Entrevue avec Philippe Katerine

Philippe Katerine et ses potes du groupe Francis et ses peintres ont lancé récemment un album triple intitulé 52 reprises dans l’espace contenant une sélection hétéroclite de reprises francophones. Pour l’occasion, Katerine avait le goût de jaser au téléphone, alors pourquoi pas…

À pareille date l’an dernier, Sors-tu.ca avait rencontré Philippe Katerine alors qu’il était de passage à Montréal afin de promouvoir son album Philippe Katerine, qui contenait 24 chansons « comme il y a 24 heures dans une journée ». Un an plus tard, le voilà qui rapplique avec … 52 reprises, à raison d’une par semaine pendant un an.

Chaque semaine de 2010, les compères lançaient une reprise sur le web, dévoilant au compte-goutte le résultat de quelques sessions sympathiques organisées à l’improviste, au cours desquelles Katerine et Francis et ses peintres ont revisité la chanson francophone sous toutes ses formes. De succès récents comme Ça m’énerve (de Helmut Fritz) ou Sympathique (Pink Martini) à de vieux classiques tels Toute la pluie tombe sur moi (Sacha Distel) ou Capri c’est fini (Hervé Villard), tout y passe.

Le projet est parti de presque rien; de quelques rencontres amicales entre les deux entités musicales dans un studio sur le bord de la mer.

« Ce sont des amis depuis un certain temps, un groupe qui existe depuis une certain nombre d’années, sans moi. Moi, je suis un touriste. J’ai passé mes vacances avec eux. On avait commencé à ‘repriser’, en commençant par Le Douanier Rousseau (de La Compagnie Créole) et c’est comme si on tirait sur un fil. On a défait la pelotte de laine et ç’a fait un pull jacquard », explique-t-il au bout du fil.

Dans l’esprit du jeu, l’ensemble s’est doté de quelques règles de base qui permettaient le bon fonctionnement de l’expérience. « Je choisissais la chanson et on nommait un arrangeur par chanson. On se succédait à cette tâche. Ensuite, on les jouait ensemble en live, dans le studio, avec des partitions sans avoir pratiqué. Parfois, on rectifiait les choses, mais en gros, c’était comme ça, tout simplement ».

 

Choisir des chansons sous la douche

La sélection des titres – qui est pour le moins éparpillée! – provient aussi d’un processus des plus naturels.

« C’est sous la douche, lance-t-il sans hésitation. Je prends 1 douche par jour – c’est beaucoup, je sais – et y’a une chanson par jour qui me vient en tête et que je me mets à chanter. Parfois, c’est en anglais, ou indien ou arabe. Mais quand c’était en français, je la notais », explique-t-il avant de se lancer dans un cabotinage typiquement Katerinesque. « Ce sont des chansons qui me poursuivent, en quelque sorte… jusque dans la douche. De cette façon, j’essaie de me révéler, c’est l’histoire de ma vie. Il y a des chansons qui appuient un sentiment d’infériorité, comme La Boite de jazz (de Michel Jonasz), ou de supériorité, comme Déshabillez-moi (de Juliette Gréco)».

Le sujet de l’interprétation de titres typiquement féminins – Déshabillez-moi, bien sur, mais aussi l’étonnante version de DJ de Diam’s! – s’imposait à ce point-ci de la conversation.

« J’aime assez le travestissement, depuis quelques années. C’est vrai que chanter DJ de Diam’s, ça m’a révélé la femme que j’étais. Les brunes comptent pas pour des prunes (de Lio) aussi, c’était très bien. On se met dans la peau d’une autre, tu comprends. C’est comme un Mardi gras musical».

Tous les grands pays de la francophonie y sont représentés, et le Québec n’y échappe pas. Étrangement, c’est sur le duo Garou/Céline Dion, Sous le vent, que Katerine a arrêté son choix. Il l’a transformé en smooth jazz de fin de soirée, dépouillé à souhait. « C’est une chanson magnifique, j’adore la mélodie, exprime-t-il le plus sincèrement du monde. C’est un duo très arrangé, très produit, originalement. Nous, on l’a fait minimal, comme si on la chantait dans le désert. Quoi de mieux, c’est la liberté. Je chante seul, pour exprimer une solitude complète. Il y a quelque chose de déchirant, mais aussi désertique », analyse-t-il.

Katerine et son band ami ont fait quelques concerts avec cette formule de reprises, ce qui nous a rappelé que Philippe Katerine laissait entendre à l’automne 2010 qu’il viendrait sans doute jouer à Montréal, possiblement aux Francofolies, à l’été suivant… ce qui n’a pas eu lieu. « On n’a qu’à nous inviter et on viendra », lance-t-il du tac au tac… Le message est lancé aux organisateurs des Francofolies!

 

Philippe Katerine (avec Francis et ses peintres)
52 reprises dans l’espace

Liste des chansons
Source : Wikipedia

No	Titre	Durée
1.	Elle est d’ailleurs (Pierre Bachelet ; Jean-Pierre Lang – Pierre Bachelet, 1980)	2:50
2.	Il est vraiment phénoménal (Phénoménal Club ; Xavier Decanter/Michael De San Antonio/Philippe Dhondt/Plumo B 1997)	2:47
3.	L’idole des jeunes (Johnny Hallyday ; paroles et musique: Jack Lewis — adaptation : Ralph Bernet, 1963)	2:49
4.	Les yeux de ma mère (Arno ; paroles et musique : Arnold Charles Ernest Hintjens, 1995)	3:04
5.	Chacun fait (C’qui lui plait) (Chagrin d’amour ; Philippe Bourgoin – Gérard Presgurvic, 1981)	4:15
6.	Oh Oh Chéri (Françoise Hardy ; paroles et musique : Bobby Lee Trammell — adaptation : Gilbert Guenet et Jean Setti, 1962)	2:14
7.	Les brunes comptent pas pour des prunes (Lio ; Éric Verwilghen – Marc Moulin, 1986)	2:57
8.	Ça m’énerve (Helmut Fritz ; Éric Greff – Mohammad Sadeghin/Laurent Arricau, 2009)	4:39
9.	Tout le monde le fait (Ophélie Winter ; Ophélie Kleerekoper – Wayne Beckford, 2003)	3:30
10.	Toute la pluie tombent sur moi (Sacha Distel ; Hal David – Burt Bacharach – adaptation : Maurice Tézé, 1969)	3:26
11.	DJ (Diam’s ; Mélanie Georgiades – Pablo Beltrán Ruiz, 2003)	3:06
12.	Le cimetière des éléphants (Eddy Mitchell ; Claude Moine – Pierre Papadiamandis, 1982)	4:09
13.	Un lapin (Chantal Goya ; Roger Dumas – Jean-Jacques Debout, 1977)	3:07
14.	Je suis sex appeal (Jean Sablon ; …)	1:26
15.	Rectangle (Jacno ; paroles et musique : Denis Quilliard, 1979)	4:06
16.	Noël blanc (Bing Crosby ; paroles et musique: Israel Isidore Baline — adaptation : Francis Blanche, 1941)	3:40
17.	Ne partons pas fâchés (Raphael ; paroles et musique : Raphaël Haroche, 2005)	3:09