience de résidence. La brèche sera présentée du 31 août jusqu’au 18 septembre.

«En lançant la saison [d’ESPACE GO] avec cette pièce-là, c’est comme de dire aux femmes qu’on ne les a pas oubliées; qu’on les a entendues.»

Solène Paré s’intéresse aux personnages marginaux et aux systèmes sociétaux dans lesquels ils évoluent. La brèche, pièce bien ancrée dans le mouvement du réalisme américain écrite par la poète, scénariste et autrice dramatique Naomi Wallace, est une fable sombre. Le récit se penche sur l’amitié écorchée de trois adolescents dans les années 1970. Les protagonistes feront un pacte qui changera le cours de leur histoire.

Dans le cadre de sa troisième et dernière année de résidence à l’ESPACE GO, la metteuse en scène s’avoue satisfaite du contexte dans lequel émergera sa plus récente création théâtrale. Selon elle, l’année d’incubation supplémentaire qu’aura vécue l’équipe de création attitrée à La brèche servira à rendre le tout d’autant plus riche: « C’est une pièce qui parle de la culture du viol, et l’année passée, on était doublement traumatisés, explique-t-elle. On sortait d’une première vague de pandémie et d’une deuxième vague de dénonciations du mouvement #metoo. On sortait d’un été où nos ami.e.s venaient de dénoncer nos ami.e.s. C’était très délicat d’aborder ce sujet-là. En lançant la saison [d’ESPACE GO] avec cette pièce-là, c’est comme de dire aux femmes qu’on ne les a pas oubliées ; qu’on les a entendues.»

Avec cette année d’incubation supplémentaire s’ajoute l’assouplissement des restrictions sanitaires, qui permettront à un plus grand public d’assister à la pièce. Une distance d’un siège entre chaque bulle sera de mise. Sur le plan de la mise en scène, il n’y a aucun changement majeur, même si l’état d’esprit de toute l’équipe est bien différent de ce qu’il était en 2020.

Dans La brèche, tout comme dans sa dernière pièce Les louves, Solène Paré s’intéresse aux « micros-systèmes d’oppression qui dénoncent le capitalisme puis qui nous démontrent comment les corps en sont affectés ». Artiste féministe, elle a comme but de mettre les femmes au premier plan sur scène, mais aussi dans ses équipes de création. Elle décrit le personnage féminin principal de Jude, joué par Ève Pressault et Valérie Tellos, comme étant mythique. «Elle n’est pas la victime parfaite à laquelle on s’attend, dit-elle. C’est un personnage qui est comme une sorte de monstresse qui a quelque chose de mythique. Elle est très orgueilleuse et toujours à la limite du raisonnable. » Dans La brèche, le drame n’est jamais là où on l’attend…

Lorsqu’elle mentionne ses années de résidence à l’Espace Go, Solène Paré ne dit que du bon : « C’est incroyable. Au départ, cette main tendue-là, je la trouvais un brin intimidante, mais juste assez pour être excitante. Pour moi, c’était un tout autre format de salle, c’est la plus grande salle dans laquelle j’ai travaillé. C’est une salle multifonction, une boîte noire en fait, donc ça permet des possibilités d’accrochage incroyables, et on peut vraiment réfléchir le rapport scène-salle comme on le veut. »

Elle avoue être exigeante envers ses interprètes, soit en leur demandant une partition corporelle précise. Une employée du Cirque Eloize travaille de pair avec un membre de l’équipe d’interprétation pour pratiquer un saut de l’ange d’une hauteur de 5 pieds. «Je suis reconnaissante de pouvoir développer mon art à son plein potentiel.», ajoute-t-elle.

La brèche est présentée à ESPACE GO 31 août au 18 septembre 2021. Détails et billets par ici.


* Cet article a été produit en collaboration avec ESPACE GO.

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