Miracle Fortress

Entrevue avec Miracle Fortress

À la veille du  premier concert de Miracle Fortress à Montréal depuis le lancement de son 2e album Was I the Wave il y a un mois, Sorstu.ca s’est entretenu avec l’homme derrière le projet : le musicien touche-à-tout et producteur montréalais Graham Van Pelt.

Tu t’apprêtes à prendre la route pour une longue série de concerts nord-américains dès juin, mais d’abord, il y a le concert au Torn Curtain, à Montréal demain soir.

J’aurais aimé profiter de l’été à Montréal un peu plus, surtout après avoir passé une grosse partie de l’hiver ici. Mais ça me va, j’ai hâte. Je suis excité d’aller présenter ma musique à l’étranger.

Le Torn Curtain n’est pas souvent utilisé comme lieu de concert ; il s’agit plutôt d’un édifice où plusieurs groupes underground montréalais pratiquent. Pourquoi avoir choisi ce lieu ?

Je n’y suis jamais allé, honnêtement. Je cherchais tout simplement quelque chose de différent.

Je n’aime pas vraiment jouer dans les bars, je préfère les endroits alternatifs où l’atmosphère incite davantage à écouter et apprécier la musique. J’ai déjà tenu deux « loft venues” par le passé. Quand t’as du matériel plus doux et d’autre plus bruyant à proposer, c’est agréable de pouvoir partager tout ça dans un endroit où tu n’es pas dérangé par les gens qui se commandent à boire et qui jasent bruyamment.


Pochette du nouvel album de Miracle Fortress

Ton premier album Fives Roses – qui t’as valu de bonnes critiques, une réputation enviable et une nomination au prestigieux prix Polaris en 2007 – empruntait une approche un peu plus indie rock, tandis que Was I the Wave ? navigue plutôt dans l’électro avec beaucoup de synthétiseurs. Qu’est-ce qui t’a poussé à prendre ce chemin?

Je souhaitais élargir mon répertoire. Ce n’était pas réfléchi, mais plutôt instinctif. J’avais déjà beaucoup expérimenté avec des rythmes programmés, de l’échantillonnage et des sons de synthé, mais j’avais envie de construire mes chansons autour de ça cette fois-ci.

 

Sur ton site web, tu décries le nouvel album en comparant les deux « côtés » de celui-ci, au lieu de parler de première moitié et seconde moitié. Était-ce intentionnel dès le départ de construire l’album à la bonne vieille manière « vinyle » ?

Oui, tout à fait. Et je crois que ce sera le cas dans le futur aussi.

Les disques vinyles comportent toujours 2 côtés de 18 à 22 minutes environ. J’aimais l’idée de travailler comme ça, en me donnant comme contrainte de monter 2 moitiés de durées presque égales et qui soient cohérentes en elle-même.

Quand je compose, je peux me perdre facilement et me retrouver hors piste complètement. Ç’a été très utile pour moi de me donner ces limites.

 

Les deux parties sont bien distinctes, esthétiquement parlant. On dirait que la première moitié de l’album est plus orientée vers les sonorités électroniques avec beaucoup de synthétiseurs et la voix semble être volontairement tenue à l’écart au mixage. Sur le deuxième “côté”, tes textes semblent plus assumés, la voix y est plus claire, à l’avant-plan. Il y a un contraste évident, par exemple entre Tracers et Miscalculations, sur le plan vocal.

Oui, pour le premier côté, j’ai travaillé davantage sur l’atmosphère, sur une ambiance spécifique pour les 5 premières pièces. Ça ouvre davantage en deuxième moitié, et je reviens un peu plus vers la guitare et la voix, sur quelque chose de plus pop, plus près de ce qu’on retrouvait sur Five Roses.

Ça s’est développé comme ça. En expérimentant, je me suis retrouvé avec 2 ou 3 chansons qui s’agençaient bien ensemble, et quelques autres chansons plus pop. Je n’arrivais pas à trouver une façon de construire un album cohérent en alternant d’un à l’autre.

 

Crédit photo: Nick Helderman

Au départ, Miracle Fortress n’était que toi en formule « one-man band » sur scène, puis tu t’es entouré d’une troupe complète de musiciens. Cette fois-ci, avec le nouvel album, tu reviens à un entre-deux, c’est-à-dire en formule duo avec ton collègue Greg Napier (de Think About Life, groupe auquel participe également Van Pelt) à la batterie. Est-ce que le groupe complet te semblait trop lourd à porter sur la route ?

Je n’ai jamais vraiment apprécié la formule band avec beaucoup de musiciens et d’instruments sur scène. Ça ne traduisait pas bien ni ma personnalité ni ma sensibilité que de transposer mon matériel en format rock.  Je l’ai essayé et ça n’a tout simplement pas fonctionné…

J’ai réalisé que ma zone de confort se trouve plutôt dans des shows à plus petite échelle, à dimension plus personnelle. Je m’amuse davantage sur scène lorsqu’il se passe moins de choses en même temps. Je me sens l’esprit moins chargé.

Tu te décris toi-même comme un gars de studio qui apprécie travailler seul. Comment parviens-tu à chasser ta timidité sur scène ?

J’utilise généralement l’ordre des chansons pour me mettre à l’aise : je commence avec des trucs plus tranquilles pour me calmer puis on bâtit à partir de là.

Je dois aussi accepter les limitations de chaque endroit. Je ne suis pas chez moi avec tous mes trucs et je n’ai pas le plein contrôle du son.

Mon expérience (à titre de claviériste) avec Think About Life m’a beaucoup apporté à ce sujet. C’est le premier groupe avec lequel j’ai joué sur scène, vraiment. Ça m’a permis de me décoincer, de prendre les prestations moins au sérieux et de vaincre le trac. C’est peut-être la seule chose que j’ai importée de Think About Life dans Miracle Fortress, mais c’est déjà beaucoup.

 

* Miracle Fortress sera en concert au Torn Curtain (au 6595a, rue Saint-Urbain) à Montréal le vendredi 20 mai 2011.

Vos commentaires