Simon Kingsbury

Entrevue avec Simon Kingsbury | Lancer sa ligne à l’eau

Après avoir pris part à différents projets rock, notamment le groupe Lac Estion, Simon Kingsbury est parti de son bord en 2010. Il  a sorti un EP en 2011 et lancera son premier album, Pêcher rien, ce soir (29 janvier) au Quai des Brumes.

L’album, qui au départ devait être beaucoup plus folk avec seulement une guitare, un piano et des percussions, s’est finalement avéré plus rock que prévu. Kingsbury s’est entouré de Jonathan Charette (guitares), d’Olivier Van Tessel (basse), et de Charles Blondeau (batterie et percussions). Finalement, il avait besoin de se défouler et de se vider le cœur plus qu’autre chose.

«Je parle de rupture amoureuse un peu c’est sûr, mais surtout du fait d’être désabusé par tout ce qui m’entoure. C’était vraiment deux années de marde que j’ai passées. (rires) J’étais toujours dans les bars. Je me crissais un peu de tout.»

Il aborde des thèmes durs tels que l’abus d’alcool et de drogues, l’autodestruction et les désillusions du monde. C’est un album libératoire qu’il assume totalement. On y découvre un artiste transparent qui s’affranchit de ses émotions. En ce sens, il considère que son album est un peu égoïste, tout en sachant que plusieurs personnes se reconnaîtront à travers ses chansons.

Quand vient le temps de décrire son disque, Kingsbury aime le comparer à l’album Pinkerton de Weezer. Comme quoi, c’est un album de déchirure, un peu sale et qui sonne gras; un album qu’on écoute fort et qui nous fait dont du bien quand on met le volume dans le tapis et qu’on essaie de chanter par-dessus.

Pinkerton, c’est un album qui n’est pas léché pantoute. Ça casse, ça crie! T’écoutes quand tu feeles pas tsé…  Mais là, j’espère que les gens écouteront pas juste mon album quand ils sont tristes quand même (rires).

Photo par Laurent et Laurent

Photo par Laurent et Laurent

Faire mouche

Pour ce qui est de son parcours, Kingsbury a commencé à jouer de la guitare et à chanter en apprenant des tounes de Nirvana dans sa chambre. Un jour, son ami Pierre Alexandre lui a demandé de chanter des chansons qu’il avait écrites pour sa blonde. Apparemment, il avait l’intention de lui donner ça comme cadeau de Noël, mais finalement elle l’a largué avant même qu’ils finissent d’enregistrer le EP.

C’était le début de Lac Estion. Simon Kingsbury estime que le fait de prendre part à ce projet-là lui a permis d’apprendre à composer et à chanter en français comme du monde. Un EP et deux albums plus tard, il délaisse un peu le projet pour se concentrer davantage sur ses propres compositions qui étaient alors plus folk et collaient moins avec le cap que prenait le groupe.

Au moment de composer Pêcher rien, Kingsbury écoutait beaucoup de Fred Fortin. Encore aujourd’hui, c’est un artiste auquel il s’identifie et par qui il se laisse influencer, surtout dans sa façon d’écrire. Les textes sont moins littéraires et plus parlés, voire presque familiers.

Je chante comme je parle. J’ai toujours trouvé ça important qu’on me reconnaisse quand je chante tsé.

Sinon, Kingsbury a aussi fait appel à Savia D. Fleury, question qu’il l’aide avec les textes et leur cohésion de façon générale. Fleury s’est donc penché sur son travail et les textes ont été retravaillés jusqu’à donner un résultat particulièrement solide duquel ils sont d’ailleurs très fiers.

Les textes sont toujours la dernière étape à laquelle il procède. Il fait toujours la composition d’abord, puis trouve les arrangements et une fois que la mélodie vocale s’est concrétisée, Kingsbury s’attaque aux textes. Il parvient alors à donner l’importance qu’il veut à chaque mot ou chaque syllabe.

On peut dire que le résultat  est concluant avec des mélodies à la fois pesantes et enivrantes qui s’harmonisent parfaitement aux paroles franches et au timbre chaud de sa voix.

Bien qu’il soit le seul auteur-compositeur, plusieurs amis de Kingsbury ont pris part au projet que ce dernier décrit d’ailleurs plutôt comme un band; un band qu’il apprécie particulièrement.

« Ce sont des amours ces osti là! La chimie est débile; en show on a même pas besoin de se regarder. »

Le lancement aura donc lieu vendredi le 29 janvier dès 21h00 au Quai des brumes. Simon Kingsbury a aussi un spectacle de prévu le 4 mars prochain à la salle Claude-Léveillé de la Place des Arts. Les dates de spectacles pour ce printemps et cet été seront disponibles bientôt.


Au sujet du titre Pêcher rien :

«Pêcher rien, c’est moi qui voulait sacrer mon camp de Montréal et de ses vices. J’avais le goût de m’en aller sur un lac pis de rien câlisser.

Sors-tu.ca : Mais pêcher rien est-ce que ça veut dire qu’il n’y a rien à pêcher ou juste que tu n’es pas un très bon pêcheur?

«Je suis définitivement un mauvais pêcheur. J’ai essayé de pêcher pour la première fois l’été passé au lac Vaudray à Rouyn. C’est plate en calisse! Après deux minutes sur le quai, la ligne en l’eau, j’étais tanné je trouvais ça tellement dull. J’étais pas bon pantoute, j’ai rien pêché d’ailleurs. Mais, au final, c’est pas tant le fait d’aller pêcher que d’avoir un prétexte pour t’en aller penser à rien, pis rester là. Que ça morde ou pas, c’ pas ben grave dans le fond. »

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