crédit photo: L.M. Chabot
Little Misty

Entrevue avec Little Misty | Comme dans les vues

« C’est une coïncidence », promet Kathryn Samman, moitié de Little Misty. Mais voilà que le premier album se son projet, simplement nommé Little Misty, sortira pile le jour de la Saint-Valentin.

Le disque n’évoque pas l’amour à la première écoute, mais sonne comme une première date au cinéma. Les neuf pièces de l’album s’expriment comme neuf vignettes, neuf courts-métrages assemblés par Kathryn Samman et François Jalbert. Il faut dire que cette année, la Saint-Valentin a lieu seulement cinq jours après les Oscars.

« J’y ai même pas pensé »

Mais tout ça, ce n’était pas prévu à la base. En fait, le projet même de Little Misty est né un peu par hasard. « C’est né d’un jam session entre François Jalbert et moi, ça fait un peu plus de deux ans, explique, au téléphone, Kathryn. J’avais un texte de chanson et ça me tentais de jammer avec lui. On n’avait pas d’attentes ou quoi que ce soit mais on s’est rendu compte très rapidement qu’on était capables de composer ensemble. »

Si la connexion s’est faite si aisément, c’est que les deux artistes ont des influences similaires, malgré leurs parcours différents. « On a vraiment un intérêt pour la musique bluegrass, le folk, la musique plus country, plus rock. On partageait déjà tellement de musique ensemble, qu’on se faisait écouter, que c’était facile d’être soi-même dans cette démarche. »

Road trip au sud de la frontière

Leur musique prend racine dans le sud des États-Unis. On l’entend dans la voix chaleureuse de Kathryn, dans les jeux de guitares acoustique et les quelques touches de banjo et de guitare pedal steel, instrument associé au country. Les harmonies à la fin de Rain Won’t Wait nous emmènent à des kilomètres de la métropole montréalaise, et les claquements de doigts qui s’accélèrent rappellent la pluie qui vient enfin rafraîchir la plaine.

Lorsqu’on lui demande à quel genre de film Little Misty pourrait servir de trame sonore, Kathryn hésite un peu, mais n’y voit pas de trame urbaine. « J’ai comme tendance à dire quelque chose qui serait dans la nature. »

À certains moments-clé, toutefois, le rock progressif britannique semble prendre le dessus, surtout quand les pièces s’allongent et que les structures des pièces s’éclatent. C’est le cas entre autres de The Path, qui est née de sessions d’improvisations et d’un désir de faire une chanson qui raconte une épopée.

« Chaque chanson a vraiment sa propre histoire, son propre univers : même faire le pacing de l’album, de mettre les chansons une après l’autre, c’était difficile, » explique la chanteuse en parlant de l’ordre final des pièces sur l’album. Elle avoue même qu’un interlude avait été pensé pour aider la transition entre deux pièces, avant d’être abandonné.

Les paroles d’abord

Malgré les envolées musicales, Kathryn croit que son projet Little Misty vit grâce aux mots qui surplombent les morceaux. « Ce sont les textes qui sont le moteur de la musique. »

Et ces textes, ils sont particulièrement personnels. C’est pourquoi un film basé sur Little Misty devrait miser sur de bons acteurs plutôt que sur des effets spéciaux à tout casser. « Ça tournerait beaucoup autour des relations humaines entre les personnages. L’album parle de maternité : je suis maman d’un petit garçon de quatre ans. Ensuite, il y a aussi la maladie mentale, le voyage… Je vois ça comme un film où il y a beaucoup de petites histoires qui se produisent. »

Le groupe ne compte pas sur une étiquette de disque pour les appuyer, mais a quand même réussi à faire imprimer des vinyles de l’album. C’est une information que dépose Kathryn Samman lorsqu’elle insiste pour parler du travail de Laurence Lemieux pour la pochette. À l’avant, on voit un collage mettant en scène une toute jeune Kathryn, debout sur un oiseau. À l’arrière, c’est un petit François sur une machine. « On voulait un artwork qui soit pas juste une photo de quelqu’un, mais on voulait être dedans. »

C’est donc dire que l’histoire de Little Misty s’écrit depuis peut-être beaucoup plus longtemps que les membres ne peuvent se l’imaginer. Et elle est toujours en train de s’écrire à chaque instant. Déjà, une page importante s’écrira le 13 février dans la salle de l’Ô Patro Vys sur Mont-Royal, alors que le groupe présentera son premier opus un jour avant sa sortie. Pour les mélomanes amoureux, ce sera l’occasion de s’offrir un cadeau de Saint-Valentin un jour à l’avance.

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